ARAMONT. Ce marché ridicule aura donc lieu ? MONROSE. Sans doute: Puifqu'il faut que je vende. Heureux dans ma déroute? ARAMONT. On pourroit s'en passer. MONROSE. Souffre que je te quitte. Je voudrois voir Arifte; & j'y cours au plus vite. N SCENE XI ARAMONT feul Ous n'avons plus qu'Hortence en cette extrê (mité. 'Allons hâter le coup que j'ai prémédité ; Portens au cœur d'Hortence une atteinte fatale; Faifons-lui redouter une heureufe rivale; Et puifqu'il faut, contre elle, employer ce détour, Armons la jalousie en faveur de l'amour. Fin du fecond Acte. J ACTE III SCENE PREMIERE. ARISTE, UN VALET. ARISTE au Valet. 'ATTENDRAI fon retour. Surtout, qu'on l'aver (tiffe, Sitôt qu'il rentrera. SCENE II. ARISTE fel. Faut-il que je ne puiffe Lui dire mon fecret? Monrofe eft étonnant A qui fa confiance eft un peu trop livrée... Il faut y fupléer, & ne nous point laffer: MONROSE. Oui, je fors de chez vous. ARISTE. Quel eft ce bruit fâcheux Ce qu'on dit, eft il vrai? Vous quittez le fervice? MONROSE. Je ferai malgré moi ce cruel facrifice.. ARISTE.. On vous prendroit au mot.. MONROSE. Je vends mon Régiment Afin de m'acquitter, Puis-je faire autrement? ARISTE. Peut-être, rien ne preffe encore; il faut attendre..... MONROSE. Attendre!... Quoi,Monfieur? Qu'ai-je encore à pré (tendre ? C'eft d'un autre que moi dont la Cour a fait choix. ARISTE. Sçavez-vous fi cet autre accepte? MONROSE. ARISTE. Ah! je le crois. Ou vous le fuppofez. Eft-ce une conféquence? A la Cour, & partout, que vous voulez quitter. MONROSE. Ce font mes ennemis.... ARISTE. Non; ce ne font point eux Il eft bien d'autres gens qui font plus dangereux. Ne croyez pas, Monfieur, que je taxe personne Dans ces réfléxions que je vous abandonne. Quand j'y penfe, entre nous, je vois préfentement Que l'amitié fe donne & fe prend aisément ; Elle eft, comme l'amour, hazardeufe & légere, Une conformité frivole & paffagere D'âge, d'état, d'humeur, & fur tout de plaifir, On peut me reprocher quelques momens d'yvresses La Fortune nous met un bandeau fur les yeux. |