L'âge insensiblement nous conduit à la mort. Les grands pins sont en butte aux coups de la tempête, des vents brise plutôt le faîte Et la rage Des maisons de nos rois, que les toits des bergers. C'est un objet de comparaison assez curieux que de voir précisément les mêmes idées renfermées dans le même nombre de vers, par le grand versificateur Despréaux. Qu'heureux est le mortél qui du monde ignoré, Qui de sa liberté forme tout son plaisir, Peut-être serait-il difficile de choisir. L'expression est certainement plus poétique dans les derniers; mais il regne dans les autres je ne sais quel abandon balancer l'élégance. qui peut La diction est plus soignée dans les vers de Maynard la langue s'y épure de plus en plus; mais ses vers plus travaillés n'ont pas le caractere aimable de ceux de Racan. On a de lui des sonnets et des épigrammes d'une bonne tournure et d'une expression choisie; mais il est toujours un peu froid. Si jamais on a pu appliquer particuliérement à quelqu'un ces vers de Deshoulieres, qui sont assez vrais de tout le monde, Nul n'est content de sa fortune, Ni mécontent de son esprit. c'est surtout à Maynard. Il loue sans cesse son talent, et même un peu au-delà des libertés poétiques, et se plaint continuellement du peu dé fruit qu'il en retira. C'est ce qu'on verra dans le sonnet suivant, qui peut d'ailleurs faire juger de sa maniere d'écrire dans le genre noble, et de la clarté, de la correction et de la pureté de ses vers. Mes veilles qui partout se font des partisans, N'ont pu toucher le cœur de ma (1) grande princesse, Et le Palais-Royal va traiter mes vieux ans Jamais un bon succès n'accompagna mes vœux, : Ses deux pieces les plus connues et les meilleures sont celles qui regardent le cardinal de Richelieu ; et malheureusement l'une est un éloge; et l'autre une satyre. Armand, l'âge affaiblit mes yeux, Par le beau récit de ta vie, I Mais s'il demande à quel emploi Que veux-tu que je lui réponde ? On sait la réponse du cardinal: rien ; et quelque tems après, Maynard fit le sonnet suivant, qui est d'un tour très-philosophique et vaut beaucoup mieux que l'autre, mais qui finit par un trait piquant contre le ministre qu'il venait de louer. fit Par votre humeur le monde est gouverné : Loin de la cour (1), dans mon petit village. Je trouve beau le désert ou j'habite, Fuir (2) l'éclat et devenir hermite. Je suis heureux de vieillir sans emploi, ร (1) Aujourd'hui ce ne serait pas trop la peine qu'un poëte remarquer qu'il vit loin de la cour; mais il faut se souvenir que du tems de Richelieu tous les poëtes étaient courtisans, excepté le grand Corneille. (2) Fuir était alors de deux syllabes. L'oreille apprit depuis à n'en faire qu'une. i Rien n'a fait plus de fortune que son épitaphe, devenue depuis la devise de convenance ou de nécessité, adoptée par tant de gens. Las d'espérer et de me plaindre Des muses, des grands et du sorts Sans la desirer ni la craindre. Sarrazin, écrivain faible et inférieur à ces deux poëtes, osa pourtant prendre en main la lyre de Malherbe, et en tira même quelques sons assez heureux dans l'ode sur la bataille de Lens. On a remarqué cette strophe, la seule qui en effet soit belle, et qui de plus a été imitée par l'auteur de la Henriadé. monte un cheval superbe, Voltaire a dit : Les momens lui sont chers : il parcourt tous les rangs |