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Mais quand cette seconde fille serait venue au monde, il est douteux que le comte de Modène, vu le peu de temps dont il pouvait disposer, puisqu'il était prêt de partir pour Cologne, ait pu, comme pour la première, accompagner Madeleine à Paris; et s'il l'eût fait de nouveau, il est probable, dans cette supposition, que l'on en aurait découvert l'acte de baptême; or, comme on ne l'a pas trouvé, on doit en conclure, s'il est arrivé une seconde fille, qu'elle sera née où Madeleine se trouvait. Mais Madeleine accouchant dans l'endroit où jouait la troupe dont elle faisait partie, la naissance de l'enfant devenait un fait parfaitement connu de tout le monde; tandis que la naissance d'Armande, tout au contraire, était un mystère pour les contemporains l'auteur même de la fameuse Comédienne n'en nomme pas le père, et pour que l'on ait accusé Molière d'avoir épousé sa propre fille, il fallait que la naissance d'Armande fût inconnue. En conséquence, on conclut de là qu'Armande n'est pas venue au monde en province, et comme elle ne semble pas être née à Paris, ainsi que l'on vient de le dire, il faut qu'Armande ait été la Françoise pour la naissance de laquelle on a pris des précautions mystérieuses.

On fera encore observer qu'Armande venant au monde dans l'endroit où Madeleine était avec sa troupe, son origine eût été tellement connue que les Béjart, à l'époque du mariage d'Armande, n'eussent jamais osé la faire passer pour leur sœur; pour qu'ils en vinssent là, il fallait que la naissance d'Armande fût un secret ou tout au moins un fait douteux. Enfin, si Armande était venue au monde peu de temps après Françoise, l'âge de cinquante-cinq ans, dont son acte de décès fait mention, serait encore faux.

Quand Molière fut accusé d'avoir épousé sa propre fille, plusieurs personnes essayèrent de le justifier, et prouvèrent qu'Armande était née avant que Molière n'eût connu Madeleine; or, leur connaissance se fit en 1645, donc Armande ne vint pas au monde cette année-là, mais auparavant : l'acte de naissance d'Armande étant inconnu, on ne voit pas quelle preuve on aura pu fournir, si ce n'est l'âge que l'on pouvait mettre sur la figure d'Armande, et dans ce cas il fallait une différence marquée; telle, par exemple, que celle qui existe entre une femme de dix-sept ans et une de vingt-quatre.

XX. - Dans une affaire qui se traita le 13 novembre 1676, on produisit un testament de Madeleine Béjart, par lequel elle charge P. Miniard, dit le Romain, de recueillir tout l'argent qu'elle pourra -laisser à sa mort, et, à mesure que la somme se trouvera de vingt à

trente mille livres ou plus, de l'employer à l'achat d'un héritage, c'est-à-dire d'un immeuble, dont le revenu sera remis à Gresinde Béjart; en outre, elle prie son frère Louis et sa sœur Geneviève, quand il y aura lieu, de nommer des experts pour choisir l'héritage que l'on devra acquérir. Madeleine ne dit pas si Gresinde était sa fille ou sa sœur, mais il est difficile de douter, d'après un tel acte. qu'elle n'ait été sa fille. Si elle était sa sœur, Madeleine déshéritait Louis ainsi que Geneviève, et, par conséquent, elle ne les aurait pas chargés de surveiller les intérêts d'Armande. De plus, si Armande était sa sœur, c'était sa rivale, et pour l'enrichir elle n'aurait pas déshérité un frère et une sœur avec lesquels elle avait toujours vécu dans une parfaite intelligence. On a dit que Madeleine avait remis trois mille écus à M. de Modène; probablement elle avait encore placé de l'argent ailleurs.

On voit par ce testament que Madeleine se méfiait des goûts dépensiers d'Armande; car il n'a d'autre but que de faire transformer sûrement l'argent comptant en immeubles. Par ce testament elle n'institue pas Armande sa légataire universelle, elle n'y parle d'aucun bien fonds, pas même de la Souquette, ce qui prouve, de rechef, qu'Armande était de droit l'unique héritière de Madeleine.

PRÉVOST (Marin) joua le rôle de LYCAS, suivant d'lphitas, dans la Princesse d'Elide, à Versailles, le 8 mai 1664. Cet acteur avait épousé Anne Brillard, ancienne actrice de la troupe de Molière en province. Le 29 novembre 1661, il en eut une fille nommée JeanneMadeleine-Gresinde; le parrain fut Molière qui, dans cette occasion, prit le titre de J.-B. Poquelin, valet de chambre du roi; la marraine, Me Béjart, qui s'y donna le nom de Madeleine-Gresinde. La distribution des billets, au bureau d'entrée du théâtre de Molière, était faite par une femme du nom de Prévost, dite la Provost, qui avait pris ces fonctions en 1662: d'où il est probable que la buraliste était la femme de l'acteur, c'est-à-dire, Anne Brillard. Chapuzeaux, dans le Théâtre Français, 1674, et dans la troupe française du duc de Savoie, cite un nommé Provost : il est probable que cet acteur était celui qui nous occupe.

SOISSON (Mademoiselle de). Parmi les portraits de cette actrice, il s'en trouve un au bas duquel il est écrit: « Mademoiselle de Soisson jouait les rôles de grande coquette au théâtre du Petit-Bourbon. » Une écriture manuscrite, d'une main inconnue, ne prouve pas grand'.

chose; cependant on s'est décidé à comprendre cette actrice dans la troupe de Molière; mais il est bien entendu que c'est à titre de conjecture, d'autant plus que le mot jouait indique que l'écriture n'est pas du temps où l'actrice était au théâtre: probablement le dessin est une copie, mais dont le papier est très-vieux. Il fait partie d'une nombreuse collection de dessins analogues, qui tous sont des portraits d'acteurs du temps de Louis XIII ou de Louis XIV.

APPENDICE

RENSEIGNEMENTS SUR LES PORTRAITS QUI ONT SERVI DE MODELE A MONSIEUR F. HILLEMACHER, POUR LA PUBLICATION de l'ouvrage INTITULÉ GALERie historique des PorTRAITS DES COMÉDIENS DE LA Troupe DE MOLIÈRE.

BARILLONNET (Mademoiselle) est tirée d'un dessin colorié à l'aquarelle, deux fois plus grand que la gravure, et qui la représente dans un rôle qu'elle aurait rempli à l'occasion d'une des grandes représentations de la cour. Ce portrait, choisi entre huit, est le seul profil que l'on ait de cette actrice, de sorte que l'on ne peut pas en vérifier l'exactitude; toutefois, en le comparant aux autres portraits qui sont de face, et dont la plupart ont entre eux une même ressemblance, on voit que le profil peut, ainsi que ces derniers, se rapporter à la même femme.

BEAUBOURG (Louise PITEL de Beauval, Mademoiselle). La gravure est une réduction à moitié, tirée d'un dessin à la plume rehaussé au bistre, choisi entre six portraits, ou costumes, de Mme Beaubourg; dans la gravure, la coiffure du modèle a été modifiée. On possède un second portrait de cette actrice, qui est du même genre, peutètre de la même main, et qui donne la figure de la même femme que celle du modèle adopté : la ressemblance est donc probable.

BEAUPRÉ (Mademoiselle Marotte) est tirée d'une très-jolie miniature à l'huile, sur argent, choisie entre quatorze portraits, ou costumes, de cette actrice. Dans le métal de la miniature se trouvent gravés le nom de l'actrice et la qualité que Robinet lui donne ainsi, on ne peut guère douter que ce portrait ne soit celui de Mlle Beaupré, d'autant plus que l'on en possède un second, d'un autre genre, dont la figure offre la même ressemblance.

BEAUVAL (Jean PITEL, sieur de), est tiré d'une miniature sur

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