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DORNANE.

Parbleu, qui ne l'eft pas! Surtout parmi nous autres!
Meffieurs tes créanciers feront comme les nôtres.
Ils prendront patience. Ils font faits pour cela.
Ne va pas, en payant, nous gâter ces gens-là.
ARAMON T.

D'autant plus qu'ils ont fait avec vous leurs affaires.
DORNANE.

lls t'auront rançonné : ce font tous des Corfaires
MONROSE.

Quand tout cela feroit, j'en ai fubi la loi.
L'on ne me verra point réclamer contre moi
DORNANE.

Ah! fi tu veux payer, il faut te laiffer faire.
Mais cela ne conduit à rien; tout au-contraired
Ou tu veux t'acquiter par un nouvel emprunt,
Ou tu comptes beaucoup fur les biens du défunt?
MONROSE.

Point du tout, je vous jure : & j'ai tout lieu de croire
Que mon oncle, après lui, ne laiffe que fa gloire.
Il ne fut jamais riche : & tout ce que l'on dit
Ne fera qu'un faux bruit, qu'on répand à crédit.
Je crois que je pourrai conferver ce Domaine.
Que vous me connoiffez au fond de la Touraine ;
C'eft-là que pour jamais je m'enfevelirai.

DORNANE.

J'empêcherai ta fuite.

ARAMON T.

Et moi, je vous fuivrai

MONROSE.

Le deffein en eft pris, & j'y refterai ferme

Il faut s'éxécuter.

D-ORNANE.

Je n'entends point ce terme,
MONROSE.

Je veux me libérer.

D'ORNANE.

Te libérer ? Comment ?

MONRO.SE.

Pour payer, je vendrai jusqu'à mon Régimem

DORNANE.

C'eft te couper la gorge.

MONROSE.

Il le faut bien. Que faire ?

DORNANE.

Que deviendras-tu?

MONROSE!

Rien. Suis-je fi néceffaire?
Faut il, pour foutenir toujours le même état,
A mille malheureux emprunter mon éclat?
A l'abri d'une fauffe & coupable importance,
Les forcer de m'aider de leur propre fubftance,
Et braver à la fois mes remords & leurs cris ?
J'aime mieux n'être plus, que de vivre à ce prix

DORNANE.

C'est une extrêmité fâcheuse,

abominable.

Que diable ! au bout du compte elle n'eft pas tenable:

Je

Je voudrois bien t'aider, mais je ne fçais par où.
Mon fripon d'Intendant dit qu'il n'a pas un fou.
Mais qu'il en ait,ou non, il faut bien qu'il m'en donnej
J'ai promis une fête à certaine perfonne,
Que j'avois ménagée expreffément pour toi.
De plus, je te dirai.... Tu le fçais comme moi
Il femble qu'on avoit un préfage infaillible,
Qu'aux befoins d'un ami je ferois trop fenfible.
On m'a lié les mains: fans quoi .... Mais après tout,
Ne précipitons rien. Il faut voir jufqu'au bout.
La révolution me paroît un peu prompte.
Je le fçaurois. Je vais m'en faire rendre compte.
C'est encore un faux bruit que l'on aura femé.
Ne conclus rien avant que j'en fois informé.
Il va pour fortir.
MONROSE à Aramont.

Tu parois pénétré de mon malheur extrême,

ARAMONT.

Je ne le foutiens pas auffi-bien que vous-même,

MONROSE.

Il faut s'en confoler.

Y

ARAMONT.

Que nous veut le Marquis?

DORNANE revenant mysterieusement.

Je reviens. Quand j'y penfe..... Il faut tout mettre au

(pis

Nous vivons dans un fiécle où rien n'eft impoffible;
Où, bien-loin de fervir, le mérite eft nuifible.
C

Il pourroit arriver que, fans fçavoir pourquoi
La Fortune auroit pris un travers avec toi.
Tu perdrois à beau jeu. Mais en cas de disgrace,
J'entre dans tes raifons; je me mets à ta place.
Je fens que le dépit juftement irrité,
Ton honneur, en un mot, & la néceffité,
Malgré tous tes aniis, pourroient bien te réduire
A prendre le parti dont tu viens de m'inftruire :
En ce cas, je propofe un accommodement,
Qui nous arrangeroit tous deux également.

Parle..

MONROSE.

DORNANE.

Ton Régiment eft à ma bienféance. Pourrois-je de ta part avoir la préférence ?

MONROSE.

De tout mon cœur.

ARAMON T.

Oui: mais vous n'avez point d'argent,

DORNANE.

Parbleu, j'en trouverai.

ARAMONT.

Cet homme eft obligeant,

DORNA NE.

Pour un fi bon ufage, on n'eft point fans reffources.

Mes amis m'aideront...

ARAMONT.
Quidà.

DORNAN E.

Si dans leurs bourses

Je ne trouve pas tout, je ferai mon billet

Du furplus.

Da peut s'ajuster.

ARAMONT.

Un billet! je fuis votre valer.
MONROSE.

ARAMONT.

Mal.

MONROSE.

Je t'en laiffe l'arbitre

DORNANE.

Je te fuis obligé.

ARAMONT.

Ce feroit à bon titre.
DORNANE.

Pulque nous convenons, mon cher, en attendant,
Garde moi le fecret, de crainte d'accident.

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SCENE X.

ARAMONT, MONROSE,

ARAMONT.

LA propofition me paroît furprenante,

Et pour trancher le mot elle eft impertinente.
Quoi! de votre dépouille il veut s'accommoder?
Après vous avoir dit qu'il ne peut vous aider,
MONROSE.

Je ne vois pas d'où vient cette furprise extrême,
Dornane ne peut rien pour moi ni pour lui-mêmơi
Mais quand il s'agira de faire fon chemin,
Sa famille pour lors y donnera la main.

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