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Adore-les, te dis-je, ou renonce à la vie.

Je suis Chrétien.

POLYE UCT E.

FÉLIX.

Tu l'es! ô cœur trop obstiné!

Soldats, exécutez l'ordre que j'ai donné.

PAULIN I.

Où le conduisez-vous?

FELIX.

A la mort.

POLYE UCT E.

A la gloire

Chere Pauline, adieu, conservez ma mémoire.

PAULIN E.

Je te suivrai partout et mourrai si tu meurs.

POLYE UCTE.

Ne suivez point mes pas ou quittez vos erreurs, etc,

On trouve dans Garnier et dans les auteurs qui ont précédé Corneille, quelques exemples d'un dialogue coupé ; mais il ne suffit pas de répondre en un vers; il faut que le vers ait assez de sens et de force pour dispenser d'en dire davantage.

On reproche au dénoûment de Polyeucte la double conversion de Pauline et de Félix. La premiere ne paraît pas répréhensible : c'est un miracle, il est vrai; mais il est conforme aux idées religieuses établies dans la piece. La seconde est en effet vicieuse par plusieurs raisons; d'abord, parce qu'un moyen aussi extraordinaire qu'un miracle peut passer une fois, mais ne doit pas être répété; ensuite, parce que l'intérêt du christianisme étant mêlé à celui de la tragédie, il est convenable qu'une femme aussi vertueuse que Pauline se fasse chrétienne, mais non pas que Dieu fasse un second miracle en faveur d'un homme aussi méprisable que Félix.

La premiere question qui se présente sur la tragédie qui a pour titre Pompée, c'est de savoir quel en est le sujet. Ce ne peut être la mort de Pompée, quoique depuis long-tems on se soit accoutumé à l'afficher sous ce titre très-improprement, car Pompée est assassiné au commencement du second acte. Ce pourrait être la vengeance de cette mort si Ptolémée, qui périt dans un combat

à la fin de la piece, était tué en punition de son crime. Mais il ne l'est que parce que César, à qui ce prince perfide veut faire éprouver le sort de Pompée, se trouve heureusement le plus fort et triomphe de l'armée égyptienne. Cette conspiration contre César et le péril qu'il court forment donc une seconde action, moins intéressante que la premiere; car on sait quels éloges unanimes les connaisseurs ont donnés à la scene d'exposition, qui montre Ptolémée délibérant avec ses ministres sur l'accueil qu'il doit faire à Pompée, vaincu à Pharsale, et cherchant un asyle en Egypte. On ne peut pas commencer une tragédie d'une maniere plus imposante à la fois et plus attachante; et quoique l'exécution en soit souvent gâtée par l'enflure et la déclamation, cette ouverture de piece, en ne la considérant que par son objet, passe avec raison pour un modele. Des scenes d'une galanterie froide et quelquefois indécente, entre César et Cléopâtre, ne sont qu'un remplissage vicieux qui acheve de faire de cette piece un ouvrage trèsirrégulier, composé de parties incohérentes. Les caracteres ne sont pas moins répréhensibles. Le roi Prolémée, qui supplie sa sœur Cléopâtre d'employer son crédit auprès de César pour en obtenir grace de Photin, est entiérement avili, et quand

la

Achorée dit, en parlant de sa contenance devant

César :

Toutes ses actions ont senti la bassesse :

J'en ai rougi moi-même, et me suis plaint à moi,
De voir là Ptolémée et n'y voir point de roi,

il fait en très-beaux vers la critique de ce caractere. César, qui n'a vaincu à Pharsale que pour Cléopâtre, et qui n'est venu en Égypte que pour elle, est encore plus sensiblement dégradé, parce que c'est un des personnages dont le nom seul annonce la grandeur. Cléopâtre, qui parle d'amour et de mariage, en style de comédie, à César qui est marié, joue un rôle indigne d'une princesse. Cependant la piece est restée au théâtre malgré tous ses défauts, et s'y soutient par une de ces ressources qui appartiennent au génie de Corneille, par le seul rôle de Cornélie. Il offre un mélange de noblesse et de douleur, de sublime et de pathétique, qui fait revivre en elle tout l'intérêt attaché à ce seul nom de Pompée. Il ne paraît point dans la piéce; mais il semble que son ombre la remplisse et l'anime. L'urne qui contient ses cendres, et qu'apporte à sa veuve un Romain obscur qui a rendu les derniers devoirs aux restes d'un héros malheureux; l'expression touchante des regrets de

Cornélie et les sermens qu'elle fait de venger son époux, les regrets mêmes de César qui ne peut refuser des larmes au sort de son ennemi, répandent de tems en tems sur cette piece une sorte de deuil majestueux qui convient à la tragédie. La scene où Cornélie vient avertir César des complots formés contre sa vie par Ptolémée et Phorin, est encore une de ces hautes conceptions qui caractéri sent le grand Corneille, et rappellent l'auteur des Horaces et de Cinna.

On sait qu'il leur préférait Rodogune. Il n'a pas dissimulé sa prédilection pour cet ouvrage; et si les quatre premiers actes répondaient au dernier, il n'y aurait pas à balancer : tout le monde serait de son avis. Il n'y a point de situation plus forţe; il n'y en a point où l'on ait porté plus loin la terreur, et cette incertitude effrayante qui serre l'âme dans l'attente d'un événement qui ne peut être que tragique. Ces mots terribles:

Une main qui nous fut bien chere..... Madame, est-ce la vôtre ou celle de ma mere?

ces mots font frémir; et ce qui mérite encore plus d'éloges, c'est que la situation est aussi bien dénouée qu'elle est fortement conçue.

Cléopâtre, avalant elle-même le poison préparé

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