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Chez GUILLAUME DESPREZ
Imprimeur du Roi & du Clergé de
France, rue Saint-Jacques.

M. DCC. LXVIII

Avec Approbation & Privilege du Rot.

le difcours familier, fans nul rap port à l'éloquence & aux BellesLettres.

les

Il ne s'agit proprement que des jugemens ingénieux qui fe rappor tent à la feconde opération, & qui s'appellent Penfées en matiere d'ouvrages d'efprit; & ce que prétend l'Auteur, eft de démêler un peu bonnes & les mauvaises qualités de ces jugemens ou de ces penfées, fans prétendre néanmoins prefcrire des regles, ni donner des loix qui gênent perfonne, il dit ce qu'il pense, & il laiffe à chacun la liberde juger autrement que lui.

Les ouvrages d'efprit dont il eft question, & dans lefquels entrent les penfées que l'on examine, font les Hiftoires, les Poëmes, les Pieces d'éloquence, comme les Harangues, les Panégyriques, les Oraifons funebres, enfin tout ce qui s'écrit avec foin, & où il faut une certaine jufteffe qui va encore plus aux chofes qu'aux paroles.

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Comme le Dialogue eft propre à éclaircir les queftions les plus obfcures, & que les gens qui y parlent peuvent aisément dire le pour & le contre fur toutes fortes de fujets, on a jugé à propos de traiter la matiere des pensées en Dialogues, & de la réduire à quatre, felon l'étendue qu'on a cru qu'elle devoit avoir, Le fecond eft plus grand que les autres, parce que le fujer le veut ainfi; mais les Lecteurs pourront l'abréger quand il leur plaira, en le quittant dès qu'ils trouveront de Fennui. Ces quatre Dialogues contiennent peut-être ce qu'il y a de plus exquis dans les Auteurs anciens & modernes ; ce qu'il y a même de vicieux en beau dans les meilleurs Ecrivains; de forte qu'ils peuvent fervir, fi je l'ofe dire, non-feulement à polir l'efprit, mais à le for

mer.

Au refte, quoiqu'on ne traite pas les chofes dans la méthode de l'école, ni qu'on ne faffe pas profeffion

de rien enfeigner de l'Art oratoire; cet Ouvrage pourroit être appellé, au regard des pensées, une Logique fans épines, qui n'eft, ni feche, ni abftraite ; mais une Rhétorique courte & facile, qui inftruit plus par les exemples que par les préceptes, & qui n'a guere d'autre regle que ce bon fens vif & brillant, dont il eft parlé dans les Entretiens d'Arifte & d'Eugene.

Je ne fais même s'il n'y auroit point lieu de le nommer l'Hiftoire des Penfées; car il en repréfente fouvent l'origine, le progrès, les changemens, la décadence & là vieilleffe, s'il m'eft permis de m'exprimer de la forte.

Les Paffages Espagnols & Italiens qui fe rencontrent de temps en temps, & qui fourniffent des exemples de plus d'une maniere, tantôt bons & tantôt mauvais, ne doivent point effrayer les Lecteurs qui n'entendent pas ces Langueslà. On les traduit tous en françois

avant que

de les citer, ou après les avoir cités on explique, auffi les latins qui font à la marge, & qui auroient embarraffé le difcours G ön les y avoit mêlés, où du moins qui n'auroient pas plu aux perfonnes qui ne favent point le latin. On n'a pas fait néanmoins de difficulté d'y laiffer quelquefois un paffage fort court, un bout de vers, ou un vers entier, quand on a cru que cela feroit un bon effet.

Pour ce qui regarde la Critique des Auteurs dont on rapporte les pensées, fi elle n'est pas jufte, elle eft pour le moins fincere & fans. paffion. Les deux Personnages que l'on fait parler louent ce qu'ils eftiment, & cenfurent ce qu'ils méprifent: ils font équitables & de bonne foi; mais ils ne font pas infaillibles, & ils peuvent fe tromper.

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