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DAMON.

Vous vous moèquez de moi.

LA COMTESSE.

Non, mon frere, il le faut;

Très-ferieufement fous cet habit propice J'attens, & vous pouvez me rendre un grand fervice.

DAMON.

Mais ne le puis-je pas fans ce déguisement ?

LA COMTESSE.

Il est effentiel au projet que je forme
C'est un plaifir enfin que j'exige de vous.

Crifpin, un moment laiffez-nous.
Crispin fort.

SCENE V.

DAMON, LA COMTESSE.

DAMON.

SOngez donc que je fuis d'une fatigue énorme;

LA COMTESSE.

Le triomphe éclatant qui vous en reviendra,
Vous paîra de la peine, & vous délassera :
Je dis plus, c'est une victoire

Digne de vos appas, & qui manque à leur gloire: Mon difcours vous en convaincra.

DAMON.

Quel est donc ce projet que je ne puis compren

dre?

LA COMTESSE.

En deux mots je vais vous l'apprendre à Le Marquis en ce lieu doit fe rendre aujourd'hui. DAMON.

Oui, je fçai qu'on l'attend pour votre mariage.
LA COMTESSE.

Il ne me connoît pas ; il s'agit devant lui,
De jouer bien mon perfonnage;
Et de paffer pour moi fous cette robe là.

DAMON.

L'étrange deffein que voilà!

Jamais rien de fi fou n'entra dans une tête.
LA COMTESSE.

Il doit par là vous plaire. Il est très-fage au fonds.

DAMON.

Qui vous porte à celà ? parlez :

On dit

que

LA COMTESSE.

J'ai mes raifons.

C'est un caprice, une folie.

le Marquis eft un aimable, un beau

Je veux moi qui ne fuis tout au plus que jolie,

COMED I E

Je veux voir, admirer fa perfonne accomplie,
En fimple fpectatrice, & dans l'incognito,
Comme on admire un excellent tableau:

DAMON.

Ah! vous voilà vous autres femmes :

Le nom de beau vous révolte d'abord,
Jette l'allarme dans vos ames:

LA COMTESSE.

Mais, Monfieur, dans le fonds avons nous fi grand

tort ?

Sied-il aux hommes.......

DAMON.

Non, j'en demeure d'accord; C'eft ufurper vos droits, mes dames,

Et c'eft vous attaquer par votre foible.

LA COMTESSE.

Ou notre fort:

Ne penfez pas railler fur ce Chapitre;

Rien n'eft plus révoltant que l'air & le maintien,

Plus mince que l'efprit, plus fot

que l'entretien,

De ces beaux par état, de ces charmans en titre; Et c'eft à les définir bien

C'est un être équivoque, une efpere amphibie

Qui vole notre fexe, & qui mafque le sien.
De tous deux a la fois, ah! qu'il mérite bien
La jufte averfion, la vive raillerie !...

Je vous dirai qu'en mon particulier
Je les honore, moi, d'un mépris fingulier,
Et d'une forte antipathie :

Que j'aurois de plaifir à les hu pilier!
DAMON.

Bon! ma fœur, jalousie, entre vous de metier.
Il ne faut pas qu'ici je vous le diffimule,

La beauté...

LA COMTESSE.

La beauté! vous devez la cacher; Il n'appartient qu'à nous de l'afficher Chez nous c'est un état, chez vous un ridicule. DAMON.

Vous nous jettez dans l'embarras;

Quand un homme eft né beau, voulez-vous,

pour vous plaire,

Qu'il défigure fes

Qu'il aille......

appast

LA COMTESSE.

Non, je veux, mon frere,

Qu'il les ignore, ou n'en faffe aucun cas.

DAMON.

Le Marquis, j'en fuis fûr, eft de ce caractere.
LA COMTESSE.

Voilà ce que je veux fçavoir, 201
Par le moyen dont je vous prie;

3

Pour prélude du bal qu'on prépare ce foir,
Je vais me déguiser, fans être traveftie.
DAMON.

Mais, moi, je le ferai d'une façon....
LA COMTESSE.

DAMON.

Quel rôle ferez vous?

LA COMTESSE.

Mais celui d'une amie.

Jolie.

En badinant, peut-être, que fçait-on

Il pourroit arriver......

DAMON.

Ah! ma four, vifion!

Extravagance pure! & changez de pensée;
Vous voilà bien embarraffée

Pour choisir un époux, faut-il tant de façon ?
Voyez d'abord celui qu'on vous propose,
Et fi fon air vous indispose,

Sans un plus long détour, & fans autre examen,
Imirez mon exemple & rompez votre Hymen :
Vous fçavez qu'on vouloit me donner une femme
Jeune à la vérité, mais laide à faire peur ;
A fon premier afpect je reculai d'horreur,
Et je lui dis, bon foir, Madame

Je ne ferai jamais que votre ferviteur.

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