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Cette description est rapide; mais elle est, si j'ose le dire, moins énergique et moins animée que celle de Sarrazin. Appelle les dangers ne me paraît pas aussi beau qu'appeler la guerre, et ce vers, par un fier hennissement, est un trait qui dans l'imagination acheve le tableau.

Gombaud et Malleville furent plutôt des écrivains ingénieux que des poëtes, surtout le premier, qui nous a laissé un recueil d'épigrammes ou plutôt de bons mots. Il est bien vrai que Boileau a dit :

L'épigramme plus libre en son tour plus borné,
N'est souvent qu'un bon mot de deux rimes orné.

Mais sans blesser le respect dû au législateur du Parnasse, osons dite. que cette définition ne caractérise guere que l'épigramme médiocre. Celle dont Marot a donné le modele, surpassé depuis par Racine et Rousseau, doit être piquante par l'expression comme par l'idée. L'épigramme a son vers qui lui appartient en propre, et ceux qui en ont fait de bonnés (ce qui n'est pas extrêmement rare), le savent bien. Gombaud ne le savait pas, et c'est ce qui fait que ses épigrammes sont oubliées.

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disait Boileau; et depuis ce tems elles n'en sont

pas sorties. Celle-ci m'a paru une de ses meilleures.

Gilles veut faire voir qu'il a bien des affaires :
On le trouve partout, dans la presse, à l'écart.
Mais ses voyages sont des erreurs volontaires ;
Quoiqu'il aille toujours, il ne va nulle part.

Malleville fut renommé surtout pour lé sonnet et le rondeau; mais il s'est mieux soutenu dans ce dernier genre que dans l'autre. Son fameux sonnet de la belle Matineuse, tant vanté lors du regne des sonnets, est fort au dessous de sa renommée. Il y a trop de mots et trop peu de pensées : celle qui le termine, tient de cette galanterie des poëtes italiens, dont la France reçut les sonnets vers le seizieme siecle, et qui comparent toujours leurs belles au soleil. La comparaison est brillante; mais elle a été usée de bonne heure; et long-tems avant Moliere, les valets de comédie s'en servaient. A cela près, le sonnet de Malleville n'est pas trop mal tourné, et de son tems il a pu faire illusion.

Le silence régnait sur la Terre et sur l'Onde;
L'air devenait serein et l'Olympe vermeil;
Et l'amoureux Zéphyr, affranchi du sommeil,
Ressuscitait les fleurs (1) d'une haleine féconde.

(1) Fin de vers traînante; l'inversion était'ici de nécessité.

L'Aurore déployait l'or de sa tresse blonde,
Et semait de rubis le chemin du Soleil;

Enfin ce dieu venait au (1) plus grand appareil
Qu'il soit jamais venu pour éclairer le Monde.

Quand la jeune Philis au visage riant,

Sortant de son palais plus clair que l'Orient,
Fit voir une lumiere et plus vive et plus belle,
Sacrés flambeaux du jour, n'en soyez point jaloux ;
Vous parûtes alors aussi peu devant elle,

Que les feux de la nuit avaient fait devant vous.

J'aime mieux, je l'avoue, son petit rondeau contre l'abbé de Bois-Robert, dont Richelieu avait fait un riche bénéficier et non pas un bon ecclésiastique.

Coiffé d'un froc bien rafiné

Et revêtu d'un doyenné
Qui lui rapporte de quoi frire,
Frere René devient messire
Et vit comme un déterminé.
Un prélat riche et fortuné
Sous un bonnet enluminé,
En est, s'il le faut ainsi dire,
Coiffé.

Ce n'est pas que frere René

D'aucun mérite soit orné,

(1) Il faut dans le plus grand. Au ne peut remplacer dans

le que lorsqu'il est question d'un licu.

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Bois-Robert est peint assez fidellement dans ce joli rondeau, hors un seul trait. Il est très-sûr qu'il n'était ni savant ni bon écrivain; mais il n'est vrai qu'il fût sans gaieté. Un homme qui faisait rire le cardinal de Richelieu, devait avoir le mot pour rire.

pas

Voiture et Benserade, les deux poëtes de la cour par excellence, dûrent aussi leur fortune à un esprit aimable et liant, et à des talens agréables. On n'ignore pas que le premier, d'une naissance très-commune, s'éleva par l'amitié des grands et la faveur de la reine-mere, à un assez haut degré de considération. Ses places et son crédit répandirent sur lui un éclat qui réjaillit toujours sur la réputation littéraire. La sienne fut une des plus grandes dont un homme de lettres ait joui de son vivant. On a reproché à Boileau d'en avoir été la dupe; mais il faudrait se souvenir aussi que dans la suite il restreignit beaucoup ses éloges : la postérité, encore plus sévere, les a réduits presqu'à rien. Ses lettres, autrefois si recherchées, et qui faisaient les délices de la cour et de la ville, ne sont plus lues que par curiosité, et comme on va

voir dans un garde-meuble les modes du tems passé. Cependant il faut convenir qu'il eut une sorte d'esprit qui lui était particuliere et qui devait le distinguer c'était un enjoûment quelquefois délicat et fin, qui contrastait avec l'emphase oras toire de Balzac et la galanterie fade et alambiquée des poëtes et des romanciers de son tems; mais chez lui l'affectation gâte tout, et ses succès mêmes servirent à l'égarer. On lui trouvait de l'agrément :. il voulut être toujours agréable, et cessa d'être naturel. Il se mit à raffiner sur tout, et à travailler son badinage et sa gaieté, qui dès-lors ne furent le plus souvent que de mauvaises équivoques, des quolibets, des pointes énigmatiques, un jargon précieux; enfin, il trouva le trouva le moyen de tomber. dans ce qu'on appelle le phébus, en voulant être gai, comme tant d'autres en voulant être sublimes. Il ressemblait à ces plaisans de profession, à ces bouffons de société, qui, se croyant toujours obligés de faire rire, pour deux ou trois traits heureux qu'ils rencontrent, se permettent cent sottises. Tel est Voiture dans ses lettres. A l'égard de sa versification, elle est lâche, diffuse et incorrecte, et souvent, prosaïque jusqu'à la platitude. C'est à lui surtout qu'on peut appliquer ces vers de Voltaire :

Il dit avec profusion

J. C Des riens on times redoublées.

I

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