Un esclave chargé de quelque ordre secret. A COM A T. Tel était son dessein: cet esclave est venu; Quoi! seigneur, le sultan reverra son visage AC OMA T. t Cet esclave n'est plus : un ordre, cher Osmin, OS MIN. Mais le sultan, surpris d'une trop longue absence, La tête de Bajazet demandée, la mort de cet esclave, la désobéissance formelle d'Acomat, tout fait pressentir la révolution qu'on médite dans le serrail, et prépare en même tems les vengeances d'Amurat, dont Orcan, dans la suite de la piece, sera l'exécuteur. Chaque mot contient le germe des événemens qui doivent éclore, et la politique d'Acomat va se montrer toute entiere. Peut-être avant ce tems Je saurai l'occuper de soins plus importans. Je sais, à son retour, l'accueil qu'il me destine. Quel emploi, quel séjour, Osmin, pour un visir! OS MIN. Quoi donc ? qu'avez-vous fait? A COM Α Τ. J'espere qu'aujourd'hui Bajazet se déclare, et Roxane avec lui. OSMIN. Quoi! Roxane, seigneur, qu'Amurat a choisie La réponse d'Acomat va faire connaître successivement tous les personnages, leur caractere et leurs intérêts, et cette explication est naturellement amenée; car Osmin, absent depuis longtems, ignore tout ce qui se passe, et Acomat parle 18 à son confident intime, à un homme qui lui est dévoué et nécessaire. Il a fait plus pour elle, Osmin. Il a voulu De l'honneur dangereux d'être sortis d'un sang former un Il n'est pas question d'Ibrahim dans la piece. L'auteur n'a placé ici son portrait que pour contraste qui fasse ressortir davantage le personnage de Bajazet, et ce portrait est fini en quatre vers, qui sont au nombre des plus beaux de notre langue. C'est un modele de la véritable force de style, qui consiste à réunir la plus grande étendue d'idées avec une plus grande précision de mots. Il n'y en a pas un qui ne porte coup. Boileau citait souvent ces quatre vers comme une preuve que Racine possédait encore plus que lui le style satyrique. L'autre, trop redoutable et trop digne d'envie, Car enfin Bajazet dédaigna de tout tems Il vint chercher la guerre au sortir de l'enfance, Il fallait disposer le spectateur en faveur de Bajazet, destiné, dans le plan de la piece, à ne jouer qu'un rôle purement passif. Ce qu'on en dit ici commence à intéresser pour lui; et dans la suite on le verra sans cesse ne demander que des armes et les moyens de s'en servir. Sous ce rapport, le rôle de Bajazet est tout ce qu'il devait être. Mais, malgré ses soupçons, le cruel Amurat, Il partit, et voulut que, fidele à sa haine, Acomat met ici le spectateur dans le secret de la politique sanguinaire des sultans, et des raisons qui ont arrêté quelque tems la cruauté jalouse d'Amurat. On devine aussi ce que la suite de la piece confirmera, qu'il a été averti des complots qui se tramaient dans le serrail. L'ordre qu'il avait envoyé de faire périr Bajazet en est une preuve; et quand on verra Roxane elle-même tuée par Orcan, l'on concevra sans étonnement que le sultan a été instruit de son infidélité. Tous les ressorts de la piece sont dans cette premiere scene. Pour moi, demeuré seul, une juste colere Ses charmes : cette expression est remarquable. Partout ailleurs que dans cette piece, Racine ne s'en serait pas servi, et je n'en connais même aucun autre exemple, si ce n'est dans la Fable. On dit bien d'un homme, qu'il est charmant, mais on ne parle guere de ses charmes : c'est une expression que notre langue a réservée pour les femmes, tant les nuances du langage tiennent aux mœurs. Celles du serrail autorisent l'expression de Racine : on sentira |