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Ne vient point d'un Empire ufurpé, tyranni

que :

C'eft notre privilége & le droit fpécifique
Que nous donne fur toi notre Immortalité.

TU te plains, je l'avouë, avec quelque justi

ce,

Qu'il fe rencontre parmi nous;

De bizarres Efprits, inquiets & jaloux,
Qui, par orgeuil ou par caprice;

Te traitent trop indignement,

En te voulant priver d'Ame & de fentiment.
Mais les plus éclairés & les plus équitables
Reconnoiffent dans toi certaines qualités
A ta Nature convenables;

Et de fécrettes facultés

Qui dirigent tonAme en tonCorps organique, Par un pouvoir qui paffe un Jeu de Méchani

que.

N

LORS que Nous t'accordons cette proprieté
Tu ne dois pas en tirer vanité ;
Ni t'attribuer l'avantage

D'avoir, ainfi que Nous, la Raifon en partage.
La Naturę ne t'a donné

Que la Lumiére néceffaire

Pour conferver tes jours dans leur cercle

borné.

Mais notre Efprits'élève à la plus haute Sphé

re.

Et lors que tu prétens faire comparaison
De ta foible lueur avec notre Raifon,

On pardonne à ton ignorance.

che, entre Nous & Toi, quelle eft la diffé

rence.

TON Efprit d'induftrie eft toûjours limité, Et renfermé toûjours dans l'uniformité,

195.

Jouïr du bien préfent, eft ton objet suprême.
Tu ne peux, en penfant, réfléchir fur toi-mê-

me;

Et tu n'as, pour agir, ni pleine liberté;
Ni feulement la Volonté.

Quelle que foit ton Ame, elle est matérielle :
Les appétits des fens bornent fes fonctions,
Mais notre Subftance immortelle

Portè aux plus haut des Cieux fes contempla

tions:

Son heureux privilége & fon glorieux titre
Eft de jouïr du Libre-Arbitre.

C'eft cette Liberté qui, dans le Sens Moral;
N'affervit jamais l'homme, & le laiffe le maître
D'operer le Bien ou le Mal

Qu'il fçait difcerner & connoître :

Defon fublime effor les mouvemens divers

N'ont

pour bornes que l'Univers,

Notre Efprit émané d'une Lumiére pure

1

196 APOLOGIE DES BESTES:

Sonde les profondeurs, perce l'obfcurité
Des myftéres que la Nature

Ne veut pas profaner à ta brutalité.
Toutes tes actions qui ne font qu'animales,

N'ont que les Sens pour leur objet :

Tu ne peux mériter par le moindre fujet,
Le bonheur ni le prix de nos vertus morales.
Avec toi tout meurt, tout périt.

Mais après notre vie, une autre qui la fuit ;
Eft la récompense éternelle

De l'ufage des Dons de notre Ame immor
telle.

La fuprême Divinité

Ne fe découvre point à ton indignité.

Ceft l'Homme, l'Homme feul qui, fage &

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