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FABLE V

La Pêche & Ecolier.

SIre friponnet écolier,

Item, efpiégle d'importance

Et franc gourmand de fon métier,
Un jour en tapinois, dans un temps de vacance,
Affiégeoit certain efpalier

Où les fruits les meilleurs pendoient en abondance:
Il auroit bien voulu manger tout à la fois ;
Mais force fut de faire un choix.

Une pêche, en cette occurrence,

Lui parut mériter d'avoir la préférence :
Elle attacha les yeux & le cœur du marmot;
Car cette pêche étoit, pour tout dire, en un mot,
La plus belle du monde, au moins en apparence;
Chair vive, fraîcheur, embonpoint :...

Eh! Le moyen de voir avec indifférence

Un fruit fi charmant de tout point?

Friponnet la cueille, la croque,
Puis tout auffitôt la maudit.

Hélas! Tout ce que l'on excroque

Profite rarement, on l'a toujours bien dit:
La pêche, la maudite pêche,

Dont les trompeurs dehors excitoient le mangeur;
Qu'étoit-elle au dedans? Un fruit aigre, revêche,
Et qui logeoit un ver rongeur.

Le pouvoir du dehors que cette hiftoire fronde,
Sera long-temps pour l'homme un préjugé vainqueur.
Que de gens brillent dans le monde,
Qui font gâtés au fond du cœur!

***

FABLE VI.

La jeune Fille & la Rofe.

Vous, qu'avec complaifance on cultive, on arrose,

Difoit la jeune Iphise à la brillante rofe,

Belle reine des fleurs, puis-je, fans vous fàcher,
Vous demander pourquoi l'on n'ofe vous toucher?

De mille charmes décorée,

Il vous fiéd mal de vous cacher:

D'épines, croyez-moi, ceffez d'être entourée,
Et d'aignez plus fouvent vous laiffer approcher.

Sans ces défenfes-là je ferois obfedée,
Dit la rofe; & pour vous, une noble fierté
Doit vous fervir d'épine: Iphise, la beauté
Ne peut être trop bien gardée.

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FABLE VII.

L'Homme & le Lion.

L'Homme eut un jour occafion

De parler librement à fire le lion:

Leur entretien tomba fur la dame lionne.

Seigneur, dit l'homme, en vérité,

Si je puis, fur ce point, m'ouvrir en liberté,

La reine eft, felon moi, bien hardie ou bien bonne De coucher à votre côté.

Je fuis affurément, je fuis plus que perfonne,
Très-humble ferviteur de votre majesté ;

Mais dans votre ménage, entre nous, je soupçonne
Que vous êtes bien moins aimé que redouté.

N'est-ce pas devant vous que tout animal tremble? Vous êtes un fi puissant roi,

Que vos careffes, ce me femble,

Doivent remplir un cœur moins d'amour que d'effroi :
J'ai peine à concevoir, & comment & pourquoi
La reine a pû former le nœud qui vous rassemble ?
Encore fi c'étoit pour vivre fous la loi

Que fuivent dans Paris tant d'époux que je voi?
Mais quoi, toujours parler, manger, coucher ensemble,
Et tout cela, de bonne foi;

Je ne puis revenir d'une jufte furprise;

Si j'étois votre épouse, ah! Sire, franchement,
Je craindrois éternellement

Que votre majesté, d'un vif amour éprise,
Ne fe trompât d'embraffement,

Et ne m'étranglât par méprise.

Pitoyable raifonnement,

Répondit le lion; me prens-tu pour un homme? Tu conclurois plus fagement

Que ma femme doit craindre un mauvais traitement.

Oui, cet être dont on renomme
Le bon goût & le jugement;

L'homme, en un mot, que l'on appelle

L'animal raifonnable, est le feul affez vain,
Affez lâche, affez inhumain,

Pour ofer méconnoître & frapper fa femelle.

FABLE VIII

L'Abeille & le Papillon

A Mademoiselle *** fur la lecture.

Vous favez, jeune Iris, que l'utile lecture,
De l'efprit & du cœur embraffant la culture,
A former l'un & l'autre excéle également ;
De l'ame & du génie elle est la nourriture,

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