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Nous voyons sept planètes autour du soleil, la terre est la troisième; elles tournent toutes les sept dans des orbites elliptiques; elles ont un mouvement de rotation comme la terre; elles ont comme elle des taches, des inégalités, des montagnes, et il y en a quatre qui ont des satellites, et la terre en est une; Jupiter est aplati comme la terre; enfin il n'y a pas un seul caractère visible de ressemblance qui ne s'observe réellement entre les planètes et la terre: est-il naturel de supposer que l'existence des êtres vivants et pensants soit restreinte à la terre? Sur quoi seroit fondé ce privilége, si ce n'est peut-être sur l'imagination superstitieuse et timide de ceux qui ne peuvent s'élever au-delà des objets de leurs sensations immédiates?

Aussi Buffon ne fait aucune difficulté de calculer l'époque à laquelle les planétes ont dû commencer d'être habitées, lorsque, après une longue incandescence, elles ont commencé à s'éteindre et à se refroidir; il trouve qu'il a fallu trente-quatre mille ans à la terre pour devenir habitable; qu'elle a pu l'être depuis quarante-un mille ans, et que dans quatre-vingt-treize mille le refroidissement

sera tel que

la terre congelée sera incapable d'entretenir aucune organisation ni aucune végétation.

Il n'en est pas de même, suivant Buffon, de Jupiter, qui, beaucoup plus gros que la terre, conserve aussi bien plus long-temps sa chaleur ; il ne commencera que dans trente-quatre mille ans à pouvoir être habité, mais il conservera une chaleur suffisante pendant trois cent soixante et quatorze mille ans.

Ceux qui sont accoutumés à regarder le soleil comme la cause de la chaleur que nous éprouvons sur la terre auront de la peine à concevoir ce refroidissement total; mais M. de Buffon, ainsi que Mairan, ont donné de fortes raisons pour croire que la chaleur de la terre vient du centre même de notre globe, et que celle du soleil n'est qu'une très petite partie de la chaleur que nous éprouvons, et dont nous avons besoin pour subsister. En effet, la chaleur du soleil pénétre si peu la terre que, dans les caves comme celles de l'Observatoire, on ne s'aperçoit pas de la chaleur de l'été ni du froid de l'hiver : le thermomètre y est toujours à 10 degrés.

Mais le système de la pluralité des mondes

ΤΟ

part d'un principe que d'autres philosophes n'admettent point; c'est que la terre a été faite pour être habitée, ou du moins que ses habitants en font la première utilité et le mérite principal; d'où la plupart des philosophes concluent que les planètes ne serviroient à rien si elles n'étoient pas habitées ; idée peut-être trop étroite et trop présomptucuse. Que sommes-nous, peut-on leur dire, en comparaison de l'univers? en connoissons-nous l'étendue, les propriétés, la destination, les rapports? et quelques atomes d'une si frêle existence peuvent-ils intéresser l'immensité de ce grand tout, ou ajouter quelque chose à la perfection, à la grandeur et au mérite de l'univers? Aussi d'Alembert, traitant cette question dans l'Encyclopédie, finit par dire: « On n'en sait rien. »

CHAPITRE XVI.

Du flux et du reflux de la mer.

La cause des marées étant purement astronomique, il est naturel d'en faire ici un article. Le flux et le reflux de la mer est un des phénomènes les plus frappants de l'attraction. Tous les jours, au passage de la lune par le méridien, ou quelque temps après, on voit les eaux de l'Océan s'élever sur nos rivages on a vu à Saint-Malo cette élévation aller jusqu'à cinquante pieds. Parvenues à cette hauteur, les eaux se retirent peu à peu; et environ six heures après leur plus grande élévation, elles sont à leur plus grand abaissement; après quoi elles remontent de nouveau lorsque la lune passe à la partie inférieure du méridien, en sorte que la haute mer et la basse mer, le flot et le jusant, s'observent deux fois le jour, et retardent chaque jour de quarante-huit minutes, plus ou moins, comme le passage de la lune au méridien.

Le second phénomène consiste en ce que les marées augmentent sensiblement au temps des nouvelles lunes et des pleines lunes, ou un jour et demi après, et l'augmentation est sur-tout très sensible quand la lune est plus près de la terre, et qu'elle attire avec plus de force.

Les corps terrestres solides sont bien attirés également par la lune; cependant ils ne changent pas de place, parcequ'une petite diminution de pesanteur ne suffit pas pour les déplacer; mais on sent que la lune, passant au méridien, peut soulever les eaux de la mer, et y faire comme une bosse ou une pointe.

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On a plus de peine à comprendre comment il s'en fait une du côté opposé; mais comme les eaux montent d'un côté, parcequ'elles sont attirées plus que la terre, elles montent de l'autre côté, ou plutôt elles restent en arrière, ce qui produit le même effet par rapport à nous que si elles s'élevoient. Supposons, par exemple, une espèce de déplacement de la terre, qui seroit de cinq pieds pour le centre, de sept pieds pour les eaux qui sont du côté du soleil, et de trois pieds

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