페이지 이미지
PDF
ePub

seulement pour celles qui lui sont opposées; je l'appelle déplacement relativement à l'état où seroit la terre avec les eaux, si tout étoit attiré avec la même force; alors les eaux paroîtront s'élever de deux pieds par rapport à la terre, soit d'un côté, soit de l'autre, c'est-àdire vers la lune et vers le côté qui lui est opposé.

Le soleil cause une partie de l'élévation des marées; voilà pourquoi elles sont plus grandes dans les nouvelles et les pleines lunes, parcequ'alors les deux astres attirent ensemble et produisent le même effet; mais quand la lune est en quartier, le soleil détruit environ un tiers de son effet. Par exemple, à Brest, les marées moyennes sont de 18 pieds 3 pouces dans le premier cas, et de 8 pieds pouces dans le second; ainsi le soleil produit 4 pieds 11 pouces de marée, et la lune 13 pieds 4 pouces.

5

Mais l'effet de la lune augmente de deux pieds et demi quand elle est le plus près de la terre, et diminue d'autant quand elle est à son plus grand éloignement; ce qui augmente quelquefois d'autant les grandes marées et diminue les petites. On a vu la marée

aller même jusqu'à vingt-trois pieds à Brest; mais alors c'est un effet du vent, qui déplace et transporte la masse totale des eaux d'environ un pied et demi plus haut ou plus bas que l'état naturel de la mer en temps calme. Comme le vent d'ouest est ordinairement très fort à la fin de mars et de septembre, les marées des équinoxes sont réputées les plus fortes de toutes en Europe.

Les circonstances locales produisent de grandes différences dans les marées : elles ne sont que de trois pieds dans les mers libres ; mais elles vont beaucoup plus haut, comme je l'ai dit, à Saint-Malo, parceque les eaux y sont retenues par un canal trop étroit, arrêtées dans un golfe, et réfléchies ou répercutées encore par les côtes d'Angleterre.

Des circonstances pareilles font que la pleine mer n'arrive pas dans le temps même où la lune est au plus haut du ciel ou le plus près de notre tête. Le frottement des côtes et du fond de la mer, la ténacité et l'adhérence des parties de l'eau, sont autant d'obstacles qui la retardent. Au cap de Bonne-Espérance, il faut deux heures et demie pour que la mer soit à son plus haut; sur les côtes de

1

Gascogne trois heures; à Saint-Paul de Léon en Bretagne quatre heures; à Saint-Malo six heures; au Havre-de-Grace neuf heures; à Boulogne onze heures; à Dunkerque et à l'embouchure de la Tamise, douze heures; en sorte que le jour de la nouvelle lune, la pleine mer qui devoit arriver à midi arrive à minuit, parcequ'il a fallu douze heures à l'Océan pour se répandre sur les côtes, pour franchir la Manche ou le détroit de Calais, et arriver à Dunkerque. Le flot fait environ vingt lieues par heure sur nos côtes.

Quand on a une fois l'heure de la pleine mer pour le jour de la nouvelle lune et de la pleine lune, il est facile de l'avoir pour tous les jours suivants, puisqu'on sait qu'elle retarde comme la lune de trois quarts d'heure par jour.

Les marées sont moins sensibles dans les petites mers, parceque le volume d'eau ne suffit pas pour en rassembler de loin une quantité qui soit remarquable. L'effet de la lune étant très petit sur chaque partie, il en faut une grande quantité pour que l'effet soit sensible. A Toulon, qui est sur la mer Méditerranée, il n'y a qu'environ un pied de ma

rée; elle arrive trois heures après le passage au méridien; mais pour peu que le vent soit fort, il produit des différences plus grandes que l'effet des marées, et les rend méconnoissables: aussi dit-on en général qu'il n'y a point de marée dans la mer Méditerranée. Cependant au fond du golfe Adriatique, où les eaux sont arrêtées et obligées de s'élever, on aperçoit très bien l'effet de la marée deux fois le jour, comme je l'ai raconté dans mon Voyage d'Italie, et dans mon grand Traité du flux et du reflux de la mer.

CHAPITRE XVII.

De l'explication des fables par le moyen des étoiles et du soleil.

C'est une chose bien propre à exciter la curiosité pour l'astronomie, que de voir l'usage qu'on en a fait chez tous les peuples du monde; ainsi nous croyons devoir en présenter ici une idée, en faisant voir que les religions païennes, et les fables les plus célébres, sont des allégories astronomiques, ainsi que l'a démontré Dupuis, de l'académie des inscriptions et belles-lettres.

L'origine des constellations paroît être relative à la vie des anciens pasteurs, et pour ainsi dire un calendrier rural de l'Égypte.

Il y a quatre constellations qui se lèvent au temps des moissons, et l'on y trouve en effet une jeune fille qui tient un épi, accompagnée de son père qui tient lui-même une faucille (le Bouvier), et qui est précédé d'un attelage de bœufs (la grande Ourse), et entre eux une gerbe de blé (la chevelure de Béré

« 이전계속 »