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AVERTISSEMENT

fur cette nouvelle Edition.

On y trouvera un grand nombre d'augmentations femées dans tout le Livre, les diftances, les grandeurs, les revolutions des Corps Celeftes exprimées beaucoup plus précisément qu'elles ne l'avoient été dans les Editions précedentes, & felon le calcul de nós plus excellens Aftronomes, & en général tous les Phenomènes du Ciel conformes aux obfervations les plus exactes. On peut affurer les Lecteurs que fur tous ces points-là ils peuvent autant fe fier à ce Livre, tel qu'il eft prefentement, que s'il étoit plus fçavant & plus profond. On peut ajoûter à cette lecture celle du Nouveau traitté de la pluralité des Mondes compofé par Mr. Huygens, celèbre Mathematicien, qui fera fans doute plaifir au Lecteur.

ENTRE

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ENTRETIENS

SUR

LA PLURALITÉ DES MONDES

A MONSIEUR L***

OUS voulez, Monfieur, que je vous rende un compte exact de la maniére dont j'ai paffé mon tems à la campagne, chez Madame la Marquife de G***. Sçavez-vous bien que ce compte exact fera un Livre, & ce qu'il y a de pis, un Livre de Philofophie? Vous vous attendez à des Fêtes, à des Parties de Jeu ou de Chaffe, & vous aurez des Planètes, des Mondes, des Tourbillons; il n'a prefque été question que de ces chofes-là. Heureufement vous êtes Philofophe, & vous ne vous en moquerez pas tant qu'un autre. Peut-être même ferez-vous bien-aife que j'aye attiré Madame la Marquife dans le party de la Philofophie. Nous ne pouvions faire une acquifition plus confiderarable; car je compte que la beauté & la jeuneffe font toûjours des chofes d'un grand prix. Ne croyez-vous pas que fi la Sageffe elle-même

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Vou

vouloit fe préfenter aux hommes avec fuccès, elle ne feroit point mal de paroître fous une figure qui approchât un peu de celle de la Marquife? Sur tout fi elle pouvoit avoir dans fa. converfation les mêmes agrémens, je fuis perfuadé que tout le monde courroit après la Sageffe. Ne vous attendez pourtant pas à entendre des merveilles, quand je vous ferai le récit des Entretiens que j'ai eus avec cette Dame; il faudroit prefque avoir autant d'efprit qu'elle a pour repeter ce qu'elle a dit,de la maniére dont elle l'a dit. Vous lui verrez feulement cette vivacité d'intelligence que vous lui connoiffez. Pour moi,je la tiens fçavante,à caufe de l'extrême facilité qu'elle auroit à le devenir. Qu'est-ce quilui manque d'avoir ouvert les yeux fur des Livres; cela n'eft rien, & bien des gens l'ont fait toute leur vie, "à qui je refuferóis, fi j'ofois, le nom de Sçavans. Au refte, Mon fieur, vous m'aurez une obligation. Je fçai bien qu'avant que d'entrer dans le détail des Converfations que j'ai eues avec la Marquife, je ferois en droit de vous décrire le Château ou elle étoit allée paffer l'Automne. On a fouvent décrit des Châteaux pour de moindres occafions; mais je vous ferai grace fur cela. Il fuffit que vous fçachiez, que quand j'arrivai chez elle, je n'y trouvai point de Compagnie,. & que j'en fus fort aife. Les deux premiers jours n'eurent rien de remarquable; ils fe pafferent à épuifer les Nouvelles de Paris, d'où je venois; mais enfuite vinrent ces Entreties dont je veux vous faire part. Je vous les diviferaipar Soirs, parce qu'effectivement nous n'eumes de ces Entretiens que les Soirs.

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Que la Terre eft une Planète qui tourne fur elle-même, & autour •du Soleil.

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OUS allâmes donc un Soir après foupé, nous promener dans le Parc. Il faifoit un trais délicieux, qui nous récompenfoit d'une journée fort chaude que nous avions effuyée. La Lune étoit levée il y avoit peut-être une heu& fes rayons qui ne venoient à It a nous qu'entre les branches des arbres, faifoient un agréa

re,

ble mélange d'un fort vif, avec tout ce

verd qui paroiffoit noir. Il n'y avoit pas un nuage qui dérobât, ou qui obfcurčit la moindre Etoile elles étoient toutes d'un or pur & éclatant, & qui étoit encore relevé par le fond bleu où elles font attachées. Ce fpectacle me fit rêver; & peut être fans la Marquife euffay-je rêvé affez long-temps; mais la préfence d'une fi aimable Dame ne me permit pas de m'abandonner à la Lune & aux Etoiles. Ne trouvez-vous pas, luy dis-je, que le jour même n'eft pas fi beau qu'une belle nuit? Oüy, merépondit-elle, la beané du jour eft comme une beauté blonde qui a plus de brillant; mais la beauté de la nuit eft une beauté brune qui eft plus touchante. Vous êtes bien généreuse, repris-je, de donner

cet

cet avantage aux Brunes, vous qui ne l'êtes pas. Il eft pourtant vrai que le jour est ce qu'il y a de plus beau dans la Nature, & que les Heroïnes de Roman, qui font ce qu'il y a de plus beau dans l'imagination, font prefque toûjours blondes. Ce n'eft rien que la Beauté, repliqua-t-elle, fi elle ne touche. Avoüez que le jour ne vous eût jamais jetté dans une rêverie auffi douce que celle où je vous ai vû prêt de tomber tout à l'heure à la vûë de cette belle nuit. J'en conviens, répondis-je; mais en récompenfe, une Blonde comme vous me feroit encore mieux rêver que la plus belle nuit du monde, avec toute sa beauté brune. Quand cela feroit vrai, repliqua-t-elle, je ne m'en contenterois pas. Je voudrois que le jour, puifque les Blondes doivent être dans fes intérêts, fit auffi le même effet. Pourquoi les Amans, qui font bons Juges de ce qui touche, ne s'adreffentils jamais qu'à la nuit dans toutes les Chanfons & dans toutes les Elegies que je connois? 11 faut bien que la nuit ait leurs remerciemens, luy dis-je. Mais, reprit-elle, elle a auffi toutes leurs plaintes. Le jour ne s'attire point leurs confidences, d'où cela vient-il? C'eft apparemment, répondis-je, qu'il n'inspire point je ne fai quoi de trifte & de paffionné. Il femble pendant la nuit que tout foit en repos. On s'imagine que les Etoiles marchent avec plus de filence que le Soleil, les objets que le Ciel prefente font plus doux, la vue s'y arrête plus aifément; enfin on en rêve mieux, parce qu'on fe flate d'être alors dans toute la Nature la feule perfonne occupée à rêver. Peut-être auffi que le fpectacle du jour eft trop uniforme, ce n'eft qu'un

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