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JEAN, né le 1er octobre 1624, marié le 16 janvier 1656 à Marie Maillard, mort le 6 avril 1660, valet de chambre du roi;

JEAN, né le 1er octobre 1624, marié en septembre 1649 à Anne de Faverolles, mort le 8 septembre 1692, bourgeois de Paris;

JEAN, né le 1er octobre 1624, marié à Anne de Faverolles, dont il eut 16 enfants; MARIE, née le 10 août 1625, mariée le 15 janvier 1651 à André Boudet, tapissier, morte le 18 mai 1665;

NICOLAS, né le 13 juillet 1627;

MARIE, née le 12 juin 1628;

JEAN, né en 1629 ou 1630, marié le 16 janvier 1656 à Marie Maillard, mort le 6 avril 1660, tapissier du roi;

ROBERT, né de 1630 à 1632, théologien, mort en décembre 1714 ou janvier 1715; CATHERINE, née le 16 mars 1634, premier enfant de Catherine Fleurette; MARGUERITE, née le 15 novembre 1636.

D'abord, dans cette liste, on voit figurer Jean, né en 1624, avec deux femmes et deux décès. S'il se maria à Anne de Faverolles en 1649, à Marie Maillard en 1656, et qu'il mourut en 1692, il put avoir 16 enfants; mais qui n'auraient pas tous été d'Anne de Faverolles, comme on le dit. Quant aux deux décès, on ne peut pas les rapporter au même homme. Ainsi voilà au moins une erreur! Passons à d'autres.

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Dans cette même liste on voit six garçons et quatre filles. Or, est-il croyable que sur six frères, on ait donné exactement le même nom à trois d'entre eux? Le premier étant mort avant la naissance du second, celui-ci aura pu recevoir le nom du défunt; mais le second n'était pas mort quand le troisième vint au monde, puisqu'on le dit mort en 1660 et en 1692: d'où on conclut que ce même nom de Jean ne fut pas donné à un frère de 1629-1630. Jean Poquelin, né en 1624, marié en 1656, mort, valet de chambre du roi, en 1660, était certainement un frère de Molière, car ses actes de baptême et de mariage le disent fils de Jean Poquelin et de Marie Cressé; mais en est-il de même pour Jean Poquelin, né en 1629-1630, marié en janvier 1649, mort le 8 septembre 1692? C'est ce que personne ne dit! Et comme les deux premières dates ne sont pas précises, et que, dans les actes de décès, on n'indiquait pas le nom du père du défunt, on en conclut que les auteurs ont donné des conjectures pour des certitudes, et que la naissance, le mariage, la mort dont il s'agit, doivent se rapporter à un Jean Poquelin d'une autre branche que celle de Molière, peut-être à un de ses cousins qui aura été le père des seize enfants mentionnés. Enfin, on fera encore observer que le mariage de 1651 et le décès de 1665 doivent être reportés à Marie Poquelin née en 1628, et non à sa sœur de 1625, parce qu'il est probable que celle-ci était morte quand l'autre vint au monde.

Le père de Molière se maria deux fois. Pendant tout le temps que ses deux femmes vécurent, il habita la même maison: donc tous ses enfants durent être baptisés à Saint-Eustache sa paroisse. Or, sur le registre de cette paroisse, il n'existe aucun Jean Poquelin né de 1628 à 1636, époques du baptême du dernier enfant de Marie Cressé, sa première femme, et de la mort de Catherine Fleurette, sa seconde. On doit donc regarder que Jean, né en 1629 ou 1630, n'a jamais existé, ou bien que ce n'était pas un frère de Molière. On peut objecter à cette conclusion qu'il y avait un Robert Poquelin, né de 1630 à 1632, que l'on connaît parce qu'il a figuré dans les actes de mariage des enfants d'un frère de Molière qu'il traite de nièce et de neveu, et que l'acte de baptême de cet oncle n'existe pas non plus sur les registres de la paroisse Saint-Eustache; mais on répondra que ce Robert Poquelin, que l'on ne connaît que par les actes de mariage d'un neveu et d'une nièce, pouvait être un parent qui aurait épousé une des sœurs de Molière, par conséquent un beau-frère, et non pas un frère de Molière, comme on le prétend. La famille des Poquelin était très-nombreuse : un seul Robert Poquelin, parent de Molière, donna le jour à vingt enfants. Peut-être son fils aîné, portant le prénom de son père, aura-t-il épousé une sœur de Molière. Il résulte de tout cela que le nombre des enfants connus du père de Molière se réduit à huit, Molière y compris ou non compris.

Enfin, pour en revenir à la naissance de Molière, sujet principal de cette dissertation, récapitulons. Si on le suppose né en 1622, ses contemporains et Baron, son enfant d'adoption, n'auraient pas connu son âge; il aurait été valet de chambre du roi à quinze ans, il aurait changé de nom sans motif, il serait mort en nourrice, les descendants de sa famille l'auraient renié, eux qui devaient s'en faire gloire: tous ces faits sont invraisemblables, tandis que, s'il naquit en

1620, tout devient naturel.

II. — Au sujet d'un grand homme tout doit intéresser; on pense donc qu'une dissertation sur la figure et sur les portraits de Molière que l'on nous a transmis ne sera pas ici déplacée. On commencera par annoncer qu'on a sous les yeux cent soixante-quatre portraits ou costumes de Molière, tant bons que mauvais, dont trente-cinq gravures et cent vingt-neuf dessins ou peintures, non compris ceux qu'on a vus dans plusieurs cabinets publics ou particuliers, et que les réflexions que l'on va présenter résultent d'une comparaison soigneuse de tous ces documents.

Selon Mm Poisson (Marie-Angélique Ducroisy), « Molière n'était

« ni trop gras, ni trop maigre; il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle, l'air sérieux, le nez gros, << la bouche grande, les lèvres épaisses, les sourcils noirs et forts et « le teint brun. Il marchait gravement et donnait à ses sourcils un << mouvement qui rendait sa figure extrêmement comique. >>

Molière porta la moustache pendant une partie de sa carrière ; il paraît l'avoir prise vers 1663, et l'avoir conservée jusqu'à sa mort. En comparant ses portraits, on remarque, dans tous ceux qui ont été faits depuis le commencement du dix-huitième siècle, que la moustache est un peu plus longue, plus forte, autrement placée que dans les portraits qui semblent provenir de son siècle. En outre, dans les portraits postérieurs à son époque, la moustache est toujours entièrement retroussée; tandis que, dans les anciens, la moustache, le plus souvent, tombe naturellement, ou, quand elle s'y trouve relevée, ce n'est que par les bouts. Cette différence provient très-probablement, comme on le dira plus loin, de ce que, par erreur, vers 1722, on prit pour Molière le portrait d'un autre homme qui lui ressemblait. On pense donc que Molière avait une courte moustache très-étroite, peu garnie; qu'habituellement il la laissait tomber naturellement, surtout au théâtre, et que rarement il en relevait les extrémités. Dans six portraits à l'huile et dans deux miniatures sur vélin qui paraissent être de son temps, on voit que sa moustache était châtainclair, ainsi que ses sourcils, dont la grosseur n'avait rien de remarquable; toutefois, vers 1670, les sourcils se renforcèrent, s'épaissirent dans la gravure de Nolin on remarque le commencement de ce changement, qui survient parfois avec l'âge. Enfin il est très-probable que, pour entrer en scène, il se peignait la moustache en descendant sur les coins de la bouche, et le fait paraît certain au moins pour trois rôles.

Dans le Tartufe, où Molière remplissait le rôle d'ORGON, on parle de la large barbe qu'il a au milieu du visage: bien certainement cela ne pouvait se rapporter à la petite moustache châtain-clair qu'il avait naturellement.

Boileau voulant engager Molière à cesser de jouer la comédie, parce que l'Académie posait cette condition pour l'admettre dans son sein, Molière répondit que le point d'honneur l'en empêchait. « Quel point d'honneur (répliqua Boileau)? Quoi! vous barbouiller « le visage d'une moustache de Sganarelle, pour venir sur un théâtre << recevoir des coups de bâton! » Cette moustache, qui vint à la pensée de Boileau, était en effet assez extraordinaire pour attirer

l'attention; elle était très-large et descendait carrément de chaque côté de la bouche presque jusqu'au menton; on la voit dans une gravure en pied de Simonin intitulée Véritable portrait de M. de Molière dans Sganarelle. Cette gravure est sans doute une caricature du temps que l'on aura faite contre Molière. A peu près la même moustache que celle de la caricature, se trouve reproduite partout dans les vignettes de la première édition des OEuvres de Molière publiée en 1682; mais on pense que l'auteur des vignettes a commis une erreur, sans doute à cause du peu d'importance que l'on attache aux ouvrages de ce genre, qui ne donnent ordinairement que des figures de fantaisie. Ce qui fait croire qu'il y a erreur et que Molière ne portait cette affreuse moustache que dans le Médecin malgré lui, c'est qu'on ne la retrouve dans aucun des nombreux dessins qui représentent Molière dans ses costumes de théâtre. Dans le Mariage forcé, Sganarelle reçoit aussi des coups de bâton; mais le costume de la gravure de Simonin ne semble pas se rapporter à ce rôle.

Enfin, dans le portrait de grandeur naturelle qui représente Molière dans le rôle d'HARPAGON, et dont on a tiré une des gravures qui sont jointes à cette brochure, on distingue fort bien les poils de la moustache et le noir que Molière y mettait pour la renforcer; les poils sont marqués au crayon fin, le noir est fait à l'estompe dans la gravure on ne pouvait faire ressortir cette différence faute d'espace.

Quant aux sourcils, il devait nécessairement se les peindre, puisqu'il comptait tirer un effet comique de leur mouvement; dans leur couleur naturelle, ses sourcils n'auraient presque pas été aperçus par les spectateurs. Ce sont ces sourcils peints qui, sans doute, auront fait dire à Mme Poisson qu'il les avait noirs et forts. Mme Poisson avait quinze ans quand Molière mourut; elle n'aura dû avoir que peu d'occasions de le fréquenter à la ville, mais elle aura pu le voir très-souvent au théâtre. Ce sera là que les sourcils de Molière l'auront frappée, et, vu son jeune âge, elle ne se sera pas rendu compte du motif de leur force ni de leur couleur. Du reste, comme on l'a dit, les sourcils de Molière se renforcèrent dans ses deux dernières années.

A l'égard du nez, de fortes raisons font penser qu'il l'avait aquilin. Un profil appartenant à la collection des quarante-un dessins dont il sera parlé à l'article de Mme Hervé, et que l'on regarde comme donnant de bons portraits, le représente avec un nez de cette forme; dans tous les cas ce nez est d'accord avec Mme Poisson: c'est un nez gros. Dans plusieurs portraits, assez nombreux, la plupart de

face, mais parmi lesquels il se trouve quelques profils, on remarque la même forme de nez plus ou moins prononcée, sans doute parce que dans des portraits de face un nez aquilin doit à peu près disparaître.

A cette brochure on joint un fac-simile du profil dont il s'agit, comme étant un objet de curiosité. Les trois portraits de face, que l'on y met également, sont tirés : le plus jeune, d'une belle miniature à l'huile, sur cuivre, de la même grandeur que la gravure, et qui représente, dit-on, Molière à vingt-cinq ans ; le plus vieux, d'un portrait à l'huile de grandeur naturelle, fait très-peu de temps avant la mort de Molière; enfin celui qui le représente dans le rôle d'HARPAGON, d'un portrait de grandeur naturelle, fait à l'estompe, aux trois crayons et signé Sophie Chéron. Ce dernier portrait est celui qui offre le plus de garanties sous le rapport de la ressemblance, parce que l'on en possède un grand nombre d'autres qui à peine en diffèrent, et qui semblent avoir été faits à des époques très-rapprochées du temps de ce dernier portrait, soit avant, soit après; enfin on le croit ressemblant parce que l'on a encore un petit dessin à la sanguine, sans doute de la même époque, qui représente Molière dans ce même rôle d'HARPAGON, et qui donne le même costume et la même figure que le portrait en question : l'exactitude de la ressemblance paraît donc indubitable. Les deux autres portraits de face dont on a tiré les gravures sont également considérés comme étant très-bons, bien qu'on ne les mette pas au premier rang. Peut-être même le portrait en miniature à l'huile est-il celui qui devrait inspirer le plus de confiance, quoique l'on n'ait que la gravure de Beauvarlet pour point de comparaison, parce qu'il fut fait en 1646, quand Molière quitta sa famille; qu'il pourrait être que ce fût un souvenir qu'il lui eût laissé, et pour lequel il eût posé. Il n'était pas alors dans sa gloire, tandis que plus tard les autres portraits auront bien pu se faire de souvenir, comme cela se pratique, la plupart du temps, pour les acteurs en renom. Quant au troisième portrait, celui de 1672, on en possède encore quatre autres qui en diffèrent très-peu : deux de ces derniers semblent avoir été faits antérieurement et deux postérieurement. Ces trois portraits ont été choisis aux points où les variations de la figure de Molière ont présenté les différences les plus tranchées.

Quant à sa figure, sous le point de vue de la forme, elle était ovale et presque maigre vers 1646; elle s'est ensuite engraissée peu à peu; en 1668, elle était pleine et ronde; puis elle s'est ridée, tout à

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