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parc et Debrie), dont un rebuté, semblent beaucoup dans un intervalle peut-être de deux mois, surtout pour un homme qui en avait déjà deux autres dans le cœur (Miles Menou et Béjart). Il semble que ce changement de sentiments serait plus naturel si les circonstances s'étaient présentées de la manière que voici. En 1652, Molière était épris de Mlle Menou; celle-ci, jeune et charmante, pouvait prétendre à un cœur pour elle seule, et alors Molière, l'amant, l'associé de Madeleine Béjart, ne pouvait lui convenir. Lorsque l'Illustre Théâtre, en 1653, est sur le point de fermer ses portes, Duparc et Mile Menou l'abandonnent; ils vont à Lyon, s'y marient, et s'engagent dans une autre troupe. Peu de temps après Molière arrive à Lyon, l'autre troupe se dissout. M. et Mme Duparc, M. et Mme Debrie, se joignent à Molière; et alors ce dernier, désespéré d'avoir retrouvé Mlle Menou mariée, et l'air de bonté de Mme Debrie lui inspirant de la confiance, il confie ses chagrins à cette dernière; puis, quand il aura fait la distribution des rôles d'Andromède, il aura écrit Menou, suivant son ancienne habitude; le nom de Mme Duparc, qui était tout récent, devant lui faire mal au cœur.

Toutefois, deux objections peuvent être opposées aux conjectures précédentes: la première, c'est qu'il se trouve dans la représentation d'Andromède trois actrices inconnues; la seconde, c'est qu'il n'est pas prouvé que Duparc ait quitté l'Illustre Théâtre, à Paris, pour aller en province, vers 1653. D'abord, on répondra à la première objection, que Mme Duparc se nommant Anne, ne pouvait être Mile Magdelon ; ensuite que les Vauselle appartenaient à la famille des l'Hermite, ainsi qu'on le verra plus loin; par conséquent que Mme Duparc, si elle avait un rôle dans la pièce, ne pouvait être que Mlle Menou. Quant à la seconde objection, il est difficile de la lever, car on ne trouve à cet effet que de bien faibles raisonnements; les voici :

Duparc était de la troupe de l'Illustre Théâtre. Quand cette troupe devint celle de Molière pour aller à Lyon, en 1653, Duparc la suivit, et à l'arrivée de la troupe dans cette ville il était marié; voilà ce que les historiens ont rapporté. Un seul, et c'est l'auteur de la Fameuse Comédienne, dit que Duparc et sa femme se réunirent à la troupe de Molière, à Lyon, en 1653. Or, cet auteur, bien qu'il n'ait fait qu'un libelle, généralement semble avoir été mieux informé que beaucoup d'autres. La troupe de l'Illustre Théâtre ayant existé de 1645 à 1653, Duparc en aurait pu faire partie sans y avoir constamment demeuré; mais il n'y a qu'une chose importante à savoir, c'est, s'il en était vers 1653 quand elle se trouvait pour la seconde fois à

Paris. En 1645, la troupe de l'Illustre Théâtre s'établit aux fossés de la tour de Nesle, où elle n'eut pas de succès; elle passa au port Saint-Paul, il en fut de même; et alors, en 1646, elle partit pour la province. Il est peu probable que, dans une existence aussi courte et aussi malheureuse, les acteurs de cette troupe aient été remarqués et signalés. On comprend que l'on ait fait attention à Madeleine Béjart, qui en était la directrice; peut-être à son frère Jacques, qui jouait déjà depuis huit ans; à Molière, qui pouvait avoir quelque chose d'extraordinaire; mais il est peu probable que l'on se soit alors occupé des autres acteurs qui n'étaient que des débutants. En 1650-53, au contraire, la troupe ayant persisté pendant trois années à la Croix-Blanche, il est à croire qu'elle y eut du succès; de plus elle figurait dans les grandes représentations et même devant la cour, puisqu'elle servait d'auxiliaire à la troupe royale: d'où l'on conclut qu'à cette époque seulement Duparc fut remarqué, par conséquent qu'il était de cette troupe de 1650 à 1653 ou approchant.

Maintenant, quand et où s'est-il marié? Mme Duparc, à sa mort, le 11 décembre 1668, était l'une des plus jolies femmes et des plus recherchées de son temps; donc, en 1653, elle devait être fort jeune, et ne dut pas se marier de beaucoup avant cette époque. S'estelle mariée à Paris avant le départ de la troupe? C'est peu probable; car, si cela eût été, Molière, en arrivant à Lyon, en aurait eu déjà pris son parti, et n'aurait pas eu besoin de confier ses chagrins à Mme Debrie. D'un autre côté, il eût été inconvenant que Duparc épousât Mile Menou sous les yeux de Molière, son ancien camarade, presque son chef, et cette action devait même répugner à Mille Menou; on doit donc plutôt supposer que Duparc s'éloigna pour se marier, et que Molière, en arrivant à Lyon, frappé d'un coup auquel il ne s'attendait pas, ait alors cherché des consolations auprès de Mme Debrie. Telles sont les réflexions qui ont fait admettre le départ de Duparc pour Lyon avant celui de Molière. Du reste, on ne peut guère supposer que Duparc, tout en arrivant à Lyon, soit tombé subitement amoureux, et qu'il ait immédiatement épousé une femme dont il ne pouvait pas connaître le caractère; il est bien plus probable qu'il la connaissait depuis quelque temps avant son mariage.

Dans la liste des acteurs cités plus haut et qui devaient composer toute la troupe de Molière, il reste encore trois inconnus: de Vauselle, Mile Vauselle et Mile Magdelon. Les deux premiers étaient sans doute François Tristan-l'Hermite de Souliers et une maîtresse avec laquelle il vivait cet auteur, le rival de Corneille, suivant ses contemporains,

avait une conduite des plus déréglées, et probablement vivait dans les coulisses; mais il s'agit de savoir pourquoi il se nommait Vauselle.

Guillaume de l'Hermite, au quatorzième siècle, fut, dans la famille de ce nom, le premier qui prit celui de Souliers; ce nom appartenait alors à un bois. Son fils, Jean de l'Hermite, autorisé par une lettre du comte de la Marche du 20 mars 1424, fit construire dans ce bois le château fortifié de Souliers. Depuis lors tous les chefs de cette famille, en ligne directe seulement, prirent le nom de ce château, jusqu'à Pierre de l'Hermite de Souliers. Ce dernier eut trois fils qui portaient les noms de François de l'Hermite de Souliers, dit Tristan; Séverin de l'Hermite, tué au siége de Royan; enfin JeanBaptiste de l'Hermite de Souliers, dit le chevalier de l'Hermite, beaupère de M. de Modène.

:

François de l'Hermite, né en 1601, est toujours placé en première ligne par les biographes, ce qui donne à croire qu'il était l'aîné; mais comme la date de la naissance de Jean-Baptiste de l'Hermite n'est pas connue, deux raisons peuvent faire penser que les biographes se sont trompés, ou qu'ils ont placé François en tête à cause de sa célébrité, et faute de connaître la date de la naissance de Jean-Baptiste. Ce dernier porta toujours le nom de Souliers qui appartenait au chef de la famille. Son frère, François, se donna le nom de Tristan, qui sans aucun doute ne lui appartenait pas personne ne l'avait porté dans la famille depuis le fils du grand prévôt de Louis XI, et François de l'Hermite n'en descendait pas. Comme ce dernier n'était pas un fort bon sujet, ayant usurpé le nom de Tristan, on peut supposer, s'il n'était pas l'aîné de ses frères, qu'il en usurpa d'autres, tels que celui de Souliers. A l'article de Madeleine Béjart, on voit que la fille de Jean-Baptiste de l'Hermite se maria, probablement, en 1632, et d'après ce qui est dit à l'article de Mme Molière, il y a presque certitude qu'elle était mariée avant 1638. Si J.-B. de l'Hermite était le troisième frère, il n'avait pu venir au monde avant 1603; dès lors sa fille ne pouvait se marier en 1632, et même il fallait un cas assez rare pour qu'elle se mariât en 1637, puisqu'il n'y aurait eu que trente-quatre ans entre la naissance du père et le mariage de la fille. Donc, comme les hypothèses ne doivent pas se baser sur des faits exceptionnels, on regarde comme probable que J.-B. de l'Hermite était l'aîné de la famille. Ce dernier ayant fait des poésies, ayant pris le nom de Vauselle au baptême de Françoise de Modène, on a supposé qu'il était l'auteur de la Chute

de Phaëton, tragédie de l'Hermite de Vozelle. Mais bien des gens font des poésies, et fort peu des tragédies. J.-B. de l'Hermite s'adonnait spécialement à l'art héraldique; son frère, François, à la tragédie: donc on doit supposer, avec raison, que ce dernier fit la Chute de Phaëton. Quant au nom de Vozelle, qui est celui de l'auteur de la pièce, peut-être était-ce celui d'une propriété qui avait appartenų à la famille de ces messieurs, et que l'un et l'autre auront pris quand ils se trouvaient dans un faux pas, afin de ne pas compromettre le nom de Souliers: J.-B. de l'Hermite le prend pour le baptême de la fille naturelle de son gendre; F. de l'Hermite, pour se faire comédien. Enfin J.-B. de l'Hermite étant marié, père de famille, gentilhomme ordinaire du roi, et s'occupant d'un art étranger au théâtre, il n'est pas à croire qu'il se soit fait comédien; tandis que pour son frère François, garçon, auteur dramatique renommé et aventurier, c'était tout naturel. Cette hypothèse a d'autant plus de poids, que la Mort de Sénèque, tragédie de François de l'Hermite, suivant Tallement des Réaux, aurait été jouée à l'Illustre Théâtre l'auteur y était

acteur.

C'est en 1552 seulement que les auteurs dramatiques proprement dits commencèrent à écrire des pièces; jusqu'en 1634 on joua principalement en improvisant; mais à cette époque, après la mort de Gros-Guillaume, de Turlupin, de Gaultier-Garguille, et après la réforme que l'on fit alors à l'hôtel de Bourgogne, ce genre de pièces disparut peu à peu; toutefois une représentation de cette sorte fut encore donnée devant le roi en 1659. Il est donc naturel que les acteurs improvisateurs se soient mis à écrire des pièces sans cesser pour cela de jouer. Les auteurs et les acteurs ne durent devenir distincts qu'à la longue; d'où il est résulté, jusqu'à la fin du xviie siècle, que la plupart des auteurs étaient comédiens: voyez Baron, Beys, Brécourt, Chevalier, Champmêlé, Dancourt, Dorimont, Hauteroche, Lathuilerie, Montfleury, Poisson, Raisin, Villiers, etc. Magnon luimême devait être de la troupe de l'Illustre Théâtre à Paris et en province, ou devait tout au moins la suivre comme auteur, puisque c'est par elle qu'il fit représenter à Paris, en 1645, sa tragédie d'Artaxerce, et que, dans sa dédicace de Séjanus au duc d'Épernon, il rend grâces au duc de la protection qu'il accorda à Mlle Béjart, chef de cette troupe, quand elle fut à Bordeaux. Nécessairement il était là, car les représentations de la troupe eurent lieu dans cette ville vers la fin de 1646, et Séjanus fut imprimé en 1647.

Quant à Mile Magdelon, ce pouvait bien être Madeleine Dubouget,

enfant naturel, orpheline abandonnée, puis célèbre par son esprit, son talent, sa beauté, sous le nom de Mme Beauchateau : c'était la seule actrice connue de ce temps-là qui portât le nom de Madeleine, sauf Mile Béjart. D'une part, Mme Beauchateau était à l'hôtel de Bourgogne en 1634, par conséquent elle devait bien alors avoir vingt ans; d'une autre part, Mme Beauchateau brillait en 1660, et joua jusqu'à la réunion des troupes royales de 1680. Il est difficile de croire qu'une actrice ait joué pendant cinquante-six ans, et qu'elle ait été encore renommée pour sa beauté après avoir paru pendant vingt-six ans sur la scène : il semble que l'on pourrait bien admettre l'existence de deux dames Beauchateau, c'est-à-dire que Beauchateau, ayant perdu sa première femme, aurait épousé Mile Magdelon; dans ce cas les enfants de Beauchateau'eussent été du premier lit. Voici encore un fait qui vient à l'appui de l'hypothèse en question. On a trois portraits d'une jolie femme, dont la figure a les traits fins, un air spirituel, et qui portent l'indication: Mile Magdeleine Beauchateau. On a encore quatre portraits d'une autre femme, dont la figure a de gros traits, l'air commun, et qui ne devait pas être belle; ces quatre portraits portent : Mlle Henriette Beauchateau ou Mlle Beauchateau. Jusqu'à présent on avait supposé que cette Henriette était une sœur de Beauchateau dont l'histoire n'aurait pas fait mention; mais le document cité précédemment fait penser maintenant que ce devait être la première femme de Beauchateau. L'ancien usage d'appeler mademoiselle les actrices mariées répand beaucoup d'obscurité dans l'histoire du théâtre. Enfin, dans un portrait à l'huile, de grandeur naturelle, de Madeleine Beauchateau, qui la représente jeune et jolie à l'âge de vingt-cinq à trente ans, elle est habillée à la mode de 1660 ou environ; or, à cette époque, Mme Beauchateau, l'actrice de 1634, aurait eu au moins quarantecinq ans, ce qui ne peut convenir au portrait dont il s'agit.

En quittant Lyon, en 1653, on ne sait plus, pendant une année ou environ, ce que devint Molière; sauf que pendant ce laps de temps il alla donner des représentations à Dijon et à Montbrison, car on conserve des souvenirs de son passage dans ces deux villes; après quoi, il aurait repassé à Lyon, puisque Ragueneau y mourut. En 1654, à l'époque des Etats qui s'ouvrirent le 7 décembre, sous la présidence du prince de Conti, Molière alla à Montpellier, où il fit représenter le Ballet des Incompatibles. Dans ce ballet, imprimé à Montpellier cette même année, on voit figurer les gentilshommes de la suite du prince, désignés par leurs titres de noblesse, ou tout au moins par le titre de

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