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Au fecond Element ils ferment le paffage,
Et font ceffer l'effet de fes traits lumineux.

Le Verre, le Cristal, quoique durs & folides, Entre leurs petits corps ont des efpaces vuides, pores infinis qui s'ouvrent en tous fens, Où les Rayons fans obstacle perçans,

Des

Ont de les traverser liberté toute entiere ;
Tandis que l'Onde plus groffiere,

Les touche fans les penetrer,

Que le Vent même, & l'Air n'y peuvent pas entrer.

Quant à ces autres Corps qui fervent de barriere
A l'action de la Lumiere,

Et par 'qui les Rayons nous font intercéptez,
Ils offrent à ces traits qui leur font presentez
Des pores non fuivis, dont la Route confuse
Au Jour le paffage refufe,

:

Des embarras, des finnuofitez,

Où les brillans Rayons fe trouvent arrêtez.

ရာ

Une grande Forêt, fous le feuillage fombre,

Ainfi fait en plein jour regner la Nuit & l'Ombre,
Et du brillant Soleil nous cache les clartez ;
Ainfi fous des Berceaux compofez de branchages,
On évite l'ardeur des plus brûlans Etez;

Si le Jour s'introduit entre quelques feuillages,

D'autres rameaux encor viennent le traverser,
Et les traits arrêtez fous les épais ombrages,
Enfin ne peuvent plus paffer.

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Tandis que le Soleil luit pour le nouveau Monde Le nôtre est enfoncé dans une Nuit profonde. Enfuite nous voyons lever ce Voile épais, Qui de l'Aftre du Jour nous déroboit les traits. Tous les Matins la belle Aurore

Aux Objets éclairez vient rendre leur Beauté,
Dès qu'aux rives du Soir le Jour se plonge encore,
La Nuit fur nous répand l'Obscurité.

Tout fe fuit. Mais qu'enfin les Scenes renaiffantes
Raniment les Couleurs, foit fixes, foit changeantes,
Dans ce vafte Univers tout ce que nous voyons,
Ce n'eft que le Soleil, ce n'eft que fes Rayons.

N

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REFLEXION.

VOILA donc ce qu'en eux font tous les Corps fer

fibles

Qui produisent en nous tant d'effets differens,
Chauds, Froids, Liquides, Durs, Savoureux, Odorans,
Ceux dont le Son procede, & Ceux qui font Visibles.
Ce ne font que des noms donnez aux Sentimens
Qui nous viennent des Mouvemens

Ne void-il

De petits corps imperceptibles.

Au lieu de s'élever à l'Auteur Souverain,
Et de le reconnoître à ces pures Lumieres,
Ce peut-il que l'Esprit humain
S'arrête à des Ombres groffieres?
pas la main qui conduit l'Univers,
En tout ce qui nous environne ?
Inceffament inftruit par tant d'Objets divers
A fon aveuglement faut-il qu'il s'abandonne ?
On a beau regarder l'Or & l'Azur des Cieux,
Cette riche Splendeur n'attache point nos yeux;
On ne peut eftimer que des richesses vaines!
D'inutiles Tréfors aux Indes font cherchez ;
On court mille perils, on fouffre mille peines

Pour trouver ceux qui font cachez
Dans les Cavernes fouteraines;

On plonge au plus profond des Mers,
On iroit encor des Enfers

Percer les tenebreux abîmes!

Pour avoir ces faux Biens, pour leur poffeffion,
Luxe, Avarice, Ambition,

Ne craignent plus de Travaux, ni de Crimes!

Mais quand nous aurons même accoutumé nos Sens A voir avec plaifir les Objets innocens ;

Quand une heureuse conjecture,

Par un long Examen nous fera découvrir,
Ces moyens ignorez, dont fe fert la Nature,
Pour former tant d'Objets qu'elle nous vient offrir,
Que de tous ces Objets l'Etude eft imparfaite,
Si nous n'expliquons pas la liaison secrete,
Qui rend l'Esprit fenfible à leurs impressions.
Admirable sujet de nos Réfléxions!

Obfervant la Matiere, ou figurée, ou meue,
Et toutes les divifions

Qui font

propres à l'étendue,

Les Etres corporels peuvent s'imaginer.

Mais dans quel Sujet eft reçue

L'Action qui nous fait fentir, & raisonner?

Comment fera-t-elle connue ?

Des Tuyaux délicats, d'invifibles Refforts
Confondent-ils l'Ame & le Corps ?

Non, non, l'Ame mieux éclairée,
Elle-même se sent diftincte, & feparée.
Pourfuivons ce Projet noblement entrepris.
Achevons. Que dans mes Ecrits

Faffe

Cette Verité démontrée

approuver mon zele à de fages Efprits,

Et foit de mon Travail la Couronne & le Prix.

Fin du troifiéme Livre.

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