combien il feroit neceffaire de les y faire

revenir.

Si nous fommes une fois bien attentifs à parcourir de la pensée les Etres qui nous environnent, & à remonter par degrez, de la Structure materielle du Monde à l'Etre fouverain, nous ne pourrons jamais rien concevoir de plus beau que ce Monde Ideal que chacun de nous fent former en foi-même. Socrate & fon divin Disciple l'avoient entrevu malgré les tenebres du Paganifme. Les premiers Peres de l'Eglife leur avoient applaudi Ce Monde intelligible,démontré aujourd'hui, nous fait voir par des traits fenfibles la liaison admirable du Corps avec l'Ame, & de l'Ame avec Dieu.

Que ce parti eft raifonnable! Et ne fera-t-on pas bien payé d'avoir employé toute fa vie à ces Méditations, fi l'on peut fincerement s'écrier:

AH! quand ces Veritez ne feroient pas fi claires; Quand nous nous flatterions de Biens imaginaires

Ne font-ils pas à préférer
A l'indigne abandon où l'on veut fe livrer a
Croire l'Ame materielle !

Aux plus vils Animaux vouloir fe comparer !
Baffeffe aveugle & criminelle ! :

Laiffons l'Impieté fe perdre & s'égarer;
A mon Etre divin je demeure fidelle.
Pour l'Homme quel plaifir de fe confiderer
Comme formé d'une Effence immortelle !

Au plus noble Deftin je pretens m'élever. Etre, Efprit immortel, quel Bonheur, quelle Gloire } O! que j'aime à le dire,& que j'aime à le croire ! A répeter toujours ce qui peut le prouver.

Confiderans reperi. Eccl. liv. 4. v. 7.

J

E crois devoir avertir que le mot d'Atome fe prend en deux fignifications. L'une dans le fens d'Epicure pour une partie de matiere infecable, & abfolument incorruptible. Dans l'autre fignification, qui eft du langage ordinaire, l'Atome eft pris indifferemment pour une petite parcelle de matiere, fans fonger à autre chofe qu'à fa petiteffe. Dans le premier fens je l'ai marqué en Lettre italique.

De même le mot de Corps eft équivoque il veut dire les petites parties dont un Etre eft composé, & cet Etre même compofé de petites parties.

L'Etendue veut dire la Matiere en general, & fignifie auffi la quantité particuliere, ou l'extenfion d'un Corps. Le Vuide auffi eft pris pour le Vuide abfolu, qui eft un des principes d'Epicure; ou dans la fignification com mune, pour une efpace rempli par des Corps que les fens n'apperçoivent pas.

Senfible de même fe dit d'un Corps qui peut toucher des fens, ou de l'organe qui en eft touché.

S'il y a d'autres mots pareils, la fignification en fera, ce me femble, aifément diftinguée.

De l'Imprimerie de JACQUE QUILLAU, tue Galande. 1716.

UNIV

OF

MICH