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répartition fut toujours invariable, et n'eut jamais rien de précaire ni d'humiliant; dans la perspective encourageante d'une existence toujours la même et toujours distinguée, d'une vieillesse toujours aisée, paisible et honorée, trop juste récompense d'un long dévoûment; dans la discipline des maisons d'enseignement, qui commandait la régularité des mœurs, attribut indispensable de la profession d'instituteur; dans le goût du travail, résultat naturel de cette discipline et de l'esprit général de ces maisons de doctrine, et qui dédiait sans cesse de nouvelles productions aux lettres, aux sciences, à la morale, à la religion; enfin, dans ces solennités annuelles, dont la pompe innocente, enflammant l'imagition de la jeunesse, lui arrachait des efforts qui décelaient de bonne heure le secret de ses forces, et furent souvent les prémices du talent et du génie.

Ombres illustres, que j'aime à évoquer ici (car où pourrais-je les évoquer ailleurs?), voilà donc ce qu'ont anéantiles barbares du

dix-huitieme siecle, qui se sont nommés Philosophes! Autrefois vous aimiez à tourner encore vos regards sur ces écoles antiques où respirait votre génie, où vos noms étaient vénérés, où vos leçons étaient répétées. Aujourd'hui vous les détournez avec horreur et peut-être avec pitié ; et qu'y verriez-vous? des cachots, des solitudes, des dévastations. Ce n'est pas seulement la basse envie, l'envie aveugle et forcenée qui a voulu frapper tout ce qui l'humiliait : l'insatiable rapacité a cherché des dépouilles, même où il n'y avait guere de richesses qui fussent à son usage. Tout a été pillé, saccagé, enlevé, et des bandits qui ne savaient pas lire ont envahi les dépôts et les monumens de la science, ont mis à l'encan tout ce qu'ils avaient pris sans le connaître, l'ont vendu au nom de la Nation; comme si elle eût jamais avoué cette prostitution infâme, comme s'il pouy avoir en Europe une Nation qui fît sa propriété du brigandage, qui consentît à se nourrir de sang et de dépouilles, et à

vait

laisser mourir de faim ceux qu'elle n'aurait pas égorgés en les dépouillant. Brigands, qui avez spolié, mis dans les fers, torturé, traîné à l'échafaud les successeurs des Rollin et des Fénélon, gardez pour vous le salaire des crimes qui ne sont qu'à vous, et cessez au moins d'outrager la Nation, qui n'en a pas plus le produit que la honte, qui vous parle ici par ma voix, comme parlera l'Histoire, comme parle l'Europe entiere, comme parle quiconque n'est ni votre esclave ni votre complice. Mais qu'importe les plaintes? et où sont les réparations? Quelle puissance serait capable de remédier à tant de désastres, et de combler tant d'abîmes? Ah! si les hommes vertueux dont j'ai appelé les mânes, pouvaient aimer la vengeance, je leur dirais : Regardez ce qui a remplacé votre ouvrage; voyez ces efforts si multipliés et si impuissans pour bâtir sans aucune base, pour organiser le désordre et réaliser le néant; tous ces plans également stériles, tour-àtour préconisés et rejetés; ces généralités

chimériques, qui, en voulant tout embrasser, n'atteignent jamais rien; ces théories si follement ambitieuses et si complétement inexécutables, où l'orgueil des mots est en raison du vide des idées; ce charlatanisme puéril qui croit changer les choses en changeant les noms, et qui se retranche obstinément dans les spéculations de l'avenir, quand il est sans cesse repoussé par l'impossibilité actuelle. Voyez cette profonde et honteuse ignorance des premiers principes et des premiers élémens de toute éducation publique; ignorance portée au point de ne pas même distinguer et classer ce qui convient aux différens âges de l'homme, à l'enfance, à l'adolescence, à la jeunesse, à l'âge adulte; de confondre des académies avec des écoles, des rassemblemens des gens de lettres avec des maisons d'éducation; d'imaginer qu'il suffit de nommer des maîtres pour attirer des disciples; que l'on peut instruire et former des enfans et des adolescens sans aucun point de réunion habituelle et obligée, sans aucun

but marqué et distinct, sans aucun lien moral d'attachement et de respect entre les instituteurs et les éleves, sans aucun frein de discipline, sans aucun plan d'avancement; qu'on peut rétablir la morale si déplorablement avilie, l'inspirer et l'inculquer à des enfans, à des adolescens, avec des méthodes métaphysiques, sans aucune de ces notions religieuses, si naturelles pour ainsi dire à l'instinct de l'homme, les seules qui, réunies à des objets sensibles, aient une véritable autorité sur ce premier âge, parce qu'elles seules parlent à son cœur, et que le cœur devance nécessairement la raison; notions si essentielles et si sacrées, même en politique humaine, qu'en supposant (ce qui n'est pas) qu'elles pussent être inutiles à l'intelligence formée, elles seraient encore d'une indispensable nécessité pour ce premier âge, puisqu'incapable de raisonnemens abstraits, il ne peut et ne doit que croire, aimer et obéir. Voyez enfin toute la génération qui a eu le malheur de naître dans ces tems abominables, livrée

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