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Voici quel eftoit ce Projet, ainfi que je l'ai copié fur l'Original.

On ne peut s'empefcher de reprefenter de nouveau, qu'il importe extrêmement de fe rendre maiftres des Cevenes. Si nos En nemis y avoient une fois jetté dix ou douze mille hommes, & qu'ils y fuffent fortifiez, il ne feroit plus poffible de les en chaffer, & ils rendroient prefque inutile tout ce qu'on pourroit faire dans la Plaines car de là, ils defoleroient tout le Pays. Auffi est-il aifé de comprendre, qu'ils ont fort à cœur la confervation de ces Montagnes1. Les deux Regimens de Milices qui y font difperfez, & qui peuvent faire en tout douze ou quin ze cens hommes, outre quatre à cinq Compagnies de Cavalerie quelques autres Compagnies d'Infanterie, qui font dans les Forts

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Alais & Saint Hipolite; y font des courfes, & des recher ches continuelles, pour tascher de furprendre les Fugitifs, de trouver les Armes qui peuvent eftre -cachées, & d'abattre le courage du Peuple. On dit bien que ces deux Regimens & ces Compagnies de Cavalerie quitteront bientot ce Pays-là; mais il y a bien appa rence qu'on ne manquera point d'y mettre de nouvelles Milices, qui auront ordre de faire inceffamment des détachemens pour intimider les gens du Pays ce qui fait s juger que ce Peuple ne fçauroit rien entreprendre, quand mefme on y envoyeroit des Officiers, fi on ne jette dans ces Montagneslà quelques Troupes, qui occupent un peu les Milices, & qui donnent aux Habitans du Pays le moyen d'agir. Si on y pouvoit jette deux mille hommes, ce feroit

une grande affaire ; autrement il faut tafcher d'y en jetter mille on, au pis, cinq cens hommes choifis, armez de fufils & de bayou nettes, parmi lefquels, il y eust wa bon nombre d'Officiers furnumeraires, des plus vigoureux, pour com mander les Gens du Pays. I faudroit que ce fecours entra dans les Cevenes an peu avant que l'Armée Proteftante en apprechaft ; & pendant que les Troupes de France feroient occupées dans la Plaine, à faire teste à ¿cette Armée - là, on pourrois es faire un détachement,&,en lear faifant faire un peu de détour, les faire marcher en diligence du cofté des Montagnes, pendant que l'Armée feroit du cofté du Rofne. On pourroit auffi les faire débarà l'entrée de la nuit, entre quer Montpellier & Ayguemortes, s'il Je pouvoit, on plus bas, du cofte

d'Aiguemortes ; & pour cet effet, s'informer avec M. Gautier, ou avec d'autres perfonnes de ce quartier-là, des endroits propres pour ce débarquement. De là on les feroit marcher toute la nuit du cofté de Calviffon, de làvers Canes proche de Vic, car proche de Canes, qui eft à cinq à fix lieuës de la Mer, il y a une petite Montagne couverte d'un bois affez épais, où ils pourroient s'arrefter un peu dans le befoin. De Canes, en traverfant une Plaine d'envi ron une lieuë, qui n'est presque pas habitée, ils pafferoient proche de deux petits Villages appellez Durfort & S. Phelix, eloignez d'en viron trois quarts de lieue l'un de l'autre, & dans le befoin, ils pourroient auffi fe jetter dans les Bois & fur de petites Montagnes. qu'on trouve tout le long de ce chemin-là de là, continuant à Су

prendre les Montagnes, ils pafferoient proche de la Salle, qui eft auffi à trois quarts de lieuë de S. Phelix,& pourroient aller du cofté de Saumane, à deux petites lieuës de la Salle, où ils pourroient, s'arrefters car là le Pays eft affez fort, & c'eft, à-peu-près, le cœur des Cevenes, où le Peuple fe ra mafferoit de tous coftez. Ce coup, Avec l'affiftance de Dieu, paroift un coup feurs car, pour peu de diligence qu'on fift, les Milices du Pays n'auroient pas le temps de feramaffer, pour s'oppofer au paffage de ceux qui entreroient. D'ailleurs des Gens qui attaqueroient vigoureufement ces Milices, &qui publicroient, que les gros de Armée feroit là, les diffiperoient facilement, quand le nombre de ces Milices feroit quatre fois plus grand que le leur. Il feroit pourtant bon de jetter d'abord dans les

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