ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

l'embarras d'opter entre deux dates différentes, entre deux opinions opposées, pour lesquelles chacun croit donner des preuves de ce qu'il avance. En pareil cas toutes les opinions devraient être citées, en critiquant celles qui semblent erronées; comme l'a fait M. J. Taschereau (Histoire de la vie et des ouvrages de Molière), qui produit presque toujours les preuves à l'appui de ce qu'il rapporte; mais, pour l'imiter, il aurait fallu entrer dans de fort longues discussions, qui, du reste, n'eussent abouti qu'à peu de chose quand un fait est incertain, il reste toujours tel, même en remontant aux documents primitifs, ce qui n'est pas toujours possible, tant s'en faut! seulement la discussion aiderait le lecteur à se former une opinion suivant sa manière de voir.

Enfin, pour développer tous les points litigieux, il aurait fallu tripler, peut-être, le volume de l'ouvrage, et alors sortir du projet que nous avions formé, de renfermer dans une brochure une histoire concise et détaillée. En conséquence, à l'égard des faits douteux, nous avons énoncé tout simplement ce qui nous paraissait le plus probable, sans citer les auteurs où nous puisions, et sans motiver notre avis; sauf pour quelques faits qui semblaient mériter d'être discutés, ou dont nous craignions d'accepter la responsabilité.

Notre cabinet renferme plus de soixante mille portraits d'acteurs, d'auteurs dramatiques ou de compositeurs, qui ont été achetés, presque toujours, par lots de plusieurs centaines de dessins ou d'estampes. Dans des acquisitions de ce genre, il se trouve nécessairement des pièces de différent mérite; mais la longue étude que nous avons faite de notre collection, nous a mis, croyons-nous, à même de distinguer le bon du mauvais. En conséquence, nous profitons de la présente publication, pour indiquer le degré de confiance, plus ou moins grand, que l'on peut accorder à la ressemblance des modèles que nous avons fournis pour la Galerie historique des portraits des comédiens de la troupe de Molière. Ces modèles sont au nombre de vingt-cinq, et notre cabinet pouvait encore en donner pour

Baron, Debrie, Jodelet, Lagrange et Molière; mais l'auteur a préféré tirer les portraits de ces acteurs de différentes gravures anciennes.

Quand Molière fit jouer certaines comédies à la cour, il y introduisit des intermèdes de chants et de danses. Ces intermèdes étaient composés par J.-B. Lulli, exécutés par la troupe de l'Opéra; quelquefois le Roi daignait y figurer, et les grands personnages de sa cour s'empressaient de l'imiter; mais notre intention étant de nous occuper seulement de la troupe de Molière, nous nous abstiendrons de parler de ce qui ne lui appartenait pas.

Nous terminerons en faisant connaître qu'il existe des anciens portraits d'acteurs, indiqués comme ayant été de la troupe de Molière. A une partie de ces indications manuscrites, on ajoute que c'était de sa troupe en province; aux autres on ne dit rien. Ceux qui étaient de sa troupe en province sortant du plan de cet ouvrage, on s'abstiendra d'en parler. Quant à ceux pour lesquels on ne désigne pas l'époque à laquelle ils en faisaient partie, comme il pourrait s'en trouver parmi eux qui eussent joué sur son théâtre à Paris, nous allons en donner les noms, afin de venir en aide aux personnes qui voudraient faire de nouvelles recherches, ce sont: MM. BELLIER, BELONDE, BOUVART, MAZAS, NOUETTE, PERRIN, RIBOU et VALLART; Mme NICOLLE; Miles BRARD et MONNIER.

L'origine des portraits, des indications dont on vient de parler, n'est pas connue d'une manière indubitable; or, comme on peut arriver à imiter de vieilles peintures, de vieux dessins, d'anciennes écritures, et que l'on peut mettre de faux noms à des portraits, chacun regardera sans doute comme incertains les renseignements que nous venons de donner. Enfin, il en serait de même pour tous ceux que nous avons puisés à la même source, si nous ne mettions le lecteur en position d'apprécier le degré de confiance qu'il peut accorder aux conjectures de cette sorte. En conséquence, et à cet effet, nous allons faire connaître ce que nous en pensons nous-même.

Nous n'avons jamais acheté qu'avec défiance, surtout aux marchands, et seulement quand nous croyions reconnaître que l'on n'avait pas l'intention de nous tromper. Depuis que nous possédons cette collection, et il y a longtemps, le hasard nous a fourni de nombreuses occasions d'acquérir la certitude qu'une multitude de portraits, de costumes sont exacts; et il ne s'est pas présenté un seul cas où nous ayons pu reconnaître que notre cabinet renfermât quelque chose de faux sauf dans les détails de quelques notes manuscrites. Il est entendu que tout encore n'a pas pu être vérifié; néanmoins nous croyons que tout est bon, par suite du raisonnement que voici :

Par exemple, dans une collection de cent dessins, tous du même temps, du même genre et d'une même origine, si le hasard nous met à même de reconnaître l'exactitude de dix d'entre eux, nous ne doutons plus que les quatre-vingt-dix autres ne soient dans le même cas; parce qu'on ne pouvait pas prévoir, s'il l'on eût voulu nous tromper, quels seraient ceux que nous serions en position de vérifier; et que, s'il s'en fût trouvé de faux, vu le grand nombre des vérifications que nous avons pu faire, infailliblement le hasard nous en aurait fait rencontrer: or, comme nous l'avons dit, nous n'en avons jamais trouvé. Nous ne prétendons pas pour cela que tous les portraits soient bons et ressemblants; mais que tous ont été faits loyalement, avec l'intention de représenter véritablement les personnages que les écritures désignent: seulement, les artistes de talent ont bien réussi; les maladroits n'ont fait que de la mauvaise besogne. Du reste, il nous paraît certain que notre cabinet renferme beaucoup de copies; mais, pour les acteurs antérieurs à 1700, elles remontent, très-probablement, à plus d'un siècle. Ainsi les peintures, les dessins dont il s'agit, nous inspirent une grande confiance, qui, cependant, n'est pas illimitée.

[blocks in formation]
[graphic][merged small][merged small][merged small][merged small]
« ÀÌÀü°è¼Ó »