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»tre jugés, & punis comme re» belles.

"9 Cet ordre arrêta tout court » ceux qui étoient portés d'incli"nation à affifter ces Princes in» fortunés. Ils n'étoient fecourus » que par quelques Domestiques » qui venoient secretement à la » Ville, pour acheter les chofes les plus néceffaires, & qui s'en re» tournoient très-promptement

Enfin après quelque tems je » rifquai d'aller les voir. Depuis » que j'ai quitté la profeffion des » armes, on me regarde affez com» munément comme un homme » du fimple peuple; d'ailleurs je

fçais le mêtier de Colleur, & » François Tcheou étant encore au "Fourdane m'avoit donné à coller » une Image qu'il vouloit placer » dans un Oratoire. Ce fut pour » moi un prétextede l'aller trou» ver, pour apprendre de lui ce qui

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fe paffoit, & ce que je pourrois « faire en faveur de ces Seigneurs. Je ne trouvai pas un feul hom-« me dans toute ma route, mais « quand j'approchai d'une efpece de Village, qui étoit celui où les « Princes font relegués, un jeune « homme à cheval qui étoit pla- «‹ cé comme en sentinelle, vint à « moi, m'arrêta, & me demanda «< d'où je venois, où j'allois, & fij’i- «‹ gnorois les défenfes qui avoient « été faites; je repondis que j'étois « Colleur, & qu'ayant appris « qu'on bâtiffoit, dans ce Village, « j'étois venu y chercher de l'oc-« cupation; fi tu es ouvrier, dit- « il, montre moi tes inftrumens; « ce n'eft pas la coutume, répon- « dis-je, d'en porter avant que d'a- « voir vu ce qu'il y a à faire, & « d'être convenu du prix. Com- « me il m'examinoit avec atten- << tion, il s'apperçût que j'avois »

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» dans le fein un rouleau de pa» pier ; il demanda ce que c'étoit, » c'est une peinture, lui répondis»je. Illa voulut voir, & auffi-tôt », il s'écria ah! c'est la Sainte Vier» ge, tu es donc Chrêtien ? à qui » veux tu parler? Quand je lui » eus répondu que c'étoit à Fran» çois Tcheou; fuis moi, dit-il, je » te conduirai chez lui; effective» ment il me montra fa porte, » & alla avertir fon pere de l'ar» rivée d'un Chrêtien. Je fçûs en» fuite que c'étoit le Prince Mi» chel fils du Prince Paul, & que » ces jeunes Princes faifoient tour

à tour une espece de garde hors » du Village, pour fe précaution»ner contre la furprife des ef» pions, & d'autres gens fans aveu, » qui voudroient obferver leurs » démarches.

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François Tcheou ne fe poffede joye quand il me vit,

pas

Nous paffames le refte du jour, « & une partie de la nuit à déli- « berer ensemble, & enfin nous « convînmes que j'irois à Pekin «< avec ce jeune homme que vous «‹ voyez, qui eft Chrêtien, & mon « parent. Les Princes Paul & Fran- «< çois me vinrent voir chés ce « Domestique, & s'oppoferent à « notre réfolution, dans la crainte «<< que cette démarche ne leur at- « tirât quelque nouvelle perfécution.

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Mais Tcheou les raffûra: foïez «‹ tranquilles, leur dit il, je me « charge de tous les évenemens. « Le pis qui puiffe arriver, c'eft « que mon deffein foit découvert; «< en ce cas j'irai hardiment trou- « ver le Général, & je lui dirai « que n'étant pas exilé nommé- « ment, & ne vous ayant fuivi «< qu'en qualité d'homme de la « porte, j'ai crû ne rien faire con- «

>>tre les Ordres de l'Empereur >> en envoyant à votre infçû » chercher chés moi dequoi vi"vre, puifqu'enfin je ne fuis pas » condamné à mourir de faim. " Ces Seigneurs n'eurent rien à répondre, & le laifferent fuivre »fon projet. Je partis donc, & » graces à Dieu, je fuis arrivéici, » comme vous voyés fans aucun >> accident.

Voilà à peu près tout ce queje pus apprendre de ce zelé Chrê-tien; il me remit une lettre du Prince François qui contenoit la lifte de différentes chofes qu'il me demandoit pour entretenir fa pieté, & celle de fes freres, & entr'autres des Crucifix, & plufieurs Eftampes de dévotion. Je lui donnai. fur le champ tout ce qui m'en reftoit entre les mains, & il fe retira pour aller terminer d'autres affaires beau

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