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DEFALAISE dans la Réconciliation normande, 7 mars 1719; FRONTIN dans le Dépit de Dufresny, 12 mai 1719; SANCHO dans les Folies de Cardénio, à la cour, le 30 décembre 1720; TARQUIN dans Scévole de DURYER, 18 juillet 1721; MERLIN dans les Vengeances de l'Amour, 4 décembre 1721; EURYALE dans la Princesse d'Elide, 14 février 1722; CHRYSALE, dans les Femmes savantes, à la fin de juin 1723; LE MYSTÈRE dans le prologue de le Divorce de l'Amour et de la Raison, 1er septembre 1723; L'EPINE dans l'Impertinent, 27 janvier 1724; GIFFLOT dans les Trois Cousines de Dancourt, 26 août 1724; MONSIEUR JOURDAIN, dans le Bourgeois gentilhomme, à la fin de février 1726; Momus dans Pastor fido, 7 septembre 1726; VALENTIN dans les Amants déguisés, 7 février 1728; PASQUIN dans le Fils ingrat de Piron, 21 octobre 1728; MORON dans la Princesse d'Elide, à la cour, le 4 décembre 1728; LaMONTAGNE dans l'Inconnu de T. Corneille, à la cour, en décembre 1728; PASQUIN dans l'Ecole des pères, de Piron, en 1728, et l'on croit que ce fut le dernier rôle qu'il créa; CHAMPAGNE dans la Mère coquette de Quinault, 6 janvier 1729; PASQUIN dans la Coquette de Baron, à la cour, en mars 1730; VALÈRE dans le Distrait, 11 juillet 1731; FRON TIN dans le Muet en 1731, et ce fut le dernier rôle qu'il joua.

Dans une comédie de Legrand, représentée en 1709 sous le titre de la Foire Saint-Laurent, Lathorillière imitait parfaitement un paradiste nommé Lerat; ce dernier riposta par une annonce inconvenante et fut mis en prison jusqu'à la fin de la foire; voici l'annonce de Lerat qui tenait un spectacle de tableaux changeants: « Vous y verrez << Lathorillière ivre, Baron avec la Desmares, Poisson qui tient un << jeu, Mademoiselle Dancourt et ses filles. Toute la cour les a vus, <«< tout Paris les a vus; on n'attend point, cela se voit dans le mo<<ment et cela n'est pas cher: vous serez contents, très-contents, <<< extrêmement contents, et si vous n'êtes pas contents, on vous ren« dra votre argent; mais vous serez contents, très-contents, extrê«mement contents. >>

Deux portraits de Lathorillière ont été gravés par Dubosc, d'après Watteau; ils paraissent le représenter dans un même rôle et vers l'âge de cinquante-cinq ans. Gillot nous a également laissé un portrait de cet acteur; autant que l'on puisse en juger par la petitesse de la figure, il devait être ressemblant, et pouvait représenter Lathorillière vers l'âge de soixante-quinze ans, en 1731. Au sujet de cette gravure, on fera observer qu'elle fait partie d'une collection de dix portraits en pied, que, dans les ventes publiques, on attribue toujours à Claude Gillot; en cela on commet une erreur évidente, car

cette collection renferme les portraits de quatre comédiens qui ne parurent qu'après la mort de Claude Gillot, arrivée en 1722; savoir: Armand qui débuta en 1723; Romagnési, en 1725; Montménil, en 1726; et Fabio, en 1733.

LATHORILLIÈRE (Mademoiselle Thérèse LENOIR de), née en 1660, fille de François de Lathorillière, joua le rôle d'UNE GRACE dans Psyché, au théâtre du Palais-Royal, en 1671. Sa réception au ThéâtreFrançais eut lieu à la rentrée de Pâques 1685; ainsi que celle de son mari, Florent Carton Dancourt, qu'elle avait épousé en 1680, et dont elle eut deux filles, dites Manon et Mimi, qui furent célèbres au théâtre par leur beauté. L'aînée, Manon, fut une actrice médiocre; la cadette, Mimi, eut beaucoup de talent. Mme Dancourt se retira le 19 mars 1720, et mourut le 11 mai 1725. On en parlait sous la dénomination de la Belle Dancourt, et l'on rapporte qu'elle joua les rôles d'amoureuses jusqu'à l'âge de soixante ans. Voici les rôles connus pour avoir été joués par Mme Dancourt: OEGIALE dans Psyché, aux Tuileries, en janvier 1671; ARAMINTHE dans l'Homme à bonnes fortunes, 30 janvier 1686; LUCILE dans la Coquette de Baron, 28 décembre 1686; ANGELIQUE dans le Joueur, 19 décembre 1696; CLARICE dans le Distrait, 2 décembre 1697; CRISÉIS dans Démocrite amoureux, 12 janvier 1700; GLICERIE dans l'Andrienne, 16 novembre 1703; JULIE dans le Curieux impertinent de Destouches, 17 décembre 1710. La robe que cette actrice imagina pour jouer GLICERIE, donna lieu à une mode qui fut portée fort longtemps; cette robe se nommait l'Andrienne.

L'ÉPY (GEOFFRIN, dit de), on écrivait L'Espy, était frère de Jodelet qu'il semble n'avoir jamais quitté. Cet acteur entra d'abord au Théâtre du Marais; en 1634, il passa à l'Hôtel de Bourgogne par ordre du roi, et, comme son frère, il était à Rouen en 1658. A la fin de cette année, il rentra au Théâtre du Marais; à Pâques 1659, il passa dans la troupe de Molière, au Théâtre du Petit-Bourbon, et se retira à Pâques 1663, âgé de plus de soixante ans, pour aller habiter sa terre de Vigray, près d'Angers. Il remplissait les rôles sérieux; tels que ceux de GORGIBUS dans les Précieuses ridicules et dans le Cocu imaginaire; d'ARISTE dans l'Ecole des Maris, à Vaux, le 12 juin 1661; de DAMIS dans les Fâcheux, à Vaux, le 16 août 1661; de CHRYSALDE dans l'Ecole des Femmes.

LONCHAMP (PITEL de). On possède dix-sept portraits ou costumes de cet acteur, dont plusieurs sont assez beaux et paraissent fort anciens, ce qui semble prouver qu'il aurait joué à Paris avec quelques succès; car les portraits des acteurs qui n'ont été qu'en province sont fort rares. Au bas d'un de ses portraits, il se trouve une biographie dans laquelle on dit qu'il débuta au Théâtre du Petit-Bourbon; et c'est en raison de cet unique renseignement que l'on comprend Lonchamp dans la troupe de Molière: ainsi, en cela, on n'agit que par conjectures, puisqu'un manuscrit d'une main inconnue n'a rien de certain. Personne n'a encore publié spécialement la biographie de Lonchamp; les renseignements que l'on trouve sur cet acteur sont épars, et ne sont pas toujours d'accord; d'où il résulte que l'on ne peut établir son histoire que d'une manière hypothétique : la voici telle qu'on la suppose.

Lonchamp naquit en France, et Jean Pitel de Beauval était son frère cadet. Lonchamp aurait débuté au Théâtre du Marais où il serait resté quelque temps; il serait ensuite entré dans la troupe de Molière (1659-1660), puis il l'aurait quittée pour aller jouer en province. Il devint directeur d'une troupe qui joua longtemps à Rouen, où il eut de grands succès, surtout dans le genre tragique. De là il conduisit sa troupe à Lyon où il fut personnellement peu goûté, à cause de son âge qui était un peu avancé. En 1676 ou 1677, il la mena à Londres, où il resta quinze à dix-huit mois, et revint ensuite en France. Enfin, il est probable qu'à son retour il entra à l'Hôtel de Bourgogne, où jouèrent son gendre et sa fille cadette jusqu'en 1680, et qu'il passa comme eux au théâtre Guénégaud; toutefois il n'y fut pas sociétaire.

La femme de Lonchamp était actrice en province avec son mari; et ses filles furent du Théâtre-Français. L'aînée, Anne Pitel de Lonchamp, épousa Michel Durieux; la cadette, Françoise, dite Fanchon Lonchamp, se maria à Jean-Baptiste Raisin: le talent et la beauté rendirent ce dernier couple célèbre. Sur plusieurs anciens portraits de ces acteurs le nom est écrit ROISIN.

MARTINE, la propre servante de Molière, joua le rôle de la Servante de cuisine, dans les Femmes savantes, le 11 novembre 1672.

MOLIÈRE (Armande-Grésinde-Claire-Elisabeth BÉJART, Madame), tel est le nom que les historiens lui ont toujours donné. D'après son acte de mariage et son acte de décès, elle aurait été la sœur de Made

leine Béjart, et serait née en 1645; mais, d'après de nombreux indices, il paraît certain qu'elle était la fille du comte de Modène et de Madeleine Béjart, comme l'ont dit tous les contemporains; que, trèsprobablement, elle naquit le 3 juillet 1638, et qu'elle se nommait Françoise de Modène : on ne peut rapporter ici tout ce qui a été dit sur ce sujet de discussion, qui a déjà donné lieu à plusieurs débats; on se bornera à citer plus loin quelques faits. Enfin, quoi qu'il en soit, les actes authentiques, c'est-à dire passés devant témoins, doivent prendre le pas sur les conjectures.

Ainsi, en 1657, suivant l'histoire, Armande rejoignit sa sœur Madeleine à Lyon, ou, plus probablement, à Nîmes, comme on le verra par la suite; puis, elle la suivit à Grenoble et à Rouen : dans cette dernière ville, d'après les dessins de la représentation de Psyché, dont il est parlé à l'article de Mme Hervé, on voit qu'elle aurait joué le rôle de VÉNUS de cette pièce.

En 1658, elle vint à Paris, et, soit alors, soit plus tard, elle fit partie de la troupe de Monsieur et de la troupe du Roi; enfin, le 20 février 1662, elle épousa Molière, et dès qu'elle fut mariée elle mena un train de duchesse. On croit généralement qu'elle ne monta sur le théâtre qu'après son mariage; mais il est probable que l'on se trompe: elle est citée comme ayant joué dans l'Ecole des maris et dans les Fâcheux, en 1661; de plus, on a sept vieux dessins à la sanguine, qui semblent être du temps, qui représentent des scènes de théâtre, et sur lesquels elle est désignée par le nom d'Armande Béjart, ce qui donne à penser qu'elle n'était pas encore mariée; enfin, si elle avait déjà commencé à jouer à Rouen, comme on l'a dit précédemment, il est à supposer qu'elle aura continué. Toutefois, on conteste qu'elle ait joué dans les Fâcheux, parce que, dans la Vengeance des marquis, en parlant de la nayade de la Coquille, on dit : Beaucoup de jeunesse dans un vieux poisson, ce qui designe Madeleine Béjart. Mais Loret, dans sa lettre du 20 août 1661, en parlant de cette nayade, dit une belle fille, ce qui convenait tout à fait à Armande qui était jeune et charmante, et fort peu à Madeleine, qui jouait depuis vingt-quatre ans, et qui avait alors quarante-trois ans. De plus, Loret dit que la nymphe de la Coquille remplissait un rôle dans la pièce: or, CLIMÈNE était jouée par Mme Debrie; ORANTE, par Mme Duparc; donc la nayade représentait ORPHISE, pupille de DAMIS, et ce rôle n'était pas de l'emploi de Madeleine. Ainsi, on pense qu'il convient de tirer l'interprétation dont il s'agit de Loret qui avait vu, plutôt que d'un critique qui ne cherchait qu'à dire des malices, et qui, peut-être, n'ayant pas vu, aura été

trompé par la conformité des noms, d'autant mieux qu'Armande n'était pas encore connue. Une lettre de Lafontaine à M. de Maucroix, et une chanson, font aussi mention de la nayade; mais les conjectures que l'on en peut tirer sont assez vagues; toutefois elles sont plutôt à l'avantage d'Armande qu'à celui de Madeleine : l'un dit: Peut-on voir nymphe plus gentille; l'autre : Voici la mère d'Amour.

Après la mort de son mari, en 1673, Mme Molière devint la directrice de la troupe, qui recommença ses représentations le 24 février 1673, par le Misanthrope, dont le rôle principal fut joué par Baron. Le 1er mars suivant, Mme Molière reparut sur la scène. Enfin, le 3 mars, on reprit le Malade imaginaire: Rosimont y remplit le rôle d'ARGAN; il sortait du théâtre du Marais, et s'était engagé pour reprendre les rôles de Molière. La salle du Palais-Royal ayant été retirée à Mme Molière, à la clôture de Pâques, 21 mars 1673, et la société de l'hôtel de Bourgogne lui ayant refusé de recevoir les débris de la troupe de son mari, elle eut recours aux bontés du roi, qui lui accorda l'autorisation de s'établir à la salle de la rue Mazarine, dite théâtre Guénégaud, construite pour l'Opéra, en 1671, en ordonnant en même temps que sa troupe se réunît à celle du théâtre du Marais, qui fut démoli. Le théâtre Guénégaud ouvrit le 9 juillet 1673 par le Tartuffe ; il était sur l'emplacement du passage actuel du PontNeuf.

Le 31 mars 1677, Mme Molière se remaria à Isaac-François Guérin d'Estriché, comédien qui, comme elle, faisait partie du théâtre Guénégaud, et dont elle eut un fils en 1678. A la réunion des théâtres, du 25 août 1680, Mme Guérin fut conservée : la nouvelle troupe ouvrit par Phèdre et les Carosses d'Orléans; la lettre de cachet qui confirma cette réunion fut du 22 octobre 1680; Mme Guérin se retira le 14 octobre 1694, et mourut, rue de Touraine, le 30 décembre 1700; on l'inhuma à la paroisse Saint-Sulpice. Après la mort de Molière, la légèreté de sa conduite et son second mariage lui attirèrent la déconsidération publique. Son nouveau mari l'obligeait de vivre à Meudon, où elle n'avait que ses enfants pour toute distraction.

Mme Molière était fort jolie, gracieuse, avait une voix charmante, chantait avec goût et parlait l'italien; elle joua même dans cette langue en 1682. Elle avait la taille médiocre, mais bien prise; un air nonchalant, mais très-engageant; les yeux petits, pleins de feu et touchants; la bouche grande et plate, mais attrayante; une conversation charmante, et se distinguait par le bon goût et par la magnificence de ses parures. Enfin, elle remplissait les rôles de distinction

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