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un grand avantage de ce changement. Une nouvelle Secte de Philofophes prit la place de quelques Pedans qui cachoient leur ignorance fous des termes pompeux & fous des expreffions barbares : mais ces Philofophes indolens s'attacherent à un genre de Philosophie qui ne demande aucune connoiffance des Mathématiques; & s'appuyant fur quelques principes dont ils n'examinoient pas la réalité, & qui ne pouvoient pas s'accorder enfemble, ils fe flattoient d'être en état d'expliquer méchaniquement toutes les apparences par le feul mouvement des particules de la matiere. Ils allerent fi loin, qu'ils prétendirent expliquer des phénomenes, que peut-être Defcartes n'auroit pas cru lui-même pouvoir expliquer; car fa Physique n'auroit pas été à l'épreuve de la Géometrie qu'il connoiffoit parfaitement. C'est au Chevalier Newton, qui a le premier appliqué.la Géométrie à la Philofophie, que nous fommes redevables de la déroute de cette armée de Goths & de Vendales, qui ravageoient le monde philofophique. Il l'a enrichi d'un plus grand nombre de grandes découvertes, que n'avoient fait avant lui tous les Philofophes ensemble : & il a jetté des fondemens fi folides pour acquerir de nouvelles connoiffances, que même après la mort on puise dans fes Ouvrages des lumieres qui enrichissent la Physique. Avant lui on ne formoit que de vaines conjectures fur la caufe du mouvement des Cométes & des Planétes autour du Soleil; mais aujourd'hui il a trouvé cette caufe dans les loix univerfelles de l'attraction (dont il a prouvé l'existence d'une maniere

maniere incontestable) & il a fait voir que les irregularités apparentes de la Lune, qui s'étoient toujours refufées au calcul des Astronomes, ne font précisément que des conféquences neceffaires de l'action du Soleil & de la Terre fur cette Planéte, felon leurs differentes pofitions. Les principes qu'il établit éclaircissent toutes les difficultés des divers phénoménes du flux & du reflux de la mer, & il est maintenant démontré que la vraye figure de la Terre, est celle d'un sphéroïde applati & plus élevé vers l'Equateur que vers les poles, malgré toutes les conjectures & les opinions contraires. Notre Philofophe incomparable nous a découvert & démontré la vraye nature de la lumiere & des couleurs qui étoient entierement cachées aux plus habiles Naturalistes; car pendant qu'ils cherchoient tous l'origine des couleurs dans le mêlange de l'ombre & de la lumiere, Newton a fait voir qu'elles étoient renfermées dans les rayons du foleil & dans la lumiere même; & que la furface des corps colorés ne fervoit qu'à féparer les rayons qui forment les differentes couleurs, en absorbant les uns & réfléchissant les autres à notre œil, d'une maniere propre à produire les differentes sensations d'où dépend l'agréable varieté des objets colorés.

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Son optique contient, outre les proprietés de la lumievaste fond de Philofophie, compris sous le nom modeste de questions ou de doutes, comme fi ce n'étoient que des conjectures; mais ces mêmes questions se trouvent confirmées par les expériences & obfervations journalieres. Nous en avons un exemple bien remarquable

dans l'excellent Traité du Docteur Etienne Halles fur la Statique des Vegetaux, où plufieurs questions & propofitions de Newton font démontrées par l'expérience, de maniere à ne laiffer aucun doute.

Je ne parlerai pas ici des belles inventions du Chevalier Newton dans les Mathématiques pures. Elles lui ont attiré avec raifon l'admiration de fes Compatriotes & des Etrangers. Mais quoi qu'il en ait fait un grand usage pour découvrir la caufe des Phénoménes de la nature, elles font étrangeres au fujet que je traite, n'étant ici question que: de la Phyfique experimentale. Mon but n'a été dans ce Cours que de parvenir à la connoiffance de la nature par les expériences, non-feulement dans les circonftances où l'on n'y eft parvenu que par cette voye, mais encore dans celies où cette connoiffance n'a été acquife que par une longue fuite de conféquences mathématiqves. Car j'ai trouvé des expériences qui nous conduisent pas à pas aux mêmes conclufions.

L'idée qu'on a eu qu'il faut neceffairement entendre les Mathématiques pour être Physicien, a détourné bien des gens de la Physique Newtonienne. J'ai oui-dire à plufieurs Cartéfiens que fi la connoiffance de la Géométrie étoit necessaire pour les convaincre, ils aimoient mieux perseverer dans leur maniere de philosopher, que de se jetter dans un si grand embarras : comme si l'on méritoit le nom de Philofophe, en raisonnant fur des principes qui paroiffent faux ou arbitraires, & imaginés uniquement pour expliquer un phénomene. Celui qui explique par

une hypothese comment les mouvemens celeftes ont pâ s'executer, ne rend pas raison du fyftême du monde; c'eft celui qui en démontre les caufes réelles. Il en eft de même des autres phénomenes: car fi l'on ne peut pas démontrer ce que l'on veut expliquer, il vaut mieux. avouer fon ignorance, que de donner de vaines conjectures pour de vrayes explications. Si l'on vient jamais à connoître la caufe des differentes operations du Magnetisme, on la trouvera dans la comparaifon des expériences & obfervations de Norman, Pound, Paisley, Graham, Mufchembrock, Savery, Marcel & autres (qui font profeffion d'ignorer la caufe de ces merveilleux effets) plûtôt que dans les differentes hypothefes de ces Philo fophes, à qui la force de l'imagination fournit des conjectures qui font démenties par les obfervations journalieres & par les Loix ordinaires du mouvement.

Mais pour revenir à la Philofophie Newtonienne, quoiqu'elle foit démontrée par les principes des Mathématiques, on peut cependant la communiquer au Public fans le fecours de ces principes. L'illuftre M. Locke est le premier qui a trouvé le moyen de devenir Philofophe Newtonien fans fe fervir de la Géométrie. Il demanda à M. Huygens fi toutes les Propofitions mathématiques du Livre des Principes de Newton étoient veritables, & M. Huygens lui ayant répondu qu'il pouvoit compter fur leur évidence, il les regarda comme des hypothefes inconteftables. Il examina avec foin les raifonnemens & les corollaires que l'on tire de ces principes, & il fut pleinement

dans l'excellent Traité du Docteur Etienne Halles fur la Statique des Vegetaux, où plufieurs questions & propofitions de Newton font démontrées par l'expérience, de maniere à ne laiffer aucun doute.

Je ne parlerai pas ici des belles inventions du Chevalier Newton dans les Mathématiques pures. Elles lui ont attiré avec raison l'admiration de fes Compatriotes & des Etrangers. Mais quoi qu'il en ait fait un grand ufage pour découvrir la caufe des Phénoménes de la nature, elles font étrangeres au fujet que je traite, n'étant ici question que: de la Phyfique experimentale. Mon but n'a été dans ce Cours que de parvenir à la connoissance de la nature par les expériences, non-feulement dans les circonftances où l'on n'y eft parvenu que par cette voye, mais encore dans celies où cette connoiffance n'a été acquife que par une longue fuite de conféquences mathématiqves. Car j'ai trouvé des expériences qui nous conduifent pas à pas aux mêmes conclufions.

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L'idée qu'on a eu qu'il faut neceffairement entendre les Mathématiques pour être Phyficien, a détourné bien gens de la Phyfique Newtonienne. J'ai oui-dire à plufieurs Cartéfiens que fi la connoiffance de la Géométrie étoit neceffaire pour les convaincre, ils aimoient mieux perfeverer dans leur maniere de philofopher, que de fe jetter dans un fi grand embarras : comme fi l'on méritoit le nom de Philosophe, en raisonnant fur des principes qui paroiffent faux ou arbitraires, & imaginés uniquement pour expliquer un phénomene. Celui qui explique par

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