naire, qui a passé la plus grande partie de fa vie dans le Royaume de Maduré, où il a converti à la Foi un grand nombre de Gentils.

Vous y verrez ce qu'il en coúte pour établir la Foi dans ces Terres Infidelles, & à quoi doit s'attendre un homme Apoftolique, qui fe confacre à une fi pémble Miffion, L'austérité furprenante de la vie qu'on y méne, n'eft pas ce qu'il y a de plus difficile à Supporter; on s'y trouve encore expofe à de continuels dangers; & il y a presque toujours quelque chose à fouffrir, foit de l'in commodité du climat, foit de l'a varice des Princes qui gouver

nent cette partie de l'Inde ; foit enfin de l'envie, & de la malignité des Brames, qui font les ennemis irréconciliables de la Re

ligion.

Ce font ces fatigues & ces dangers qu'on ne craint point d'expofer à vos yeux Nous fçavons que ceux d'entre vous qui afpirent aux Missions, recherchent avec le plus d'ardeur celles qui font les plus laborieufes, où les croix font plus fréquentes.

La feconde Lettre vous préfentera un paralelle affez jufte de la doctrine des Indiens, avec l'opinion des Pythagoriciens & des Platoniciens fur la Metempsyco

fe. Il est étonnant qu'un fyftême

tel

que

celui-la, dont l'abfurdité

& l'extravagance fautent aux yeux, ait efté adopté par tant de Peuples differens; mais après l'avoir une fois adopté, on ne doit plus eftre furpris que pour foutenir une opinion fi abfurde ils ayent recours aux fables les plus groffiéres & les plus mal concertées.

Quand on entend les Brames, qui font les fçavans des Indes débiter férieufement de ridicules imaginations, comme des preuves certaines de ce dogme de leur Théologie, on feroit prefque tenté de croire', que les Docteurs & les Difciples font tout-à-fait dé

pourvus de fens & d'intelligence. Mais auffi lorsqu'on voit que ces premiers génies du Paganisme, tels que Pythagore, Platon,& tant d'autres, dont les Ouvrages font l'admiration de tous les fiécles, ont donné eux-mêmes dans de femblables égaremens; on doit, ce me femble, rendre un peu plus de juftice aux Indiens; & tout ce que l'on doit conclure, c'est que l'esprit humain, quelque éclairé qu'il foit, eft toûjours en proye l'illufion & au menfonge, lorfqu'il ne s'appuye que fur les foibles lumieres de fa raifon, & qu'il n'eft pas dirigé par la Foy, laquelle feule peut le délivrer de fes erreurs & de fes incertitudes.

à.

Ceft à un Miffionnaire d'un ordre très-auftere & très recommandable par les fervices qu'il rend à l'Eglife, qu'on doit la Relation qui fait la matiere de la troifiéme Lettre. Il a donné fon propre original au P. Bouchet, celui-ci me l'a adreffé. La route que ce Miffionnaire a tenuë par le Pérou, pour se rendre à la Cofte de Coromandel, eft finguliére & curieufe. Il n'eftoit pas naturel qu'il pénétrast jufqu'au Paraguay; mais il femble que la Providence l'y ait conduit, pour nous inftruire auffi amplement qu'il le fait de l'estat de ces floriffantes Missions, qui font fous la direction des Jefuites