France; & enfin, il s'attacha principalement à faire valoir fa reputation d'Homme d'honneur & d'Homme de bien, qu'il s'eftoit acquife dans ce Royaume, & dans les Pays étrangers. Quand il eut ceffé de parler, M. de Bafville prit la parole, & lui dit, que puifqu'il fe vantoit d'eftre Minifon lui demandoit, quel

tre, motif il avoit eu dans la conduite qu'il avoit tenue dans les Cevenes, & ailleurs. Il répon dit, que c'eftoit uniquement de deffendre la verité; & de fuivre l'exemple des Apoftres. M. de Bafville repliqua; en lui demandant, fi les Apoftres prefchoient la revolte contre les Puiffances que Dieu a établies', & faifoient des Projets contre elles. I répondit, que non, & qu'auffi il n'avoit jamais rien fait

ture,

de femblable. Sur cette réponfe M. de Bafville fift paroiftre l'original du Projet,&,en le lui mettant devant les yeux, il lui demanda s'il connoifloit cette écri& files Apoftres faifoient de pareilles choses. A la veuë de cette Piece, Brouffon, qui, jufques-là, avoit esté ferme, palit, & fe déconcerta ; &, aprés quelques momens de furprise, il prit le parti de nier fon écri ture, & de dire en tremblant, qu'il n'avoit point fait ce Projet. M. de Bafville, qui remar qua le trouble où il eftoit, fe contenta de lui dire, qu'au moins alors il n'îmitoit pas les Apoftres, qui ne mentoient point, &, qu'on avoit en main dequoi le convaincre, qu'il ne difoit pas la verité, quoique, la main levée à Dieu, il eust juré de la dire.

il

On lui fist auffiftot reconnoiftre les Ecrits qui avoient esté trouvez fur lui, pour fervir de Pieces de comparaison, & on nomma des Experts: Mais, com me la chofe eftoit trop visible au premieres Procedures reconnut fon écriture, & avoiia tout. Cependant ce qui s'eftoit paffé fur cela dans la Citadelle fut rendu public le jour mesme. Tous les Religionnaires furent détrompez, & apprirent avec étonnement, que leur pretendu Martir cher de garantir fa vie, avoit eu la confufion d'avoir ajouté inutilement le parjure au plus grand de tous les crimes.

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Enfin, il fut convaincu, d'à voir efté le principal Auteur des Déliberations de 1683. qui avoient excité tant de troubles, suiné tant de familles, & fat

répandre tant de fang; d'eftre rentré plufieurs fois en France fecretement, pour y foulever les Peuples par fes Difcours, & par fes Ecrits; d'avoir entretenu long-temps une liaison étroite avec Vivens, qui fe noirciffoit tous les jours de nouveaux affaffinats; d'avoir comploté avec lui de faire entrer les Ennemis dans le Royaume; d'en avoir écrit le Projet de fa propre main; de l'avoir envoyé aux Ennemis, , par Henri qui eftoit fon valet, & d'avoir eu, depuis ce Projet intercepté, des Conferences fecretes avec Huc, qui lui avoit efté envoyé plufieurs. fois par le Comte de Schomberg.

Il avoia tout, aprés avoir fait quelque legere tentative pour pallier les crimes, & fut condamné, tout d'une voix à la noue, qui est la peine ordi

naire des Chefs des Rebelles. Il eft vrai que, comme le plus grand de tous les attentats n'avoit pû eftre mis à execution, on lui accórda par un principe d'humanité, l'adouciffement qu'on juge quelquefois à propos d'accorder à ceux à qui l'on croit devoir épargner les plus cruelles douleurs de ce fuplice.

Ce Jugement fut executé le mefme jour. Il ne fe paffa rien de remarquable à fa mort, fi ce n'eft, qu'il déclara à l'Abbé Crouzet, qui l'affiftoit, que la feule chofe qu'il avoit à fe reprother en mourant, eftoit d'avoir fait le Projet de la Revolte des

Cevenes.

Ainfi finit ce Fanatique feditieux, lai:fant à la poterité un exemple terrible des malheurs où fe precipitent ceux qui se laissen. dominer pr un