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les Poftes, cherchant lui-metme de jour & de nuit, les Troupes de Revoltez, dans les Bois & dans les Montagnes, encourageant les Milices, en leur donnant l'exemple de ce qu'elles avoient à faire, exhortant les Communautez fidelles à perfifter dans leur devoir, par l'ef perance d'eftre recompenfées, & menaçant les autres d'une ruïne totale,fi elles continuoient à favorifer les Rebelles par tout où il eftoit les Fanatiques n'ofoient rien entreprendre, mais il ne pouvoit eftre par tout.

M. de Bafville de fon cofté, donna des Ordonnances, qu'il prit foin de faire publier dans tous les lieux des Cevenes: par ces Ordonnances, il mit les Curez, les Eglifes, & les ançiens Catholiques, fous la garde des Communautez; enjoignant

A

aux Maires, aux Confuls, & furtout aux Religionaires, de veiller à leur fureté, & à leur deffenfe, à peine d'en répondre en leur propre il ordonna auffi aux Communautez, de faire dans tous les lieux, une recherche exacte de tous ceux qui, fans caufe legitime, s'abfenteroient de leurs Maifons, pour quelque peu de temps que ce pût être, & de l'en avertir auffitoft. Ces Ordonnances furent executées par tout, & à la rigueur: plufieurs Communautez firent leur devoir ; & on lui porta de tous coftez des Memoires de ceux qui s'eftoient abfentez de leurs Maifons: ce qui lui fervit dans la fuite, pour reconnoiftre, & faire arrefter plufieurs Scelerats, qui, fans cela, auroient demeuré incon nus, & impunis.

Par là, on arrefta, pendant quelque temps, les ravages des Fanatiques, parce qu'ils virent, que les maux qu'ils faifoient, retomboient fur leurs Freres, & que la plufpart des Scelerats cachez du pays, n'ofoient plus quitter leurs maifons, pour aller groffir les Troupes des Revoltez declarez, de crainte d'ef tre connus, & punis

Une chose fufpendit encore alors pour quelques jours la fureur des Revoltez. Ils furent avertis qu'à Geneve les Minif tres de cette Ville avoient declamé fortement dans leurs Pref ches, contre les malfacres qu ils faifoient dans les Cevenes: & il eft certain que cette fage Repur blique, quelque zele qu'elle air toujours eu pour les progrés de fa Religion, n'a jamais approu wé les rebellions des Religionai

res de ce Royaume; & a regar
dé, comme nous, avec horreur,
des excés où fe font portez les Fa-
natiques. Cet avertissement, qui
Jeur vint d'un lieu pour eux ref
pectable, fit d'abord ceffer les
massacres; & l'on jugeaquece fut
la veritable cause, pour laquel
le ils donnerent alors la vie à
quatre ou cinq Curez, qu'ils
avoient eu à leur difcretion
mais ils eftoient trop fols, pour
fe pouvoir corriger tout-à-fait,
& trop avides du fang des Pref-
tres,pour fe priver pour toujours
du barbare plaifir qu'ils trou-
voient à le répandre. Ils repri
tent bientoft leur ferocité lau-
vage; & leur cruauté, quelque
temps retenue, comme un tor
sent qui a emporté les digues,
devint plus furieufe, & fit plus
de ravages qu'auparavant.
Les meurtres, les pillages, les

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-incendies recommencerent : les Eglites, les Maisons des Curez & des Anciens Catholiques de Saint Andiol, de Moiffac, de Saint Martin de Saumane, de Sainte Croix, de Peyroles, de Saint Roman, de Gabriac, de Saint Marcel, de Saint Sebaftien, de Seyrargues, & de plufieurs autres lieux, furent expofées aux pillages, & aux flames de ces Furieux. On ne pouvoit plus voyager en fureté : par tout où il paffoient on ne voyoit que mazures fumantes&corps morts defigurez; & depuis le mois de Septembre, jufqu'à la fin d'Octobre, on compta quinze Eglifes brûlées, cinq Preftres & plufieurs Catholiques, maffacrez dans leurs maifons, & fur les grands chemins.

Je dois dire ici, que chaque aroupe de ces Scelerats avoir

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