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fois plus gros; ainsi sa force ne suit pas sa grosseur. Cela ne peut venir que de ce qu'il est d'une substance quatre fois plus légère et moins dense que celle de la terre, comme la pierre est quatre fois plus légère que le cuivre. Le soleil et Jupiter n'ont que la densité de la pierre, le globe de la terre est une densité qui tient le milieu entre le marbre et le fer; et Saturne n'a que la densité du sapin.

CHAPITRE X.

Manière de mesurer la distance des planètes
à la terre.

Ce qui cause universellement le plus d'admiration avant qu'on ait appris l'astronomie, c'est la connoissance de la véritable distance ou de l'éloignement des planétes; on est surpris de nous entendre affirmer que la lune est à quatre-vingt-six mille lieues de nous; mais l'étonnement cessera dès qu'on aura senti les moyens que nous employons pour y parvenir.

Pour connoître l'éloignement d'une planėte, il suffit de savoir quelle différence on trouve en la regardant de différents endroits de la terre; car plus un objet est près de nous, plus il paroît changer de position quand on change de place pour le regarder. Quand nous montons, les objets paroissent descendre; quand nous sommes aux Tuileries, les arbres nous paroissent élevés; si nous allons au haut du bâtiment, ils nous paroissent

abaissés, parceque le rayon visuel, par lequel nous les voyons, s'incline où s'abaisse. à mesure que notre œil est plus haut. Cette différence, quand il s'agit des astres, s'appelle parallaxe, c'est-à-dire changement.

Ne craignons point de nous servir du terme de parallaxe, quoiqu'il paroisse trop scientifique; l'usage en sera commode, et ce terme explique un effet qui est bien familier et bien simple. Si l'on est au spectacle derrière une femme dont le chapeau soit trop grand et empêche de voir la scène, on se retire à droite ou à gauche, on s'élève ou l'on s'abaisse; tout cela est une parallaxe, une diversité d'aspect en vertu de laquelle le chapeau paroît répondre à un autre endroit du théâtre celui où sont les acteurs.

que

C'est ainsi qu'il y a une éclipse de soleil en Afrique, tandis qu'il n'y en a point à Paris, et que nous voyons parfaitement le soleil, parceque nous sommes assez haut pour que la lune ne puisse pas nous le cacher.

Supposons deux observateurs A et B (fig. 5), qui soient diametralement opposés sur la terre, c'est-à-dire aux antipodes l'un de l'au

tre, et qui aient observé la lune L en même temps; à leur retour, s'ils comparent leurs observations, ils trouveront que la lune paroissoit plus élevée de deux degrés pour l'un que pour l'autre, pourvu qu'ils aient tous deux rapporté la lune à la même étoile pour juger de sa situation.

Ainsi, d'après les observations, la largeur entière A B de la terre produit deux degrés de différence ou un angle A L B sur la position de la lune, c'est-à-dire que les rayons visuels des deux observateurs sont inclinés l'un à l'autre de deux degrés. Si on veut savoir ce qui en résulte pour l'éloignement de la lune, on n'a qu'à faire sur un carton un angle de deux degrés, c'est-à-dire, tirer deux lignes qui fassent entre elles un angle de deux degrés (fig. 1), on verra que l'écartement de ces lignes est par-tout la vingt-neuvième partie de leur longueur ou environ; d'où il suit que les deux rayons visuels qui, des deux extrémités de la terre, vont faire sur la lune un angle de deux degrés sont trente fois plus longs que leur écartement, qui est le diamètre de la terre; donc ce diamètre étant de

deux mille neuf cents lieues, l'éloignement de la lune est de quatre-vingt-quatre mille lieues environ.

la

La parallaxe peut même se reconnoître dans un seul endroit, en observant avec soin une planète quand elle se lève et quand elle se couche, et qu'elle est tout près d'une étoile. Pour le bien comprendre, il faut considérer que la parallaxe, qui abaisse toujours la planéte, produit cependant un résultat différent à l'orient et à l'occident; à l'orient, parallaxe fait paroître la planète plus orientale que l'étoile, et à l'occident elle la fait paroître plus occidentale; ainsi, la planète pároîtra s'écarter de l'étoile en deux sens différents; et si l'on observe avec grand soin cette différence du levant au couchant, dans le cours d'une même nuit, on reconnoîtra la quantité de la parallaxe, comme par les observations faites en deux pays éloignés; et l'on en conclura de même la distance de la planète.

Les passages de Vénus, observés en 1761 et 1769, nous ont procuré le moyen de déterminer exactement la distance du soleil à la terre, au moyen des grands voyages qu'on

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