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la Magie, & enfin de faire ceffer les Oracles, non pas précisement parce que le Fils de Dieu leur impofa filence tout d'un coup, mais parce que les Efprits plus éclairez par la publication de l'Evangile, fe defabuserent, ce qui fuppofe encore des fourberies humaines, & ne s'eft pis faire fi promptement. Cependant il me paroift qu'une queftion décidée en fi peu de paroles, peut eftre traitée de nouveau dans toute fon étendue naturelle, fans que le Public ait droit de fe plaindre de repetition; c'eft luy remettre en grand ce qu'il n'a encore veu qu'en petit, & tellement en petit, que les objets en efloient quafi imperceptiles.

Je ne fçay s'il m'eft permis d'allonger encore ma Preface par une petite obfervation fur le ftile dont je me fuis fervy. Il n'est que de Converfation; je me fuis imaginé que j'entretenois mon Lecteur; j'ay pris cette idée d'autant plus aifément, qu'il falloit en quelque forte difputer contre luy, les matieres que j'avois en main eftant le plus fouvent affez fufceptibles de ridicule, m'ont invité à une maniere d'écrire fort éloignée du Sublime. Il me femble qu'il ne faudroit donner dans le Sublime qu'à fon corps défendant. Il eft fi peu naturel! J'avoue que le file bas eft encore quelque chofe de pis; mais il y a un milieu, & mefme plufieurs. C'eft ce qui fait l'embarras; on a bien de la peine à prendre jufte le ton que l'on veut, & à n'en point fortir.

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HISTOIRE

DES

ORACLES.

M

ON deffein n'eft pas de traiter directe ment l'Hiftoire des Oracles, je ne me propofe que de combatre l'opinion commune qui les atribue aux Demons & les fait ceffer à la venue de JefusChrift. Mais en la combattant, il faudra neceffairement que je faffè toute l'Hiftoire des Oracles, & que j'explique leur origine, leur progrez, les differentes manieres dont ils ferendoient, & enfin leur décadence, avec la mefme exactitude que fi je furvois dans ces matieres l'ordre naturel & hiftorique.

Il n'eft pas furprenant que les effets de la Nature donnent bien de la peine aux Philofophes. Les Prio cipes en font fi cachez, que la raifon humaine ne peux prefque fans rémerité fonger à les découvrir; mais quand il n'eft queftion que de fçavoir fi les Oracles ont pu cftre un jeu & un artifice des Preftres Payens, out peut-eftre la difficulté Nous qui fommes hommes, ne fçavons-nous pas bien jufqu'à quel point d'autres hommes out pi effre on Impofteurs, ou Dupes Sur tout, quand il n'eft queftion que de fçavoir en quel temps les Oracles out ceffé, d'ou peut naifte le moin A 6

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dre fujet de douter ? Tous les Livres font pleins d'Oraeles. Voyons en quel temps ont efté rendus les der niers dont nous ayons connoiffance.

Mais nous n'avons garde de permettre que la déci fion des chofes foit fi facile, nous y faifons entrer des. préjugez qui y formen des embarras bien plus grandsque ceux qui s'y fuffent trouvez naturellement ; & cesdifficultez, qui ne viennent que de noftre part, font celles dont nous avons nous-mefmes le plus de peine à nous demefler.

R

L'affaire des Oracles n'en auroit pas, à ce que j croy, de bien confiderables, fi nous ne le y avions miles. Elle eftoit de fa nature une affaire de Religion chez les Payens; elle en eft devenue une fans neceffité chez les Chreftiens, & de toutes parts on l'a chargée de préjugez, qui ont obfcurcy des veritez fort claires.

J'avoue que les préjugez ne font pas communs d'eux-mefines à la vraye & aux faufles Religions.. Pls regnent neceflairement dans celles qui ne font l'ouvrage que de l'efprit humain,; mais dans la vraye, qui eft un ouvrage de Dieu feul, il ne s'y en trouveroit jamais aucun, fi ce mefme efprit humain pouvoit s'empêcher d'y toucher, & d'y mefler quelque chofe du fien. Tout ce qu'il y ajoûte de nouveau que' feroit-ce que des préjugez fans fondement? il n'eft pas' capable d'ajoûter rien de réel & de folide à l'Ouvrage de Dieu.

Cependant ces préjugez qui entrent dans la vraye Religion, trouvent, pour ainfi dire, le moyen de fe faire confondre avec elle, & de s'attirer un refpect qui n'eft deu qu'à elle feule. On n'ofe les attaquer, de peur d'attaquer en mefme temps quelque chofe de facré. Je ne reproche point cet excés de Religion à ceux' qui en font capables, au contraire je les en loue: mais' enfin quelque louable que foit cet excés, on ne peut difconvenir que le jufte milieu ne vaille encore mieux &qu'il ne foir plus raisonnable de démêler l'Erreur

d'avec la Verité, que de refpecter l'Erreur mêlée avec la Verité.

Le Chriftianifme á toûjours efté par luy-mefme en eftat de fe paffer de fauffes preuves, mais il y eft eucore prefentement plus que jamais, par les foins que de grands Hommes de ce Siecle, ont pris de l'établir fur fes veritables fondemens avec plus de force que les Anciens n'avoient jamais fait. Nous devons eftre remplis fur noftre Religion d'une jufte confiance, qui nous faffe rejetter de faux avantages qu'un autre Party que le noftre pourroit ne pas negliger.

Sur ce pied là, j'avance hardiment que les Oracles, de quelque nature qu'ils ayent efté, n'ont point efte rendus par les Demons, & qu'ils n'ont point ceffé à la venue de Jefus Chrift. Chacun de ces deux Points mérite bien une Differtation.

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