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dans l'École des Femmes, le 4 mai 1663, en visite chez un personnage que l'on ne nomme pas; OLYMPIE dans Policrate, au Théâtre du Marais, le 19 janvier 1670; CHRYSÉIS dans les Amours de Vénus et d'Adonis, 2 mars 1670; AGLAURE dans Psyché, aux Tuileries, en janvier 1671; LA COMTESSE D'ESCARBAGNAS, à SaintGermain-en-Laye, le 2 décembre 1671.

Pendant le temps qu'elle resta au Théâtre du Marais, Marotte eut un différend avec Catherine des Urlis, et se mesura avec elle,. l'épée à la main, sur le théâtre même, après la fin de la pièce.

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CONJECTURES.

I. Dans les dessins de la pièce de Psyché, dont il sera parlé à l'article de Mme Hervé, il se trouve deux portraits intitulés Beaupré aînée et Beaupré cadette; il y avait donc trois demoiselles Beaupré, en y comprenant la tante des deux premières, qui semble n'avoir jamais quitté l'hôtel de Bourgogne, quoi qu'en dise Tallemant des Réaux. En comparant les deux dessins que l'on vient de citer avec les portraits de Marotte, on peut croire que celle-ci était la cadette; l'aînée jouait dans Psyché le rôle de FLORE, la cadette représentait UNE MUSE. Mlle Marotte, après avoir fait partie de la troupe de Molière, à Rouen, en 1658, entra au Théâtre du Marais, selon toute apparence, à Pâques 1659; or, comme on dit qu'une demoiselle Beaupré joua en Hollande, ce pouvait être l'aînée, puisque les deux autres ne paraissent pas avoir quitté Paris. Enfin, le chevalier de Mouhy cite trois demoiselles Beaupré dans son Histoire du Théâtre-Français. Il est vrai qu'il confond évidemment Marotte avec sa tante, car il leur attribue les mêmes faits; quant à la troisième, il dit seulement qu'elle joua le rôle de DORINE dans le Tartufe en 1658; encore ici il est probable qu'il fait confusion avec Marotte, puisque celle-ci vint à Paris, et que l'on n'a jamais fait mention de sa sœur de sorte que tout ce que l'on peut conclure de ce que le chevalier de Mouhy avance, c'est qu'il avait connaissance de trois demoiselles Beaupré, et qu'en effet elles paraissent avoir existé.

II.- Dans l'histoire de Mlle Marotte on a admis deux faits qui peuvent paraître douteux : son admission dans la troupe du roi et son duel. Comme Molière, dès 1663, la faisait jouer accidentellement en la payant au jour, et qu'elle était encore au Théâtre du Marais en 1673, un auteur, dont l'opinion est d'un grand poids, pense qu'elle ne quitta ce dernier théâtre qu'à l'époque de sa retraite (1673).

Cependant, tous les autres auteurs disent qu'elle fit partie de la troupe du roi, de Pâques 1670 à Pâques 1672; de plus, à l'occasion de deux pièces nouvelles données à la cour, en janvier et en décembre 1671, elle créa des rôles dans ces pièces; or, il semble peu probable que Molière ait fait créer des rôles à une actrice qui n'ait pas été de sa troupe; c'était s'engager à l'employer toutes les fois que les pièces se donneraient, et c'eût été un engagement inutile, car il devait avoir un nombre d'actrices suffisant, sans compter Hubert, qui pouvait jouer un des rôles dont-il s'agit: LA COMTESSE D'ESCARBAGNAS, qui était de son emploi. C'est en raison de ces observations que l'on a admis Mlle Marotte dans la troupe du roi. On a encore posé en doute que cette actrice ait représenté LA COMTESSE D'ESCARBAGNAS, parce que Robinet dit qu'elle était très-jolie; sans doute elle était telle en 1658, quand elle vint à Paris; mais en décembre 1671, sa figure pouvait se trouver en rapport avec ce rôle : LA COMTESSE peut être une femme d'environ trente-cinq ans, encore jolie; elle a un fils de quatorze à quinze ans, et pense à se remarier. Passons maintenant à la question du duel.

Tallemant des Réaux rapporte que Mlle Beaupré la tante, actrice du Théâtre du Marais, étant vieille et laide, et par suite d'une dispute avec une jeune actrice, dans laquelle elles s'étaient dit leur fait, proposa à cette dernière de se battre à l'épée; celle-ci crut que ce duel n'était qu'un badinage; mais Mlle Beaupré, y allant sérieusement, la blessa au cou: on fut obligé de les séparer. Tallemant ajoute que Mile Beaupré, depuis six ans, a quitté le Théâtre du Marais, et qu'elle joue présentement en Hollande. Enfin, après avoir donné ces détails et quelques autres, il parle du mariage de Molière avec Madeleine Béjart: d'où on conclut que Tallemant écrivait postérieurement à 1662, et qu'il était fort peu au courant du théâtre.

Mlle Beaupré la tante était la seconde actrice de l'hôtel de Bourgogne en 1634; elle avait le pas sur Mlle Valliot, laquelle y était entrée en 1630, et marchait après Mme Bellerose, dont le mari, en 1629, était un des plus anciens acteurs et le directeur de ce théâtre; il est donc probable, d'après cela, qu'en 1630 Mlle Beaupré avait au moins vingt-cinq ans. Ainsi, suivant Tallemant, elle aurait joué à Paris au moins jusqu'à l'âge de cinquante-deux ans, après quoi elle aurait été débuter en Hollande, où elle jouait encore à cinquante-huit ans : tout cela n'est pas impossible, mais c'est un cas fort rare. Maintenant, l'actrice avec laquelle elle se mesura était la belle-sœur de Brécourt, Catherine des Urlis, qui devait être fort jeune quand

Mile Beaupré quitta Paris (1656); puisque Brécourt mourut par accident en 1685, encore assez jeune, que sa femme, suivant les probabilités, devait être moins âgée que lui, et que sa belle-sœur devait avoir un âge approchant de celui de sa femme. Or, il semble peu probable qu'une actrice dans la cinquantaine se prenne de dispute avec une actrice de vingt ans peut-être; attendu que les disputes de femmes ne peuvent guère avoir pour motif qu'un sujet de galanterie. D'où on suppose que le duel eut lieu entre Mile des Urlis et Mile Marotte, sa contemporaine, comme le disent tous les autres auteurs; si Mlle Marotte était sage, comme on le prétend, de mauvais propos sur son compte auront dû la mettre en colère; du reste, comme on l'a vu, Tallemant était peu au courant du théâtre: son chapitre sur ce sujet semble renfermer de nombreuses erreurs, telles que de faire de Molière le mari de Madeleine, et de Mlle Beaupré une actrice du Théâtre du Marais. Enfin, on dit que Mlle Beaupré la tante avait épousé Verneuil; elle devait être née vers 1600-1605, et Verneuil, le frère de Lagrange, mourut en 1707; d'où on pense que le mari de Mlle Beaupré était un autre Verneuil plus ancien, dont le frère de Lagrange aura pris le nom.

III. — Les auteurs disent que Mlle Beaupré, la tante, fut une des premières femmes qui aient paru sur la scène; en cela ils pourraient se tromper de beaucoup: on ignore à quelle époque elle débuta; mais on vient de voir que ce ne devait pas être bien avant 1630; or, on cite plusieurs autres actrices qui paraissent avoir été plus anciennes. Marie Vernier, femme de Mathurin Lefèvre, dit Laporte, directeur du Théâtre du Marais, parut sur ce théâtre, sans doute, dès l'origine; elle devait faire partie de la troupe qui le forma, et qui depuis longtemps auparavant parcourait la province. Cette troupe, si l'on veut s'en rapporter à douze vieux portraits, auxquels se trouvent jointes des notes manuscrites, aurait eu pour directeur Pierre Vernier, lequel aurait fondé le Théâtre du Marais en 1694. Ce directeur aurait eu deux filles, Marie Vernier et Rosalie Vernier, actrices dans sa troupe; en 1600 il aurait quitté le théâtre pour aller vivre à Nantes, où il serait mort le 30 décembre 1610; et, en partant, il aurait cédé la direction du théâtre à son gendre Laporte.

En 1616, l'abbé de Marolle parle de Marie Vernier comme d'une actrice qui est sur la fin de sa carrière; et deux portraits que l'on a d'elle annoncent qu'elle joua étant jeune, et qu'elle devint trèsvieille on peut mettre sur ces portraits les âges de trente et de

soixante-dix ans. Etait-ce la seule femme de ce théâtre? c'est ce que l'on ignore; mais comme le chevalier de Mouhy dit qu'elle en était la plus ancienne actrice en 1600, et que la même indication se trouve écrite sur un des portraits de Marie Vernier, on doit en conclure que plusieurs autres femmes y jouaient en même temps qu'elle. La fille de Tabarin, femme de Gaulthier-Garguille, était actrice; les auteurs disent que son mari jouait au Théâtre du Marais en 1598; ce qui donne à penser, de rechef, que ce théâtre existait avant 1600, quoique cette date soit celle que l'on fixe pour son origine. On ne sait si la femme de Gaulthier-Garguille était à ce théâtre en même temps que son mari; mais celui-ci et sa femme jouèrent à l'hôtel de Bourgogne jusqu'en 1634, et ils y étaient entrés au commencement du dix-septième siècle, avant Mile Beaupré. Mme Boniface était de ce dernier théâtre vers 1600; la femme de Gros-Guillaume y était également en même temps que son mari, mort en 1634; elle s'en retira à cette époque, elle y était entrée vers 1617.

Du reste, l'apparition des femmes sur les planches semble remonter à des temps bien plus reculés, ainsi qu'on le voit par de vieux dessins. Ces dessins, au nombre d'environ deux cent cinquante, représentent les acteurs qui ont joué dans sept mystères; mais, quoique très-anciens, il est certain qu'ils ne sont pas du temps; sur les dessins qui se rapportent au Mystère de l'Incarnation, il est écrit qu'ils ont été tirés d'un manuscrit de la bibliothèque de Rouen; d'où il est probable que les autres dessins ont une origine analogue. Une remarque que l'on peut faire dans ces dessins, et qui donne à croire que les figures qui s'y trouvent ne sont pas de fantaisie, c'est, premièrement, que les dessins qui se rapportent à un même mystère sont tous du même genre, sur le même papier et de la même main; secondement, que tout cela diffère pour deux mystères différents; troisièmement, que, parmi les acteurs qui s'y trouvent représentés, il y en a plusieurs qui ont joué dans deux mystères, et que les figures correspondant au même nom d'acteur se ressemblent: donc ces dessins paraissent être des portraits. Tous les noms des rôles indiqués sur ces dessins sont exactement ceux des personnages .des mystères; quant aux noms des acteurs, on n'a pu en vérifier aucun, parce que les anciens manuscrits des mystères que l'on a dans les bibliothèques de Paris n'en parlent pas. Tout ce qui pourrait faire croire que ces noms ne sont pas inventés à plaisir, c'est que, parmi les nombreux portraits que l'on a des acteurs qui ont joué dans les morali

tés, dans les sotties et dans les farces, on en retrouve un assez bon nombre qui portent les mêmes noms que ceux des mystères, et l'on sait que les familles d'acteurs se perpétuent au théâtre ces dessins n'ont donc pas tout le cachet d'ancienneté désirable; néanmoins on va présenter plusieurs réflexions à ce sujet.

D'après ces dessins, où se trouvent les noms des acteurs et la désignation des rôles qu'ils ont remplis, ont voit qu'au xve siècle beaucoup de femmes jouèrent dans les mystères, soit des rôles de femmes, soit des rôles d'anges. Beaucoup d'autres vieux portraits montrent qu'au xvre siècle les femmes jouaient parmi les clercs de la basoche, parmi les Enfants-sans-Souci; qu'elles parurent sur les tréteaux des places publiques; enfin, on a des costumes de femmes qui auraient joué dans les comédies de Marguerite de Navarre, vers 1540. Cet usage existant de longue date, il est bien probable qu'il se sera perpétué sans interruption jusqu'à nos jours. Tous les vieux dessins dont on vient de parler font partie d'une très-nombreuse collection théâtrale, que l'on a achetée il y a longtemps; M. D......., qui l'a vendue, disait l'avoir acquise des héritiers du chevalier de Mouhy, et que ce dernier l'avait eue lui-même d'un grand personnage de la cour de Louis XIV: un duc dont le nom a été dit, mais il n'a pas été

retenu.

Dans le xvIIe siècle, les hommes jouaient des rôles de femmes; mais il n'est guère probable qu'ils aient représenté des amoureuses ou des jeunes femmes. Les rôles de femmes cités comme ayant été remplis par des hommes, sont tous des rôles de nourrices ou de vieilles ridicules. Du reste, c'est en 1634 que P. Corneille introduisit pour la première fois, et d'une manière obligée, des rôles de femme dans la comédie, en remplaçant les nourrices, rôles d'homme, par des soubrettes; probablement Mile Beaupré, la tante, aura rempli dès l'origine un de ces rôles; ce qui aura fait dire qu'elle fut une des premières femmes qui aient paru sur la scène : on se sera mal expliqué et voilà tout.

BEAUVAL (Jean PITEL, sieur de), d'abord moucheur de chandelles à Lyon dans la troupe de Paphetin, débuta dans cette troupe à l'époque de son mariage, en 1669, puis il entra dans la troupe du roi en 1670, environ deux mois après Pâques. Après la mort de Molière, à Pâques, fin de mars 1673, il passa à l'hôtel de Bourgogne, et fut conservé, le 25 août 1680, à la réunion des deux troupes. Retiré le 8 mars 1704, et mort le 29 décembre 1729. Il avait épousé

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