페이지 이미지
PDF
ePub

Mme Duparc mourut le 11 décembre 1668. On la trouvait très-jolie et gracieuse, elle tournait toutes les têtes; elle jouait la comédie, la tragédie et dansait d'une manière très-remarquable; elle fut l'une des premières femmes qui dansèrent sur la scène : c'était l'actrice la plus parfaite de la troupe dans les deux genres, et Molière en faisait grand cas. Molière, les deux Corneille, La Fontaine et Racine furent épris des charmes de Mme Duparc; mais il semble que le dernier seul ait été écouté. Quand il était question de cette actrice, on l'appelait la marquise, à cause de son grand air; son port d'impératrice, dit Loret. Voici plusieurs rôles qu'elle joua: HIPPOLYTE dans l'Etourdi; CATHOS dans les Précieuses ridicules; CÉLIE dans le Cocu imaginaire; LA NUIT dans les Amours de Diane et d'Endymion, 25 juin 1660; DONE ELVIRE dans Don Garcia de Navarre; ORANTE dans les Fâcheux, à Vaux, le 16 août 1661; CLIMÈNE dans la Critique de l'École des femmes; MADEMOISELLE DUPARC dans l'Impromptu de Versailles, 14 octobre 1663; DORIMÈNE dans le Mariage forcé, au Louvre, le 29 janvier 1664; LE PRINTEMPS le 7 mai, et ALCINE le 9 mai, à Versailles en 1664, dans les Plaisirs de l'Ile enchantée; AGLANTE dans la Princesse d'Elide, à Versailles, le 8 mai 1664; ELVIRE dans le Festin de Pierre; ARIANE dans Alexandre, 12 décembre 1665; ARSINOÉ dans le Misanthrope; MÉLICERTE, à Saint-Germain-en-Laye, le 2 décembre 1666; HERO dans Léandre et Héro, à l'hôtel de Bourgogne, le 15 août 1667; AnDROMAQUE le 10 novembre 1667.

FINET joua le rôle de CRIQUET dans la Comtesse d'Escarbagnas, à Saint-Germain-en-Laye, le 2 décembre 1671.

GAUDON joua LE COMTE dans la comtesse d'Escarbagnas, à SaintGermain-en-Laye, le 2 décembre 1671, et l'on ne sache pas que ce jeune homme ait reparu plus tard sur la scène.

HERVÉ (Geneviève BEJART, Madame), le nom s'écrivait Herué, naquit à Paris, paroisse St-Paul, le 2 juillet 1624. Il est très-probable que Geneviève fit partie de la troupe de l'Illustre Théâtre, organisée par Madeleine Béjart, sa sœur, en 1645; car on dit qu'elle parut déjà à cette époque. On la voit ensuite figurer, sous le nom d'Hervé, dans la distribution des rôles d'Andromède, qui, selon toute apparence, fut jouée à Lyon en 1653; on la retrouve encore à Rouen en 1658 : d'où on conclut qu'à partir de 1645, elle suivit sa sœur et Molière jusqu'à l'arrivée de ce dernier à Paris en 1658; car on sait positive

ment que Geneviève Béjart, dès l'origine, fit partie de la troupe de Monsieur.

Le 27 novembre 1664, Mme Hervé épousa Léonard de Lomény de La-Ville-au-Brun; et, le 19 septembre 1672, Jean-Baptiste Aubry, maître paveur et auteur dramatique, mort le 20 mai 1692 : jusqu'à l'époque de ce dernier mariage, elle fut connue au théâtre, à Paris, sous le nom de Mademoiselle Hervé. D'après un ancien portrait, auquel se trouve jointe une biographie, un acteur de ce même nom aurait débuté au théâtre du Marais; mais, comme il ne se serait retiré qu'en 1680, année de la réunion des théâtres, ce ne pouvait être son mari.

:

En 1673, Mme Aubry passa au théâtre Guénégaud, et mourut le 3 juillet 1675, après une maladie de trois années. Elle ne laissa point d'enfant. Elle jouait plusieurs sortes de rôles, mais peu importants, tels que MADEMOISELLE HERVÉ, dans l'Impromptu de Versailles, le 14 août 1663; ARISTIONE dans les Amants magnifiques, à Saint-Germain-en-Laye, le 7 septembre 1670; NERINE dans les Fourberies de Scapin; BELISE le 11 mars 1672, puis PHILAMINTE, dans les Femmes savantes. D'après deux anciens dessins, elle aurait encore joué DORIMÈNE dans le Bourgeois gentilhomme, et FROSINE dans l'Avare.

CONJECTURES.

Le titre de MADAME, que l'on donne à cette actrice, doit faire croire qu'elle s'est mariée trois fois. Les auteurs la désignent sous le nom de Mademoiselle Hervé ; mais à son époque c'était l'usage de nommer ainsi les actrices mariées. Ce qui a fait adopter le titre de MADAME, c'est que M. Reigner, dans son histoire du théâtre, insérée dans Patria, le lui donne; et que ce même titre se trouve écrit sur un ancien portrait de cette actrice. Ce portrait fait partie d'une collection de quarante-un dessins, tous de la même main et sur le même papier, relatifs à une même pièce qui, suivant toute probabilité, aurait été donnée à Rouen en 1658, quand les troupes de Molière et de Ducroisy y étaient réunies, comme on l'a dit à l'article de ce dernier. Dans ces portraits, contrairement à l'usage du temps, on appelle MADAME les actrices qui ont été mariées. Cette pièce avait pour titre Psyché, et, d'après le caractère de sept personnages, on voit qu'elle devait différer de la Psyché représentée au palais des Tuileries en janvier 1671. Ainsi, le personnage de ZEPHIR joué par Molière aux Tuileries, non plus que celui de JUPITER joué par Ducroisy, ne figurent pas dans les dessins de la représentation de Rouen, où Molière remplissait le rôle

de VULCAIN et Ducroisy celui d'EGIALE. Cinq autres personnages, et peut-être plus, étaient représentés par des femmes, dans l'une, et dans l'autre par des hommes: c'est-à-dire que tous les noms sont restés les mêmes; mais qu'ils ont été affectés tantôt à un personnage masculin, tantôt à un féminin. D'ailleurs ces différences s'expliquent facilement, puisque la pièce de Psyché donnée à Paris fut faite en majeure partie par P. Corneille; il est vrai qu'il l'écrivit d'après les données de Molière; mais Corneille aura pu les modifier: ces données pouvaient être la Psyché jouée à Rouen, qui était peut-être en prose et qu'il s'agissait de mettre en vers. Du reste, on a été en position de reconnaître plusieurs fois, que les profils donnés par les quarante-un dessins dont il s'agit, étaient bien ceux des personnes que l'on y désigne; de sorte que cette collection doit inspirer de la confiance sous le rapport de la ressemblance.

On a dit plus haut que, suivant toute probabilité, Psyché aurait été jouée à Rouen en 1658. Voici en quoi consistent ces probabilités. Premièrement, parmi les artistes qui sont désignés sur les dessins, on voit d'abord figurer toute la troupe de Molière; ensuite quelques artistes qui jouaient en province à cette époque, et que l'on suppose avoir fait partie de la troupe de Ducroisy; enfin des noms inconnus. Or, presque tous ceux de ces artistes connus sont entrés à la fin de 1658, ou à Pâques 1659, dans les différents théâtres de Paris: Villiers à l'hôtel de Bourgogne; Jodelet, l'Epy, Hubert et Marotte-Beaupré, au théâtre du Marais; Ducroisy et sa femme, au Petit-Bourbon. Quand Molière quitta Rouen, il est donc probable que la troupe de Ducroisy, n'osant pas reprendre à elle seule ses représentations, se sera dissoute l'itinéraire des acteurs connus pouvant se suivre, on pense qu'il n'y a pas erreur dans l'hypothèse précédente. Quant aux acteurs inconnus, ils seront restés en province, et, n'ayant pas joué à Paris, personne n'en aura parlé.

Secondement, quarante-un artistes forment un personnel beaucoup plus fort que celui d'une troupe ordinaire de campagne; or, on ne sache pas qu'autre part qu'à Rouen, Molière ait réuni une autre troupe à la sienne l'association momentanée qu'il fit à Nantes avec Dufresne ne pouvant pas être comptée.

Troisièmement, en comparant les biographies des acteurs qui figurent dans les dessins dont il s'agit, on voit qu'ils n'ont pu se trouver tous réunis qu'en 1658 et en province. Ainsi les probabilités qui font regarder Rouen comme étant le lieu de la représentation de cette Psyché sont concluantes.

Voici les noms des acteurs qui concoururent à la représentation de Psyché, et dont on n'aura pas occasion de parler ailleurs: Mlle BIET était probablement parente de l'acteur de province qui débuta à Paris en 1692, pour remplacer Baron; Mme DORIMONT, actrice de province. débuta à Paris en 1660 avec son mari, fondateur du théâtre de Mademoiselle; Mile FLEURY; Mlle GUYOT, actrice de province avant 1673, époque à laquelle elle débuta à Paris; Mlle LALANDE; LE NOIR, camarade de Jodelet et de l'Epi en 1633, et qui sans doute aura passé en province, puisque depuis lors on n'en a plus reparlé; LEVERT; ROSIDOR, acteur de province, qui vint à Paris en 1691, avec la prétention de remplacer Baron, et qui ne fut pas admis; Mme ROSIDOR; SAMAISE; SAINT-DIDIER; SAINTE-MARTHE; SCANIN; SINIANIS; LA-THUillerie, acteur de province, qui vint débuter à Paris en 1672; VALLÉE, probablement parent de l'actrice du théâtre du Marais; VILLE. En ajoutant à cette liste les noms des acteurs qui sont signalés dans cet ouvrage, comme s'étant trouvés avec Molière à Rouen en 1658, on aura la composition de la troupe qu'il dirigeait dans cette ville; on verra qu'elle renfermait au moins quarante-deux personnes, y compris Mme Debrie, qui ne jouait pas dans Psyché.

HUBERT (André), était élève de Molière et de sa troupe, en 1658, avant son arrivée à Paris. Il la quitta à cette époque, et lorsqu'en 1664 il y rentra pour remplacer Brécourt, il sortait du théâtre du Marais. Après la mort de Molière, à Pâques 1673, il fit partie de la troupe du théâtre Guénégaud, et fut conservé à la réunion du 25 août 1680. Retiré le 14 avril 1685; mort le 17 novembre 1700: il était marié, mais sa femme n'était point actrice.

En 1665, les mousquetaires, les gardes du corps, les gendarmes, les chevaux-légers de la maison du roi, qui jusqu'à cette époque étaient entrés gratis au théâtre, en forcèrent la porte l'épée à la main, parce que, suivant l'ordre du roi, on refusait de les laisser passer sans payer; ils tuèrent le concierge, et se mirent à chercher les acteurs pour leur faire subir le même traitement. Ce désordre fut arrêté par Béjart cadet qui, se trouvant habillé en vieillard, se présenta et dit: « Hé! messieurs, épargnez du moins un pauvre «vieillard de soixante-quinze ans qui n'a plus que quelques jours » à vivre. » Molière vint ensuite et l'ordre fut rétabli. Hubert et sa femme, dans la peur qu'ils eurent, avaient fait un trou dans le mur du Palais-Royal. Hubert voulut passer le premier; mais le trou n'étant pas assez grand, il ne passa que la tête et les épaules; en vain on le

tirait de dedans le Palais-Royal, le reste ne pouvait suivre ; et il criait comme un forcené, tant par le mal qu'il éprouvait que par la peur qu'il avait que quelque gendarme ne vînt lui donner un coup d'épée par derrière.

Hubert jouait dans la comédie les rôles de médecins, de marquis, de femmes ridicules et quelques rôles dans la tragédie, tels que: IPHITAS dans la Princesse d'Elide, à Versailles, le 8 mars 1664; ETÉOCLE dans la Thébaïde de Racine, 20 juin 1664; PIERROT dans le Festin de Pierre; CÉLIANTE dans Délie, 25 octobre 1665; TAXILE dans Alexandre de Racine, 12 décembre 1665; MADAME DE SOTENVILLE dans Georges Dandin, à Versailles, le 18 juillet 1668; MAÎTRE JACQUES dans l'Avare; DAMIS le 5 février 1669, puis MADAME PERNELLE, dans le Tartufe; LUCETTE dans Monsieur de Pourceaugnac, à Chambord, le 6 octobre 1669; ANAXARQUE dans les Amants magnifiques, à Saint-Germain-en-Laye, le 7 septembre 1670; MADAME JOURDAIN dans le Bourgeois gentilhomme, à Chambord, le 14 octobre 1670; FLAVIAN dans Bérénice de P. Corneille, 28 novembre 1670; CLEOMÈNE dans Psyché, aux Tuileries, en janvier 1671; ARGANTE dans les Fourberies de Scapin; MONSIEUR THIBAUDIER dans la Comtesse d'Escarbagnas, à Saint-Germain-en-Laye, le 2 décembre 1671; PHILAMINTE le 11 mars 1672, et, après 1673, BELISE et ARISTE dans les Femmes savantes; LE VICOMTE dans l'Inconnu de T. Corneille, 17 novembre 1675; LE CAPITAINE dans le Triomphe des Dames, 7 août 1676; MADAME JOBIN dans la Devineresse, 19 novembre 1679; OSMAR dans Zaïde, le 26 janvier 1681.

JODELET (Julien GEOFFRIN, dit), débuta au théâtre du Marais en 1610. En décembre 1634, il passa à l'hôtel de Bourgogne par ordre du roi, où il jouait encore en 1655, et, suivant Tallemant des Réaux, en 1656, quand parut Timocrate. Comme il figure dans les dessins de la pièce de Psyché, dont il a été parlé à l'article de Mme Hervé, il est probable qu'après 1655 ou 1656, il aura été jouer en province dans la troupe de Ducroisy, et qu'à la dissolution de cette troupe, en novembre 1658, il sera rentré au théâtre du Marais. A Pâques 1659, il passa dans la troupe de Molière, venant de ce dernier théâtre. Mort le vendredi-saint, 26 mars 1660, appartenant encore au théâtre et inhumé à Saint-Germain-l'Auxerrois. Il était marié ; son fils, Claude Geoffrin, fut un célèbre prédicateur connu sous le nom de dom Jérôme.

Jodelet jouait les rôles comiques, principalement les valets, tels

« 이전계속 »