ENVO I. De cette fable, ami, tu m'as donné l'idée ; Ne ris plus de la nôtre avec un air moqueur ; La Fauvette & le Hibou. D'Une jeune fauvette, un vieux & laid hibou Avoit rendu le cœur fenfible; Je ne fais comment, ni par où; Fier d'une fi belle conquête, D Et trouvoit même dans fa tête Que les autres étoient d'affez plats animaux. Déformais, il prime, il commande; Il fe croit le phénix que l'on a tant chanté. Lui dit un moineau franc. D'où ? Plaifante demande! Mais qu'il ne fait pas ton éloge. D'Un crédit étonnant, & d'un pouvoir étrange, La Raifon fe vantoit un jour, En préfence d'un dieu qui fouvent la dérange; Et ce dieu-là, c'étoit l'Amour. Mais, déeffe, après tout, pourquoi tant de mistére, S'écria l'enfant de Cythére? Choififfez vous même un féjour Où puiffe s'exercer mon pouvoir & le vôtre : Elle méne l'amour chez un tendron novice Parce qu'il ignoroit le vice, Et non pour l'avoir combattu. Eh bien, dit la raison, connois-tu mon empire? Ils vont chez un vieillard de goute tourmenté, Mais qui fe rend à la fageffe Beaucoup moins par penchant que par néceffité. Faisons mieux ; j'entrevois dans ce bois écarté Ils pourront de votre puissance Parler avec fincerité. L'un eft dans fon printemps, l'autre est dans fon été; Il en parloit bien à son aise, Le fripon; fon pouvoir étoit en fûreté. Ces amans, à la vérité, Avoient dans leur captivité Appellé mille fois la raison à leur aide; Et l'amour l'avoit emporté. Ainfi, raison, tout bien compté Dans les plus grands dangers ton fecours eft frivole ΕΝΤΟΙ Un mérite tel que le vôtre, Fait vivre la raifon & l'amour en commun Et votre efprit eft fait pour nous faire aimer l'autre. FABLE X. Le jeune Roffignol. Au fils de Mr. L. T.D.F. foutenant un exercice, Dans un riant bocage, agréable séjour D'une foule d'oifeaux digne du même hommage Un jeune roffignol effayoit fon ramage. On fut furpris de fes talens : |