ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

1

cet ouvrage : ce font ces préjugez qu'on veut reclifier. Pour cela on entreprend d'examiner les véritables raifons, fur lefquelles on fonde la néceffité des difpenfes, & on tâche d'en faire le difcernement d'avec les erreurs populaires, où on eft fur ce sujet. On ne prétend rien outrer: on promet qu'on aura pour la fanté tous les égards & tous les ménagemens raisonnables, mais on n'ôtera rien à la religion. On effaye donc d'allier leurs interefts, en confervant à chacune fes véritables droits. Voicy le plan qu'on fe propofe.

Cet ouvrage aura trois parties. Dans la premiere, pour mieux faire l'histoire des difpenfes, de leur origine, de leurs variations,

de leur eftat préfent ; on traittera d'abord de l'abftinence en général, & des caufes pour lefquelles on craint fi fort le Carême. Ón y examinera par les principes de Médecine & de Phyfique, quel eft le régime le plus naturel à l'homme ; fi l'ufage de la viande luy eft propre &abfolument néceffaire ; fi celuy du poiffon eft mal-faifant; fi les légumes & les fruits fecs ou frais font dangereux; s'ils nourriffent trop peu, &fi on en doit manger à proportion plus que de la viande. On tâchera de découvrir tous les préjugez qu'on a contre ces fortes de nourritures. On conviendra des inconvéniens qu'elles peuvent avoir, & dans quels cas, quels tempéramens, quelles infirmitez ils font à craindre. On recherchera les caufes pour quoy elles font mal

Fic'eft par elles mêmes, ou à cause de leurs affais fonnemens. A ce fujer on dira un mot du beurre, de l'huile, du lait, du vinaigre & des épices. On propofera les moyens de remédier à ces inconvéniens ; pour ne pas trop donner dans le fyftéme, ou dans les raisonnemens spéculatifs, on rapportera des obfervations prifes de l'usage & de l'biftoire, afin de donner à ce qu'on avancera là-deffus, toute la force & toute l'autorité dont on fera capable. Enfin on propofera des règles & des conditions pour difpenfer de l'abstinence.

Dans la feconde partie on traitera du jeufne en général, de fa nature, de fon antiquité & de Les avantages. On y examinera s'il est plus utile de manger peu, que beaucoup; fi le jeufne échauffe, & comment; s'il vaut mieux ne faire qu'un feul repas, que plufieurs ; fi ce repas feroit mieux au foir, qu'à midy. On rapportera làdeffus l'ufage de différentes nations. On parlera du jeufne des anciennes religions, enfuite de celuy des Fuifs, puis des premiers chrétiens. On dira un mot de la xerophagie. On rapportera les vdriations du jeufne des chrétiens, les modifications qu'on y a apportées, pour mieux juger de la nature du jeufne de nos jours. On confiderera auffi le jeufne par rapport aux différens âges, aux fexes, aux complexions, & aux différens eftats de certaines perfonnes, telles que font les femmes enceintes, les nourrices, les ouvriers, les voyageurs, &c. On examinera les dangers du jeufne : on répondra aux préjugez qu'on a ă iiij

là-deffus. On parlera du jeufne des infirmes, & de celuy des vieillards. On traitera la queftion, fi on peut jeufner en faisant gras. Enfin on viendra aux regles qu'il faudroit obferver dans les difpenfes du jeufne.

3°. Parce que la boiffon fait partie du jeufne, on traittera de la boisson en général, de fon ufage, de fa quantité, de fa néceffité. On répondra à cette question, fi ce qui eft boisson rompt le jeufne, ne fut ce même que de l'eau. On parcourra toutes les boiffons, le vin, le cidre, la bierre, l'eau, &c. On expliquera en quoy confifte la meilleure, & là on fera voir que la meilleure n'est pas celle qui nourrit le plus, mais celle qui favorife plus la digeftion On expliquera comment elle y nuit, ce qui l'aide ce que la boiffon y contribue. A ce sujet, on expliquera ce que c'est que la foiblesse d'eftomac. On répondra aux préjugez qu'on a fur la boiffon. On examinera s'il vaut mieux boire de l'eau avec le poiffon, les légumes & les fruits, que du vin ou des liqueurs. On dira auffi un mot du café, du thé & du chocolate. Enfin on marquera quelques regles, pour accorder la permiffion de boire entre les repas du Carê me; comme auffi pour juger quand il faut accorder ou défendre le vin, dans ce temps, par rapport à la fanté.

"On trouvera peut-eftre qu'il entre beaucoup de théologie dans ce projet ; on en convient. On fe feroit même attendu que quelque ecclé

fiaftique zelé, fe feroit fait gloire de foutenir une fi belle caufe. On pouvoit l'esperer, fur tout dans un fiecle comme le nôtre, où la phyfique eft en honneur, & à la bienséance de tout le monde, où la Médecine eft devenue prefque de toute condition. On s'affure même que l'Eglife n'y auroit pas trouvé à redire, puifqu'il n'eft pas contre fes loix, qu'il y ait de femblables prêtres médecins. Aussi ne condamne telle que ceux qui au mépris de la fainteté de leur eftat, fe dijfipent dans le commerce du monde, par l'exercice de cette profeffion, qui toute belle qu'elle eft, ne peut jamais dignement occuper un faint prêtre. Il auroit donc efté du devoir de tant d'abbeZ; de moines & de religieux, qui fe parent des titres de médecins, qui en achetent les charges, qui en rempliffent les emplois, de défendre cette partie de la difcipline eccléfiaftique, c'est-à-dire le jeufne & l'abstinence. Mais au contraire livrez au foin des corps, eux qui par leur eftat auroient dû apprendre à les oublier, ils ne s'appliquent qu'à en guérir les maladies; par la moins religieux que les prêtres des Fuifs, ils ne craignent pas de s'expofer à fe fouiller parmy les morts. C'eft ainfi que par une trifte métamorphofe, de. miniftres qu'ils eftoient des facrez mysteres, ils fe font change en miniftres de la nature. Etrange conduite! mais qui fans doute a fes * Levit. c. 21. V. I.

*

[ocr errors]

ри

raifons, qu'on ne veut pas trop pénétrer. On en voit cependant assez pour juger, que le blic a moins gagné à leurs fecrets, qu'euxmêmes. Car tandis qu'on meurt plus que jamais dans leurs mains, ils ont la plupart trouvé le moyen, de s'affranchir du cloître, & du joug importun de l'obéissance. Quoy qu'il en foit, on va tâcher à leur place de revendiquer les droits de l'Eglife; & laiffant aux chefs qui la gouvernent, le foin de maintenir l'honneur de la religion, l'on ef Sayera dans la matiere du jeufne & de l'abftinence, d'en foutenir les regles, mais avec toute la foumiffion & le respect qu'on doit à fes décifions. Ainfi quand quelquefois on parlera contre certains abus eftablis d'ailleurs, & approuvez par l'ufage, on le fera avec toute forte d'égard & de modération. On pourra même remarquer, pour peu qu'on y réfléchiffe, qu'on en veut uniquement aux préjugez qu'une ancienne philofophie a laiffe dans les chofes, & point du tout aux décifions de MM. les théologiens, qu'on' reconnoist pour ses maîtres.

Quelques-uns peut-eftre trouveront à redi re, au nombre de citations qui font dans cet ouvrage : mais le deffein qu'on s'y propose, en eft la caufe. Comme il engage à entrer dans un grand détail touchant beaucoup de chofes,

en particulier touchant les alimens, dont l'hiftoire & les qualite Le trouvent répan

« ÀÌÀü°è¼Ó »