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fées & par des difcours oifeux, mais par le travail, par l'application, & fur-tout par la perfévérance.

J'ai pris la liberté quelquefois de repré fenter à Votre Majefté que la royauté n'eft pas un métier de fainéant; qu'elle confifte prefque toute en action; qu'il faut qu'un Roi faffe fes délices de fon devoir; que fon plaifir foit de regner; & qu'il fache que regner, c'eft tenir lui. même le timon de fon Etat, afin de le conduire avec vigueur, fageffe & justice.

Qui ne fait pas qu'il n'y a point d'honneur à porter un titre dont on ne fait point les fonctions? que c'eft en vain qu'on a acquis de belles connoiffances, fi on ne s'évertue de les réduire en pratique? qu'il eft inutile de fe propofer un grand modele, fi on ne l'imite effectivement? & qu'enfin il ne fert de rien de favoir par cœur toutes les maximes de la politique, fi on ne les applique à quelqu'ufage? Sans mentir, celui qui a des yeux & ne les veut point ouvrir, qui a des oreilles & qui ne veut point entendre, qui a des bras & ne fe met point en peine de les remuer, eft en pire état que n'est un aveugle, un fourd & un eftropié.

Je ne puis diffimuler, SIRE, la joie indicible que j'ai eue quelquefois, lorfque j'ai entendu de la bouche de Votre Majefté, qu'elle aimeroit mieux n'avoir

jamais porté couronne, que de ne pas gouverner elle-même, & de reflembler à ces Rois fainéans de la premiere race, qui, comme difent tous nos Hiftoriens, në fervoient que d'idoles à leurs Maires du Palais, & qui n'ont eu de nom que pour marquer les années dans la chronologie.

Mais c'eft affez, pour faire connoître à la France combien Votre Majefté condamne ce léthargique affoupiffement, de dire qu'elle veut maintenant imiter fon aïeul Henri le Grand, qui a été le plus actif & le plus laborieux de tous nos Rois, qui s'eft adonné avec plus de foin au maniement de fes affaires, & qui a chéri fon Etat & fon peuple avec plus d'affection & plus de tendreffe. N'est-ce pas déclarer que Votre Majefté a pris une ferme réfolution de mettre la main à l'œuvre; de connoître le dedans & le dehors de fon Royaume; de préfider dans fes Confeils; d'y donner le mouvement. & le poids aux réfolutions; d'avoir toujours l'œil fur fes finances, pour s'en faire. rendre un compte net, exact & fidele ; de foulager fon pauvre peuple; de diftribuer les graces & les récompenfes à ses créatures qui en feront dignes; enfin de jouir pleinement de fon autorité? C'eft ainfi que faifoit l'incomparable Henri, que nous allons voir regner, non-feulement en France par le droit du fang, mais

encore fur toute l'Europe, par l'eftime de fa vertu.

En effet, depuis la naiffance de la Monarchie Françoife, l'Hiftoire ne nous fournit point de regne plus mémorable par de grands événemens, plus rempli des merveilles de l'affiftance divine, plus glorieux pour le Prince, & plus heureux pour les peuples que le fien : & c'eft fans flatterie & fans envie que tout l'univers lui a donné le furnom de GRAND, non pas tant pour la grandeur de fes victoires, comparables toutefois à celles d'Alexandre & de Pompée, que pour la grandeur de fon ame & de fon courage; car il ne plia jamais, ni fous les infultes de la fortune, ni fous les traverfes de fes ennemis, ni fous les reffentimens de la vengeance, ni fous les artifices des favoris & des Miniftres; il demeura toujours en même affiette, toujours maître de foimême; en un mot, toujours Roi & Souverain, fans reconnoître d'autres fupérieurs que Dieu, la juftice & la raison.

D.

Nous allons donc faire l'hiftoire de fa vie, & nous la diviferons en trois parties principales.

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fée en tro

parties.

La premiere contiendra ce qui s'eft paffé depuis fa naiffance, jufqu'à ce qu'il La premiere foit parvenu à la couronne de France.

La feconde.

La troifiéme.

Sa Généa

logie.

Qui éroit

La feconde dira ce qu'il fit depuis qu'il y fut parvenu jufqu'à la paix de Vervin. Et la troifiéme racontera fes actions depuis la paix de Vervin, jusqu'au jour malheureux de fa mort.

Mais avant tout cela, il faut dire briévement quelque chose de sa Généalogie.

Il étoit fils d'Antoine de Bourbon, duc de Vendôme & roi de Navarre, & de Jeanne d'Albret, qui étoit héritiere de ce Royame-là.

Antoine defcendoit en ligne directe Antoine de & mafculine, de Robert, comte de Pourbon fon Clermont, cinquiéme fils du roi Saint Louis.

fere.

Ce Robert époufa Béatrix, fille & héritiere de Jean de Bourgogne, baron de Bourbon de par fa femme Agnès, à cause de quoi Robert prit le nom de Bourbon, non pas toutefois les armes, mais il retint celles de France.

le

Cette fage précaution a beaucoup fervi à fes defcendans pour fe maintenir dans rang de Princes du Sang, qui peut-être fe fût perdu, s'ils n'en euffent pas ufé de la forte. D'ailleurs, la vertu, qui a toujours donné de l'éclat à leurs actions, le bon ménage & l'économie qu'ils ont apportée à conferver leurs biens & à les augmenter, les grandes alliances dont ils ont été fort foigneux, n'ayant jamais voulu

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mêler leur noble fang parmi du sang vul-
gaire, & fur-tout leur rare piété envers
Dieu, & la bonté finguliere dont ils ont
ufé envers leurs inférieurs, les ont con-
fervés, & même relevés par-deffus les
Princes des branches aînées. De forte que
les peuples les voyant toujours hautement
alliés, toujours riches, puiffans & fages,
en un mot, dignes de commander, s'é-
toient imprimé dans l'efprit une certaine
perfuafion comme prophétique, que cette
maifon viendroit un jour à la couronne;
& elle de fon côté fembloit auffi avoir
conçu cette espérance, quoiqu'elle en fût
fort éloignée; car elle avoit pris pour
fon mot, ou devife, efpoir.

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de Bourbonen fieurs,entr'au produifit plutres celle de

Vendôme.

Entre les branches puînées qui font iffues de cette branche de Bourbon, la La branche plus confidérable & la plus illuftre a été celle de Vendôme. Elle portoit ce nom, parce qu'elle poffédoit cette grande Terre, qui lui étoit venue l'an 1364, par le mariage de Catherine de Vendôme, fœur & héritiere de Bouchard, dernier comte de Vendôme, avec Jean de Bourbon, comte de la Marche. Pour lors elle n'étoit que comté; mais elle fut depuis érigée en duché par le Roi François premier, l'an 1515, en faveur de Charles, qui étoit deux fois arriere-fils de Jean, & pere d'Antoine. Ce Charles eut Charles, duc fept enfans måles, Louis, Antoine, Fran- deVendôme, Αν

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