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Cette divifion fubfifta jufqu'au règne de Dioclétien qui, en 287 de l'Ere chrétienne, défunit le Berry de l'Aquitaine & le rendit à la Gaule Celtique.

Valentinien qui régnoit l'an 367, défapprouva cette divifion. Il rétablit non-feulement la divifion ordonnée par Augufte, mais encore déclara BOURGES, Capitale de la première Aquitaine. Par cette divifion le Berry s'eft trouvé dans l'état où l'avoient mis les Romains, lorfqu'ils en firent la conquête ; & Charlemagne l'érigea en Royaume vers 778. Ce pays ainfi divifé étoit très-étendu, mais il éprouva des démembrements confidérables. Les Rois voulant aggrandir le Duché d'Orléans, divisèrent la Sologne en deux parties, dont une fut annexée au Duché, & l'autre demeura au Berry.

Lorfqu'on forma la Province moderne du Bourbonnois, on démembra une partie du Berry. Il fut encore démembré en faveur de Guy de Chastillon, premier Comte de Blois : & finalement pour l'aggrandiffement du Duché de la Touraine, on démembra du Berry toute la Brenne & plufieurs autres pièces confidérables.

Ces démembrements contre lefquels on ne réclama point, fubfiftent encore, & font prouvés par les bornes & limites de cette Province, que

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NOUVELLE HISTOIRE

La Province du Berry eft bornée au Nord par la Sologne de la Province de l'Orléanois; au Levant, par les Provinces du Bourbonnois & du Nivernois; & au Couchant, par la Touraine. Son étendue du Midy au Nord, est de trente-cinq lieues & de vingt-fept du Levant au Couchant, fuivant MORERY (1). Par le réfultat de l'opération que nous venons de faire, nous trouvons que fon étendue du Midi au Nord, a trente-une lieue trois quarts, & du Levant au Couchant, quarante-cinq lieues & demie.

C'est au temps de ces démembrements, aux temps des révolutions politiques, & aux événements physiques furvenus dans cette Province, qu'on doit placer l'éclipse de sa fplendeur, signal funefte de fa décadence : qui, empirant de plus en plus, a plongé fes Habitants dans le découra

(1) J'ignore comment Moréry a mefuré l'étendue de cette Province: pour la connoître j'ai confulté la Carte gravée par feu Dupain-Triel fils, en 1780, aux frais de M. le Duc de Charoft, l'un des Représentants la Noblesse à l'Administration provinciale, tirée d'après la grande Carte de France de Caffini, mefurant deux lieues plus loin que Bouffac, au Midi jufqu'à quatre lieues au-delà d'Aubigny au Nord. Du Couchant deux lieues plus loin qu'Angle jufques à trois lieues au-delà de Donzy au Levant. La lieue de 2283 toises ainfi fixée par l'ouvrage de la Connoiffance des Temps.

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gement, dans l'indifférence, dans l'oubli de leurs intérêts, & dans l'anéantiffement de leurs anciens droits. De-là l'abandon ou du moins la négligence des Sciences & des Arts: de-là encore le reproche humiliant, de vivre dans l'inertie : ce reproche, nous ofons le dire, eft une injure non méritée, & imprudemment faite par leurs voifins enrichis de leurs dépouilles. Quoi ! des hommes écrafés fous le joug du pouvoir, accablés par de dures fatalités, étoient-ils libres de repouffer les coups du fort? Dépourvus de fecours, abandonnés, ils ne pouvoient attendre que du temps & de quelques heureuses révolutions, le remède à leurs maux (1).

(1) Il arrive presque toujours, & même l'on observe que les révolutions dans leurs concours, produifent des événements heureux, qui réparent les malheurs & les pertes occafionnées par des événements deftructeurs. Le grand Rouffeau étoit fans doute pénéttré de cette obfervation, lorfqu'il compofa la ftrophe fuivante extraite de l'Ode qu'il adreffe à M. d'Uffé:

Ainfi que le cours des années
Se forme des jours & des nuits,
Le cercle de nos destinées
Eft marqué de joie & d'ennuis.
Le Ciel par un ordre équitable,
Rend l'un à l'autre profitable;
Et dans ces inégalités,
Souvent fa Sageffe fuprême
Sait tirer notre bonheur même,

les effets; ils ont déja déposé aux pi les fruits précieux de leurs recherch connoiffances; leurs projets admi ouvriront par-tout les fources de de l'aifance, qui font dans nos territoriales.

CHAPITRE

Defcription hydrographique Le pays du Berry eft enclavé au la France; les rivières qui l'arrof gnent qu'il eft propre par fon affiett

(1) Le Roi, (LOUIS SEIZE) par Arrêt rendu à Versailles le 12 Juillet 1778, a ét Province une administration provinciale; revêtu de Lettres patentes données à Marly enregistrées au Parlement le 15 dudit mois Je parlerai dans la fuite de cette admini

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en être l'entrepôt. Si ces rivières & les eaux des étangs, des ruiffeaux & fontaines qui fe perdent & fe difperfent çà & là, étoient foigneufement recueillies & pour ainfi dire captivées dans les lits de canaux qu'il feroit à propos de creufer, l'on donneroit à cette Province le dégré d'opulence qui lui manque, & qui naîtroit bientôt de fes productions territoriales, & des liaisons d'intérêts qu'elle formeroit avec les Villes de commerce où ces canaux lui ouvriroient des communications d'exportation de fes denrées, que la bonté du fol mieux cultivé, feroit germer abondamment.

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LE CHER (1), est une des principales rivières

(1) La riviere du Cher prend fa fource dans les montagnes du Limousin près Sauvert, s'accroît fur les marches du Bourbonnois par la riviere de Tarde qui vient de SaintValerie en Combraille : par le ruiffeau d'Amaron qui passe à Neris; elle defcend à Montluçon, reçoit au-deffus de Valigny la riviere de Cofnil ou Cofne qui paffe fous Heriffon, chargée de quatre petits ruiffeaux, Bande, Aumance, Chaulne, Treuillies, arrive à Ainai-le-Vieil, ой devenue plus confidérable par la riviere Marmande qui vient de Saint-Amand en Berry, passe à Bruyere où elle commence à être dangereuse; elle y a un Pont ainsi qu'à Château-Neuf, & roule jufqu'à Vierzon où elle a également un Pont, & reçoit au-deffus de Vierzon les eaux des rivieres d'Evre ou Yévre & Auron réunies, qui viennent de Bourges, reçoit encore l'Arnon qui vient d'Iffoudun par le Pont de Sou, defcend à Menetou & à Selles, y rèçoit

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