Va fouvent jufqu'à la fureur) Celui-ci ne fongeoit que Ducats & Piftoles. Quand ces biens font oififs, je tiens qu'ils font frivoles. Pour fureté de fon tréfor, Notre Avare habitoit un lieu, dont Amphitrite: A compter, calculer, fupputer fans relâche, Jettoit quelques Doublons fouvent par la fenêtre, Et rendoit le compte imparfait. La chambre bien cadenaffée Permettoit de laiffer l'argent fur le comptoir. D'en faire un facrifice au liquide manoir. Les plaifirs de ce Singe à ceux de cét Avare, Eût jetté, fans confidérer L'eftime que l'on fait des biens de cette espece, Il les eût fait voler tous jufques au dernier, frage. Dieu veüille préserver maint & maint Financier, Qui n'en fait pas meilleur ufage. Il fera aifé de connoître par la lecture des Vers fuivans, que celui qui les a faits n'eft pas mal avec les Mufes. Il faut en dire le fujet. Une Dame des plus réservées à faire connoître les fentimens de fon cœur ayant à paffer une partie de l'Eté à la Campagne, recevoit chez elle toute la Nobleffe de fon voifinage. Un Cavalier s'y rendit fort affidu, & dans quelques Madrigaux qu'il fit pour elle, il fe donna le nom de Tircis. La Dame recevoit les Madrigaux fans façon,. parce qu'elle aimoit les Vers, & que ceux RS * du Cavalier avoient un tour agréable qui les faifoit lire avec plaifir. Ces Madrigaux l'accoûtumerent fi bien au nom de Tircis, qu'en fe promenant un jour elle l'écrivit fur l'écorce d'un jeune Hétre. Il fut lû du Cavalier, qui ayant trouvé quelque tems après. le mot de Fidelle, écrit encore de fa main, fur le même Hêtre, lui dit d'une maniere fort tendre, que fès défirs étoient fatisfaits, puifque fa fidélité lui étoit connuë. La Da-. me rougit, & un je ne fçais quel trouble dont elle ne put être la maîtreffe, lui faifant connoître à elle-même, qu'elle eftimoit plus le Cavalier qu'elle n'avoit crû, après quel ques vains efforts pour déguifer ce qu'elle fentoit pour lui de trop favorable, elle lui permit de croire ce qu'il voudroit de l'embarras où il l'avoit vûë. Deux ou trois jours furent à peine paffés, qu'elle écrivit quelques Vers fur la même écorce. C'eft là-deffus qu'ont été faits ceux qu'on va lire.. A IRE QUE TE D'UN JEUNE HÊTRE Aux Mirtes des Jardins de M IRTES des Jardins d'Idalie, Il eft vrai, je ne fuis qu'un Hêtre, Mais avec tout cela, peut-être, Je vaux un Mirte de Vénus. C'est le prendre un peu haut, Mirtes, je le consfeffe, Et non pas cependant plus haut que je ne doi, Si vous me demandez mes Titres de Nobleffe, Je les porte gravés fur moi.. Errant dans notre Bois, rêveuse, solitaire, Vint fous nos ombrages charmans. A fa douce langueur, à fa démarche lente, Elle cherchoit des yeux une écorce nouvelle,] Jeunes Hêtres s'empreffoient tous D'offrir leur écorce à la Belle; De ces marques d'honneur nous fommes fort ja loux: Heureusement je fus choisi par elle. Elle grava, Tircis; moi ravi de prêter Mon écorce naiffante à cét aimable ufage, Glorieux de fon choix, je femblois m'en vanter Aux Hêtres envieux de tout mon voisinage, Deux ou trois jours après, elle vint ajouter Et le mot de Fidelle, & cepetit Ouvrage. En revant dans ce Bois à qui m'a fçû charmer s Je gravai fon nom feul, fans parler de fon zele, Mais à préfent que j'ajoute, Fidelles |