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Si tant d'Objets fans ceffe renaiffans, Avec réalité viennent fraper mes fens.

ရာ

L'Ame par eux pourroit être deçûe.
Et nos Songes fouvent ont dû nous avertir
Que rien ne prefentoit à l'Efprit, à la Vûe
Tant d'Objets qu'au dehors nous avons cru fentir.
Oui, fur tous ces Sujets je fuis encore en peine.
Cet Esprit feul Auteur de tout ce que je voi,
Par fa puiffance fouveraine

Ne peut-il pas fe plaire à se jouer de moi ?
Dans l'erreur du Sommeil peut-être qu'il me plonge,
Et de toute ma vie il ne me fait qu'un fonge.
Non, puifque c'eft un Dieu; que tout eft fous fa Loi;
Qu'il eft l'Etre parfait, ma frayeur est bannie;
Nul défaut ne fe mêle à la perfection,

Sa Bonté, fa Sageffe, & fa Gloire infinie

Ne peuvent s'accorder avec l'Illufion.

ရာ

Meditons à loifir fur fon divin Ouvrage.
Gardons-nous feulement de nous laiffer fraper
Aux premieres lueurs de quelque faulse Image;
Il ne nous trompe point, ni ne laiffe tromper
Ceux en qui la raifon des Sens regle l'Ufage;
Nos Craintes, nos Erreurs peuvent fe diffiper.

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Ces Esprits nonchalans qui fuivent Epicure,

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Qu'on veuille, difent-ils, nommer Destin, Nature, » Hafard, Efprit, ou Dieu ce qui meut l'Univers, N'eft-ce pas nous donner, fous tous ces Noms divers, » Une Caufe premiere également obfcure?

» Ce Dieu, dont vous vantez les Titres éternels,
» En eft-il mieux connu par les foibles Mortels?
Non, Epicuriens, votre impie arrogance
D'un Sophisme trompeur a faifi l'apparence.
C'eft la Grandeur de Dieu, c'eft fon Infinité
Que ne peut embraffer notre
notre Efprit limité ;
Mais rien n'est mieux connu que l'eft fon Existence,
Rien mieux fenti que fa Puiffance.

O vous, qui perfiftez dans votre aveuglement,
Qui du monde au hafard laissez le réglement,
Quand vous niez un Dieu, votre Raison rebelle
Reconnoît cependant une Effence éternelle ?
D'éternels Elemens vous formez tout fans choix
Sans dire qui commence à leur donner des Loix.
Vous difputez à Dieu la Sageffe immortelle,
Lorfque dans la Matiere, avec indignité,
Vous mettez une aveugle & fauffe Eternité!

Quand l'Esprit Créateur à vos yeux fe prefente, Vous érigez en Dieu la Matiere impuissante. On vous a demontré qu'elle eft fans action,

Qu'un autre Agent qu'un Corps donne l'impreffion,

Que tout vient d'un Esprit, feul Etre neceffaire
Qui feul meut tous les Corps, qui les Efprits éclaire.
On fçait qu'il eft ; c'est tout sçavoir.

Demandons-nous comment s'exerce fon pouvoir ?
Pour Lui c'eft agir que vouloir.

Par quel ordre veut-on que l'Univers commence ?
Quel Auteur peut-on lui donner

Qu'un Dieu qui contient tout dans fa grandeur immense, Que rien n'a precedé, que rien ne peut borner?

Si l'on ne reconnoît ce Principe fuprême,

Il faudra qu'un Néant du néant ait puisé
Ces Elemens dont tout eft compofé.

L'Infini pouvoit seul trouver tout en Lui-même.
Iroit-on hors de Lui rechercher vainement

D'où la Matiere a fon commencement ?

Rien ne

Il veut ; & dans l'inftant même

Il en voit l'accomplissement.

peut s'établir que fur ce fondement.

ရာ

Qu'il ait la Gloire toute entiere.

Quand fes divins Decrets marquerent le moment
De mettre dans un Monde & l'Ordre & la Lumiere,
Alors il a créé cette même Matiere

Dont il a fait l'arrangement.

Il est tout, il peut tout; en Lui font réunies,
Dans un Etat exempt de changement,

-Les Perfections infinies

Dont un parfait Bonheur fait le couronnement.

C'est là notre Principe. Efprit-Dieu, premier Etre Qui n'a point commencé, qui doit toujours durer, Qui par tout agiffant, fe fait toujours connoître, Et que l'on ne peut ignorer.

ရာ

De fes faux préjugez la Raison ramenée
Ne s'occupera plus à rechercher fans fruit
Comme on peut expliquer l'aveugle Destinée.
Qu'est-ce que le Deftin qu'un nom qui nous feduit?
Il eft vrai qu'une Cause à l'autre eft enchaînée,
Toujours l'une préfide à celle qui la fuit;

Mais remontant toujours, cette chaîne bornée
Jufqu'au premier Moteur à la fin nous conduit,
Par qui l'Univers fut produit.

L'Opinion Stoïque eft ainfi condamnée.

ရာ

Et d'Epicure auffi le Principe eft détruit.
La Nature au hafard feroit-elle entraînée ?

Le precedent difcours clairement nous inftruit
Qu'une Caufe toujours par l'autre eft gouvernée,
Par une anterieure elle eft déterminée,
Jufqu'à ce que l'Efprit fe trouve enfin réduit
A la premiere Loi de nulle autre émanée,

Par qui cet Univers fut créé, fut conftruit.

Ce qu'on nomme Hafard n'eft rien, ne peut rien être

Qu'un

Qu'un nom pour défigner ce qu'on ne peut connoître.
Et d'Effets en Effets, fans jamais s'arrêter,
A la premiere Cause il faudra remonter.

Contre ce Sentiment les Songes d'Epicure
Imaginoient un Vuide habité par les Dieux
Où leur Repos délicieux

Même craignoit d'oüir le mouvement des Cieux,
Et méprifoit le foin de regir la Nature.

Ils mettoient le bonheur de l'Immortalité
Dans la profonde Oifiveté,

Et laiffoient l'Univers aller à l'avanture,
Erreur injurieuse à la Divinité!

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Voudroit-on renfermer l'éternelle Penfée
Dans l'Indifference & l'Oubli?

Peut-elle être jamais, inactive ou laffée ?
Dieu veut ; & dans l'inftant tout fe trouve accompli
Ni rien ne coûte à fa Puiffance,

Ni rien ne voile à fon Intelligence

L'Ordre conftant par Lui feul établi ;

Dans fon Immenfité feconde

Que rien ne peut remplir, que rien ne peut borner,
S'il n'a point eu de peine à construire le Monde
En a-t-il à le gouverner?

C

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