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en voulant séparer la tyrannie de la démence absolue, eût vraisemblablement péri parmi nous, comme étant de la faction des hommes d'État, ou de la faction des modérés, ou de la faction des honnêtes gens on peut choisir.

Il appartient à l'époque dont je parlais, par sa comédie de la Mandragore, qui de son tems eut un grand succès, et dont nous avons une imitation dans les œuvres de J. B. Rousseau. Toute imparfaite qu'est pour nous cette piece, elle donna la premiere idée de l'intrigue et du dialogue comique, comme la Sophonisbe du Trissin fut la premiere tragédie composée d'après les regles d'Aristote. Mais ces essais, quoique dignes d'estime, furent alors des semences stériles, et la poésie dramatique resta dans son enfance chez ces mêmes Italiens qui dans les autres arts étaient les précepteurs des nations.

Elle prenait cependant, non pas encore un vol soutenu ni bien réglé, mais un essor quelquefois très-élevé, chez des

peuples que l'Italie regardait comme des barbares. L'Espagne, qui tenait des Maures sa galanterie chevaleresque, ses tournois, ses poésies d'un tour oriental et ses romances amoureuses, eut alors son Lope de Véga, et depuis son Caldéron, qui montrerent de l'invention, de la fécondité et un génie théâtral. On sait que leurs innombrables drames, divisés en journées, sont dépourvus de tout ce que l'art enseigne et de tout ce que le bon sens prescrit; mais il y a des situations, des effets, des caracteres même, et c'est ce que n'ont point ou presque point nos meilleurs tragiques du même tems, aussi inférieurs aux Espagnols et aux Anglais, que Corneille et Racine leur ont été depuis supérieurs. C'est au même moment que parut chez les Anglais leur Shakespeare, qui eut les beautés et les défauts de Lope et de Caldéron, mais qui, sans porter l'art plus loin qu'eux, l'emporta sur eux par un talent naturel, quelquefois élevé jusqu'au sublime des pensées, à l'éloquence, des

passions fortes, à l'énergie des caracteres tragiques. Dans ces morceaux, d'autant plus frappans qu'ils sont chez lui plus rares et plus mêlés d'alliage, il fur, il est vrai, au dessus de son siecle, où la véritable tragédie était ignorée partout; mais depuis que des génies du premier ordre, sous Louis XIV et de nos jours, l'ont portée à sa perfection, il n'appartient plus qu'à la prévention nationale chez les Anglais, ou parmi nous à la manie paradoxale, de comparer les maîtres dans le premier des arts cultivés par les nations éclairées, à un écrivain qui, dans la barbarie de son pays et dans celle de ses écrits, fit briller des éclairs de génie.

Le Portugal pouvait se glorifier d'avoir donné à l'épopée un poëte de plus, Camoëns, qui eut à la vérité fort peu d'invention, mais qui, dans plus d'un endroit de sa Lusiade, retraça l'élévation d'Homere, et dans l'épisode d'Inès, l'expression touchante de Virgile. Son poëme, trop au dessous de son sujet, qui était grand,

trop défectueux dans le plan qui est à peu près historique, se recommandait surtout par l'espece de beauté qui contribue le plus à faire vivre les ouvrages de poésie, celle du style.

Le Nord n'avait encore rien produit dans les arts de l'imagination, mais il s'illustrait d'une autre maniere par les services qu'il rendait aux sciences; et quoiqu'elles n'entrent pas dans notre plan, il convient au moins de les rapprocher ici un moment sous ce coup d'œil général, que je dois étendre sur tous les pas que pas que faisait en même tems l'esprit humain, qui dans tous les Etats de l'Europe reprenait le mouvement et la vie.

Copernic n'est pas le premier, comme il est trop ordinaire de le croire, qui ait placé le soleil au centre du Monde, et qui ait fait tourner autour de cet astre la Terre et les planetes. Près de deux mille ans avant lui, un des disciples de Pythagore, Philolaus, avait publié ce systême : il venait encore d'être discuté et soutenu à

Rome dans le quinzieme siecle; mais il est resté à Copernic, parce qu'il réussit à le démontrer. Il étendit et perfectionna, par ses méditations, cette ancienne théorie long-tems oubliée, et parvint à expliquer heureusement tous les phénomenes célestes par: le double mouvement de la Terre et par les révolutions régulieres des planetes autour du soleil, en proportion de la distance où elles sont de cet astre, placé au centre de notre sphere. Galilée, dans l'âge suivant, rendit sensibles aux yeux les vérités enseignées par Copernic. Le Hollandais Métius venait d'inventer les verres d'optique Galilée, à l'aide de cette découverte, que ses expériences enrichirent encore, nous montra de nouveaux astres dans les cieux. Graces à lui et à Toricelli son disciple, qui nous fit connaître la pesanteur de l'air, l'Italie, déjà si prédominante dans les lettres et les arts, eut aussi son rang dans l'histoire de la philosophie. En Allemagne, Tychobrahé et Keppler, l'un, malgré ses erreurs, regardé

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