페이지 이미지
PDF
ePub

les sables coquilliers, les graviers et les rochers constituent dans les zones du large, des fonds très favorables au développement des Bryozoaires eschariformes (Rétepores, Cellepores, Hornères etc. . . .); les fonds vaseux fournissent parfois quelques espèces, mais celles-ci doivent être considérées comme leur étant étrangères et comme y ayant été apportés par les courants.

Poissons. M. Robert Collett pour une part, M. Vaillant pour l'autre ont décrit les poissons de mes campagnes; leurs travaux me fournissent les notions suivantes pour ce qui regarde la question dont je m'occupe ici.

La région des Açores et les grandes profondeurs environnantes s'enrichissent d'espèces connues seulement dans les régions subtropicales de l'Atlantique. Par exemple: Scorpaena ustulata Lowe, Sebastes maderensis Lowe, Onus guttatus Collett, Macrurus æqualis Günther, Macrurus Güntheri Vaillant, Symphurus nigrescens Rafinesque, Bathygadus melanobranchus Vaillant, Xenodermichthys socialis Vaillant, Halosaurus johnsonianus Vaillant, Alepidosaurus ferox Lowe que l'on n'avait pas revu dans cette partie de l'Atlantique depuis sa découverte en 1833, et que j'ai pris à l'hameçon par 2480 m de profondeur. Un Barathrodemus et un Cyema atrum Günther me sont revenus de 4261 m et de 4360 m dans le chalut. La nasse a rapporté de 5285 m un Sirembo qui paraît nouveau. Je dois une mention spéciale au Simenchelys parasiticus. Cette espèce jusque là connue seulement de l'Amérique du Nord et par quelques spécimens pris au chalut, est celle que j'ai capturée depuis au plus grand nombre de stations, en plus grande quantité d'individus et suivant la répartition bathymétrique la plus étendue. Il est vrai que c'est toujours dans mes nasses qu'il s'est fait prendre.

J'ai obtenu ce curieux poisson dans 26 stations, la plupart situées autour des Açores, mais dont deux remontent jusqu'à 43o et 46o de lat. nord; et dans des profondeurs variant entre 758 m et 2620 m.

Une seule nasse en contenait 554 et une autre 1198 après un séjour en place d'environ 24 heures.

Mes recherches dans la Méditerranée, beaucoup moins étendues, m'ont permis de confirmer la misère zoologique de ses grands fonds. Pourtant j'y ai vu en grande abondance Centrophorus squamosus connu jusqu'alors dans l'Atlantique oriental seulement. Je l'ai obtenu dans. la région située au large de Monaco depuis la profondeur de 1474 m jusqu'à celle de 2465 m. Il en est revenu 89 ensemble dans une seule nasse.

Durant mes campagnes j'ai fait moi-même maintes observations d'après lesquelles il semble certain que les espèces marines, celles

VII. Int. Geogr.-Kongr. Thl. II.

21

du moins qui n'ont pas de vessie natatoire, s'accoutument aux pressions et aux densités différentes, beaucoup plus qu'aux températures. En 1890, j'avais déjà vu des poissons (Centrophorus squamosus) et des Crustacés (Acantephyra pulchra) monter de 1650 m dans la Méditerranée, au moyen de nasses et bien vivants; ces derniers, bien que partiellement paralysés, avaient même vécu plusieurs jours dans un bac. En 1899, je viens de remonter le Centrophorus squamosus et plusieurs crustacés non encore déterminés, d'une profondeur atteignant 2465 m toujours dans la Méditerranée; les uns et les autres présentaient respectivement les mêmes états physiologiques que ceux obtenus en 1890, de 1650 m. Or, la température est invariablement de 13° dans toutes les profondeurs de la Méditerranée qui dépassent 500 m, tandis que l'Océan ne présente pas ces conditions de température: partout, dans les régions profondes habitées par la faune dont je m'occupe, et où celle-ci est répandue sur une zone verticale relativement considérable, l'abaissement de la température offre une gradation excessivement lente.

Gruppe 11b. Oceanologie.

Sur le Muséum océanographique de Monaco.
Par le Dr. Jules Richard (Paris).

(Nachmittags-Sitzung vom 2. Oktober, Abthlg. B.)

Le 25 avril 1899 a eu lieu, avec une grande solennité et sous le parrainage de S. M. l'Empereur Guillaume II, la pose de la première pierre du Muséum océanographique de Monaco. S. A. S. le Prince Albert m'a chargé, comme futur directeur, de faire connaître aux membres du Congrès international les lignes générales et le but de l'institution qu'il a fondée.

L'idée première du Prince a été de fonder un établissement destiné à recevoir et à mettre en valeur les collections, plus spécialement zoologiques et très importantes, qu'il a réunies pendant les campagnes scientifiques qu'il poursuit depuis 1885 soit avec l',,Hirondelle" soit avec la ,,Princesse-Alice". Mais bientôt cette idée est devenue plus large et elle est traduite par le titre même de Muséum océanographique. C'est dire que le Musée n'abritera pas seulement les collections et les appareils particuliers du Prince, mais qu'il est destiné à contenir tout ce qui se rapporte à l'océanographie d'une façon générale. Ainsi compris le Muséum de Monaco devient une fondation unique, qui n'existe nulle part et qui par son caractère de généralité est appelé à présenter un intérêt considérable qui garantit son succès.

L'emplacement choisi par le Prince, sur le rocher de Monaco, est tel que les magnifiques jardins qui environnent le Musée ne subissent pas la moindre atteinte. La construction, orientée suivant une direction à peu près NE-SO, est allongée et en partie suspendue à pic audessus de la mer par des travaux d'art considérables qui donneront à la façade vue de la mer un aspect original et grandiose à la fois. Développé sur cent mètres de longueur, le monument comprendra. une partie centrale ayant 20 m de longueur sur 20 m de largeur, et de chaque coté de laquelle se trouvera une aile de 40 m de long sur

15 m de large. Cette disposition se présentera au rez-de-chaussée et au premier étage; ce dernier sera couronné par une attique située à pic à 75 m au-dessus de la mer. Sous le rez-de-chaussée il y aura encore deux étages inférieurs, éclairés très largement du côté de la mer et destinés à recevoir diverses installations, telles que laboratoires, salles pour la préparation des collections, bibliothèque, cabinets de travail pour plusieurs personnes, aquariums d'étude, logement du concierge etc. Le rez-de-chaussée et le premier étage seront spécialement affectés à l'exposition des collections diverses, et la partie centrale du rez-de-chaussée pourra néanmoins facilement devenir un salon d'honneur ou une salle de conférences.

L'arrangement adoptée est celle qui était commandée par la disposition du sol et c'est la plus avantageuse au point de vue de l'éclairage; il y aura partout profusion de lumière, qu'on pourra d'ailleurs diminuer à volonté.

Il me paraît inutile d'entrer dès maintenant, ici, dans de plus longs détails sur la construction. Il me reste à dire brièvement quels sont les objets destinés à y prendre place. Ce sont, en général, tous ceux qui se rattachent de plus au moins près à l'océanographie: les appareils qui servent aux recherches océanographiques et les résultats obtenus: flotteurs et appareils pour mesurer la force et la direction des courants; machines à sonder avec leurs accessoires et les échantillons qu'ils ont rapportés du fond; bouteilles variées destinées à prendre des échantillons d'eau, avec leur température, aux diverses profondeurs, de façon à permettre l'étude de leur densité et de leur composition chimique; appareils servant à étudier la pénétration de la lumière dans la profondeur, etc., etc. Viennent ensuite, destinés à capturer les animaux marins, les appareils dont plusieurs ont été imaginés ou modifiés par le Prince et ses collaborateurs: filets pélagiques divers pour la surface et la profondeur; dragues, chaluts, fauberts, nasses, harpons, engins de pêche divers et appareils qui servent à les manier, treuils, bobines, accumulateurs etc. Tous ces instruments et d'autres encore figureront en nature ou sous forme de modèles réduits.

Mais la partie la plus considérable du Musée comprendra les collections zoologiques dont on ne pourra vraiment apprécier l'importance que lorsqu'elles seront mises en valeur. Toutes les classes seront représentés, depuis les grands cétacés jusqu'aux infimes amibes. Les représentants de la faune profonde donneront surtout aux collections du Prince une valeur inappréciable; car les chaluts de la ,,PrincesseAlice" ont atteint jusqu'à plus de 5000 mètres de profondeur et les engins divers ont été traînés dans des régions variées, telles que la Méditerranée occidentale, l'Atlantique nord depuis les côtes, du Maroc

et l'Océan glacial arctique jusqu'au 80° de latitude nord, au-delà du Spitsberg.

Ces collections seront évidemment rangées dans l'ordre zoologique, mais en outre, pour faire saisir dans son ensemble la faune typique d'un niveau déterminé, on groupera les êtres qui la constituent et je pense qu'il y a là à faire une série intéressante de groupes comparables.

D'ailleurs, en dehors de la collection d'exposition, il y aura une collection d'étude, mise plus particulièrement à la disposition des spécialistes. Enfin des doubles seront échangés avec d'autres musées pour compléter autant que possible les séries du Muséum océanographique. Celles-ci, de plus, ne seront pas restreintes à la zoologie pure; il y a en effet beaucoup de préparation d'anatomie comparée dont l'exécution est indispensable. Ne faut-il pas mettre en évidence les organes spéciaux développés chez certains animaux des grands fonds tels que les appareils lumineux, ou le développement inusité d'organes sensoriels?

Un grand nombre de cartes et de graphiques compléteront la série des documents relatifs à la distribution géographique et bathymétrique des animaux, au relief du sol sous-marin, à la distribution des éléments océanographiques (densité, température etc.).

Les photographies et les radiographies intéressantes apporteront leur contingent, et il y a tout lieu de croire que grâce à l'installation d'aquariums d'étude, une série de recherches entreprises par des personnes compétentes augmenteront nos connaissances sur la biologie de l'océan. En dehors de la grande publication des résultats des campagnes scientifiques du Prince un catalogue illustré du Musée sera publié.

Je n'ai pu qu'indiquer brièvement l'esprit dans lequel sera construit et organisé le Muséum océanographique de Monaco. J'espère néanmoins vous avoir laissé une impression suffisamment précise. Actuellement la construction est déjà très avancée. Cette année verra s'achever les travaux d'art qui comprennent les deux étages inférieurs et l'édifice, ainsi amené au niveau supérieur du rocher de Monaco, s'élévera rapidement.

Je pense vous avoir convaincus que le Muséum océanographique, grâce à tous les éléments qui doivent venir s'y concentrer, sera une institution unique au monde. Ce sera là une œuvre durable et utile, qui couronnera dignement les travaux de S. A. S. le Prince Albert de Monaco pour qui tous les hommes de science éprouveront un profond et vif sentiment de reconnaissance.

« 이전계속 »