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Les Egyptiens tiroient de l'Éthiopie un marbre d'un gris noir, qu'on nomme aujourd'hui marbre noir antique. Ils le nommoient Balfates ou pierre de touche, parce qu'il fervoit à éprouver les métaux. Marcus Scaurus en fit faire des colonnes de trente pieds de haut, dont il orna fon palais. Vefpafien s'en fervit auffi pour faire la figure du Nil, accompagnée de celle de petits enfans, qui défignoient les crues & les décroiffemens de ce fleuve.

Le marbre appelé Porphyre, lequel eft d'un rouge foncé, marqué de petits points blancs, étoit connu des Anciens fous le nom de pierre de Numidie (lapis Numidicus). Le mot porphyre vient du grec Porphyra, pourpre. Procope nous apprend que les enfans des Empereurs d'Orient, qui naiffoient dans un appartement du palais Împérial de Conftantinople, incrufté de porphyre, étoient appelés Porphyrogénites.

Comme il y a un grand nombre de fortes de marbre, les Naturaliftes les ont renfermées fous trois efpèces générales, pour mettre un ordre dans leur connoiffance : favoir, le marbre d'une feule couleur, qui eft le marbre proprement dit ; le marbre panaché ou mêlangé, où les couleurs font une variété très-agréable, & le marbre figuré. On trouve beaucoup de ces marbres aux environs de Florence, dans la Heffe, &c. Dans les premiers on diftingue des tours, des mafures, des montagnes ; dans ceux de Heffe, des arbres, des buiffons, &c. Il y en a encore qui renferment des coquillages, des

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plantes marines,& d'autres dépouilles de la mer. On a remarqué que la pofition des lits ou bancs des maffes de marbre, font conftamment, dans les carrières, les mêmes que les pierres calcaires.

Il y a dans le marbre beaucoup de foufre & de bitume, & des parties métalliques ou minérales, fouvent mêlées & diffoutes avec les fels: de-là la liaifon & la finelle de fes parties: de-là le poli dont il eft fufceptible: de-là enfin la variété de fes couleurs & de fon éclat. C'eft affurément une des plus belles pierres opaques qu'on trouve dans la nature : mais ceci n'eft rien encore en comparaifon des pierres qu'on appelle fines. On appelle ainfi des cailloux à demi-tranfparents tels font les cailloux de roche, l'agathe, la cornaline, la fardoine, la calcédoine, l'opale, &c.

Les cailloux de roche font très-durs, & d'une teinte vive & belle. Ils ne font tranfparens que dans les parties les plus minces. L'agathe eft une forte de caillou ordinaire, ou pierre à fufil, qui ne differe de cette pierre que par fa couleur & fa tranfparence, car fa matière eft la même. Le nom d'agathe lui vient d'Achates, fleuve de Sicile, appelé aujourd'hui Drillo, fur les bords duquel on trouva les premières agathes.

Pline appeloit Sarda, ce que nous nommons aujourd'hui Cornaline. C'eft une agathe, qui eft ordinairement rougeâtre ou couleur de fang.. La Sardoine eft nommée la première des pierres dans l'Ecriture Sainte. C'eft encore une forte d'agathe demi-tranfparente, dont les couches

de différentes couleurs font arrangées en manière de cercles. On l'appelle auffi Pierre de Memphis, & on la trouve aux Indes, en Egypte & en Chypre,

On appelle opale une pierre dure, prefque entièrement tranfparente: elle eft ou d'un bleu laiteux, ou jaunâtre, ou noirâtre, ce qui fait trois fortes d'opales. Pine la connoissoit, & il en parle fous le nom de Faceros. Eile eft nommée la plus noble des pierres dans l'Apocalypfe. Nous lifons dans l'hiftoire qu'elle étoit eftimée des Romains; que Nonius, Sénateur, aima mieux être exilé de fa patrie, que de céder fon opale à Antoine, qui la lui demandoit; ce qui prouve combien l'opale étoit rare alors elle eft affez commune aujourd'hui on la trouve en Egypte.

Mais deux pierres fines qui étoient inconnues des Anciens, c'eft la tourmaline & la Turquoife. La première eft une pierre traníparente, d'un jaune verdâtre, obfcur, & qui n'eft connue en Europe que depuis 1717. Les turquoifes ne font autre chofe que des os petrifiés. C'est à M. de Réaumur qu'on doit cette découverte. Cependant J. Caffianus de Pallo faifoit des turquoifes artificielles avec l'ivoire foffile; & Henckel, fameux Chimifte, favoit colorer en bleu des os endurcis par leur féjour dans la terre. On pourroit conclure de-là que la turquoise eft une pierre fort commune point du tout, car Vallérius nous apprend qu'une turquoife, de la groffeur d'une noifette, vaut fept cents cinquante livres (1).

(1) Voyez le Dictionnaire raisonné univerfe! d'Hif

Les ouvrages fur les pierres précieufes font en très grand nombre, & cependant nous n'avons que de légères notices fur leur histoire. Théophrafte, dans fon livre intitulé de Lapidibus, & Pline, dans fon Hiftoire naturelle, n'ont fait qu'ébaucher cette matière, Robert Boyle a écrit auffi fur ces pierres, mais parmi quelques faits curieux, on trouve dans fon livre, comme dans celui de Pline, beaucoup d'inepties fur les qualités occultes, les vertus & les emblèmes des pierres précieufes. On a encore un Traité de ces Pierres par Cardan, écrit avec assez d'obfcurité, une Hiftoire des pierres précieufes, imprimée à Lyon en 1644; une autre histoire de ces pierres, (elle est écrite en latin) par Lang, & plufieurs autres ouvrages affez eftimés, de Jean de Lact, Joannon de SaintLaurent, Defalier-d'Argenville, Romé de 'Ifte, &c. C'eft dans les Mémoires de l'Académie de Cortonne, qu'on trouve les écrits de M. de Saint-Laurent, fous le titre de Differtations, lefquelles renferment des recherches fur la connoiffance des Anciens fur les pierres précieuses: & voici ce que ces Auteurs nous ont appris de plus important à ce fujet, relativement à cette Hiftoire des progrès de l'Efprit humain dans l'Hiftoiré naturelle.

C'est aux Modernes qu'on doit la méthode de la diftribution des pierres; car les Anciens n'en ont point connu. D'abord, celle qui a paru la plus naturelle, à été de les ranger fuivant leur dureté; ce qui fournit cet ordre : le diamant, toire naturelle, par M. Valmont de Bomare, art, Turquoife.

le rubis, le faphyr, la topaze, l'émeraude, la cryfolite, l'améthyfte, le grenat, l'hyacinthe & l'aigue-marine.

Sans blâmer cet arrangement, un Natura lifte moderne, M. Daubenton, a divifé les pierres précieufes en trois claffes. La première contient les diamans; la feconde les pierres orientales ; & la troisième les pierres occidentales. On appelle Pierres orientales, les pierres précieufes, qui peuvent fupporter un feu violent fans que leur couleur foit altérée; & les pierres occidentales font celles qui perdent en très peu de temps leur couleur, Le même Naturalifte prétend que le meilleur moyen de fixer la divifion des pierres, ainsi que leur, nomenclature, c'eft par leur couleur. A cette fin, il fait ufage des fept couleurs prin cipales du prifme, lefquelles forment les différens genres dans chaque claffe: les nuances donnent les espèces, Ce moyen de division est ingénieux, fans doute; cependant on eftime qu'il eft très-difficile dans la pratique, & que l'habitude & l'attention donnent une jufteffe de coup-d'œil fupérieure aux expériences du prifme.

Théophrafte, Pline, Boëce de Boot, &c. ont voulu expliquer la formation des pierres précieuses; & tous les fyftêmes, tant anciens que modernes, fuppofent que ces pierres ont été dans un état fluide, lequel eft devenu pierre par des cryftallifations,fuivant les mêmes laix qui s'obfervent dans les opérations chimi•ques pour la cryftallifation des fels. A l'égard de leurs couleurs, elles viennent des métaux,

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