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que

le crime serait seul maître de la Terre. Les premiers ouvrages que l'impression fit éclore, furent dictés par les Muses latines, qui revenaient avec plaisir, sous le beau ciel de l'Ausonie, respirer l'air de leur ancienne patrie. Vida, Fracastor, AngePolitien, Sadolet, Érasme, Sannazar et une foule d'autres firent reparaître dans leurs écrits, non pas encore le génie, mais le goût et l'élégance de l'antique latinité, et il était juste que l'Italie fût le théâtre de cette heureuse révolution. Elle s'étendit à tous les genres, graces à l'influence bienfaisante des Médicis, qui tout puissans dans Florence et dans Rome, y recueillirent les arts bannis de Constantinople par les armes ottomanes et par la chute de ce fantôme d'Empire grec, réduit depuis long-tems aux murs de Bizance. Les Médicis eurent cher à

la gloire de marquer de leur de leur nom, jamais aux lettrés et aux artistes, cette grande époque du seizieme siecle, le premier qui, dans la poésie, ait été le rival du siecle d'Auguste, qui, dans la sculp

ture et l'architecture, ait retracé ces belles formes, ces proportions élégantes, cette expression de la nature, ces dessins à la fois simples et majestueux, jusque-là connus seulement des Grecs et des Romains leurs imitateurs; enfin qui, dans la peinture, ait rempli l'idée du beau, et, au jugement des artistes et des connaisseurs de tous les pays, soit demeuré le modele inva

riable de la perfection.

La magnificence et le goût des Médicis encouragerent cette foule de talens supérieurs qui naissaient de toutes parts. L'Italie se remplit de ces chefs-d'œuvre sans nombre, qui attirent encore dans son sein les étrangers de toutes les contrées, et qu'elle montre avec une sorte d'orgueil national, qui a passé jusque dans cette classe du peuple, partout ailleurs étrangere aux arts, mais qui semble en avoir naturellement le goût et l'amour dans le seul pays où les beaux arts soient populaires. L'Europe a jeté un cri d'indignation, un cri entendu et répété même parmi nous, quand

la

elle a vu enlever à ces peuples des monumens qui sont pour eux une propriété publique et l'objet d'un culte particulier. On a dit qu'entre les nations policées, la victoire et même l'exemple des Romains n'autorisaient pas ces spoliations toujours odieuses, également condamnées par politique et par la morale des nations. Pour moi, je l'avoue, je souhaiterais du fond du cœur que ce fût le seul tort qu'on eût à nous reprocher. L'enlèvement de quelques tableaux, de quelques statues, de quelques livres est un mal qui peut être aussi aisément et aussi promptement réparé que commis. Mais jetez les yeux d'un bout de la France à l'autre sur la nudité des temples, et demandez ce qu'est devenue cette prodigieuse quantité de monumens de toute espece, non-seulement sacrés pour la religion des peuples, mais riches et précieux pour les arts, pour les antiquités, pour la gloire et l'ornement d'un grand Empire : ils ne sont plus, et il faut des siècles pour les remplacer. Parmi tant de maux et de

crimes on ne saurait s'arrêter aux moindres, et c'est un devoir de ménager son indignation et ses larmes.

Médicis, maître de Florence, et le fameux pontife de Rome, Léon X, firent chercher, dans toutes les bibliotheques, les manuscrits des Anciens, et les presses les reproduisirent, enrichis de recherches instructives et d'observations savantes. Alors fut entiérement déchiré ce voile épais et injurieux qu'une longue barbarie avait étendu sur la belle antiquité. Elle sortit de ses ténebres et parut encore toute vivante, comme ces statues qui, ensevelies pendant des siecles sous les décombres amassés les tremblemens de terre et par les bouleversemens du globe, semblent encore, au moment où elles sont rendues au jour, sortir des mains de l'ouvrier. De là cette espece d'idolâtrie qu'elle inspira d'abord, et qui alla jusqu'à une sorte de fanatisme, tant il est plus difficile en tout genre de régler le mouvement de l'esprit humain, que de le lui donner ou de le lui

rendre. Les érudits et les commentateurs formerent un peuple de superstitieux. La science fut pédantesque, et l'âge suivant, par un autre excès, la rendit ridicule. Mais les hommes inftruits et équitables reconnaîtront toujours avec plaisir les obligations essentielles que nous avons à ces travailleurs infatigables, qui vieillissaient sur les parchemins, et s'enterraient vivans avec les morts. Nous leur reprochons de s'être trop passionnés pour les objets de leurs veilles, comme si cette passion même n'avait pas été un soutien nécessaire à leurs travaux; d'avoir surchargé leurs commentaires d'une érudition minutieuse et souvent même inutile, comme si nous n'étions pas trop heureux qu'ils ne nous aient laissé que l'embarras de choisir. Ils se perdent quelquefois dans des sentiers obscurs et stériles; mais ils ont, les premiers, débarrassé la grande route où nous marchons aujourd'hui sans obstacle. Ils amassent péniblement quelques ronces; mais ils ont défriché le champ où nous cueillons sans

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