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ENVO I.

De cette fable, ami, tu m'as donné l'idée ;
L'hommage t'en eft dû, reçois-le de mon cœur :
Crois-tu ravir le tien à ce fexe vainqueur?...
Non; ta défaite eft décidée :

Ne ris plus de la nôtre avec un air moqueur ;
La tienne n'eft que retardée.

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La Fauvette & le Hibou.

D'Une jeune fauvette, un vieux & laid hibou

Avoit rendu le cœur fenfible;

Je ne fais comment, ni par où;
Mais je n'y vois rien d'impoffible,
Attendu que l'amour est fou.

Fier d'une fi belle conquête,
Parmi les plus jolis oifeaux,
Le hibou fe faifoit de fête,

D

Et trouvoit même dans fa tête Que les autres étoient d'affez plats animaux.

Déformais, il prime, il commande;

Il fe croit le phénix que l'on a tant chanté.
Eh! D'où te vient cette fierté,

Lui dit un moineau franc. D'où ? Plaifante demande!
Méconnois-tu, mon cher, l'effet de ma beauté ?
Je t'entens, & conclus à ce que l'on te loge
Aux petites maifons. Apprens, pauvre butor,
Que ce bifarre amour, que ton orgueil s'arroge,
A la fauvette fait grand tort;

Mais qu'il ne fait pas ton éloge.

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D'Un crédit étonnant, & d'un pouvoir étrange,

La Raifon fe vantoit un jour,

En préfence d'un dieu qui fouvent la dérange;

Et ce dieu-là, c'étoit l'Amour.

Mais, déeffe, après tout, pourquoi tant de mistére, S'écria l'enfant de Cythére?

Choififfez vous même un féjour

Où puiffe s'exercer mon pouvoir & le vôtre :
Nous verrons qui des deux fera déloger l'autre,
Vous connoîtrez alors un peu mieux qui je fuis :
Allons, avancez ; je vous fuis.

Elle méne l'amour chez un tendron novice
Encor fidéle à la vertu

Parce qu'il ignoroit le vice,

Et non pour l'avoir combattu.

Eh bien, dit la raison, connois-tu mon empire?
Attendons, dit l'amour, que la belle foupire,
Et marchons d'un autre côté.

Ils vont chez un vieillard de goute tourmenté,
Qui, fans ceffe, il est vrai, débite avec largeffe
Propos fententieux, belle moralité;

Mais qui fe rend à la fageffe

Beaucoup moins par penchant que par néceffité.
Eft-ce ici, dit l'amour, qu'il falloit m'introduire
Pour juger fainement de votre autorité ?
Je crois que vous prenez plaifir à me conduire
De l'une à l'autre extrémité.

Faisons mieux ; j'entrevois dans ce bois écarté
Deux amans de ma connoiffance;

Ils pourront de votre puissance

Parler avec fincerité.

L'un eft dans fon printemps, l'autre est dans fon été;
Le berger a trente ans, & la belle en a feize,
Qu'ils prononcent en liberté.

Il en parloit bien à son aise,

Le fripon; fon pouvoir étoit en fûreté.

Ces amans, à la vérité,

Avoient dans leur captivité

Appellé mille fois la raison à leur aide;
Mais mille fois auffi l'on avoit rejetté
Le médecin & le reméde

Et l'amour l'avoit emporté.

Ainfi, raison, tout bien compté

Dans les plus grands dangers ton fecours eft frivole
Ton pouvoir n'est bien reconnu
Qu'auffitôt que l'amour s'envole,
Ou qu'il n'est pas encor venu.

ΕΝΤΟΙ

Un mérite tel que le vôtre,

Fait vivre la raifon & l'amour en commun
Vos yeux favent inspirer l'un,

Et votre efprit eft fait pour nous faire aimer l'autre.

FABLE X.

Le jeune Roffignol.

Au fils de Mr. L. T.D.F. foutenant un exercice,

Dans un riant bocage, agréable séjour

D'une foule d'oifeaux digne du même hommage
Qu'ici j'aime à rendre en ce jour,

Un jeune roffignol effayoit fon ramage.

On fut furpris de fes talens :

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