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De battre la retraite, intrépide Héros.

FINETTE.

La valeur d'un Huffard eft de fuir à propos;

CRISPIN.

Et celle des Crifpins, dont j'ai suivi la trace, Eft toujours de fermer les chemins aux Huffards! Je ne leur fais aucune grace,

Et je tombe fur les fuyards;

Avec ce fier courage, & cette noble audace,
Si naturelle à tous ceux de ma race.

FINETTE à

part.

Je fçai qu'il eft poltron, feignons d'avoir du cœur
Pour foutenir mon rôle, & pour lui faire peur.
A Crifpin, mettant le fabre à la main.
Dans ma fuite toujours, malheur à qui m'arrête;
Garde-toi d'approcher, ne retiens plus mes pas,
Ou, par la mort, avec ce coutelas,
Je te ferai l'honneur de te trancher la tête.
CRISPIN..

Ma tête me fied bien, & nous la défendrons ;
Mais, croyez-moi plûtôt, enfemble compofons.
Par un feul mot, daignez me fatisfaire
Sur une queftion que je m'en vais vous faire.

FINETTE.

Je n'écoute jamais qu'après m'être battu.

CRISPIN.

CRISPIN.

Et moi, je ne me bats, qu'après être entendu.
Seigneur Zafki votre fierté m'étonne

Et fi vous êtes brave, autant que l'eft votre air, Non, vous n'êtes plus la perfonne

Pour qui d'abord je vous prenois.

Vous en avez pour tant la voix comme les traits. Auriez-vous une fœur ?

FINETTE.

Non, je fuis fils unique.
CRISPIN.

J'aurois en ce cas là regret de vous tuer;
Et ce difcours me laiffe fans réplique.
Je ne fçai plus comment vous bien évaluer."
Le Marquis appelle dans la couliffe.

Zaski!

CRIS PIN.

L'on vous appelle, & nous nous retirons.

Nous obfervons en tout l'exacte bienséance. Adieu, Huffard charmant; mais douteux dans le fonds;

Je n'ai fait avec vous qu'ébaucher connoiffance, Je me flatte dans peu que nous nous reverrons; Vous parlerez alors ou nous feraillerons.

Il fort.

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JE te cherche par tout, & ma joye est parfaite.

Je viens l'épancher dans ton fein;

Tu ne dois plus être inquiete.

Tout a favorifé mes vœux & mon deffein:
Eh bien une autre fois m'en croiras tu, Finette?
Tu vois qu'ils ont un fuccès plein.

Dis, parle, comme moi n'es tu pas fatisfaite,
De la reception qu'ici l'on nous a faite ?
Ma rivale eft fur-tout dans une bonne foi,

Qui me ravit autant qu'elle m'étonne :

Elle m'époufera fans peine, je le voi;

Elle a déja du goût pour ma perfonne ;
Mais dans le fonds la chose est trop bou

fonne.

Partage mes tranfports, & ris-en comme moi.

FINETTE.

Je ne fcaurois. Crifpin, puisqu'il faut vous l'ap

prendre....

LAURE.

Finette, rens auffi justice à mes talens. Conviens, avoue en même tems yeux bien plus fins auroient pû s'y mé

Que des

prendre.

N'ai-je pas

bien joué le rôle de Marquis ? Attrapé tous ces airs difficiles à prendre,

Penchés avec aifance, & décemment hardis?
FINETTE.

Moi, j'ai fait le Huffard au mieux, dont bien m'a

pris;

Sans quoi Crifpin qui me foupçonne...

LAURE.

Laiffe-là ton Crispin.

FINETT E.

Le péril me talonne.

LAURF.

Pour trois heures de tems que nous ferons ici, Ne va pas dans l'efprit, te mettre ce souci, Parlons uniquement de ce qui m'intereffe.

Tu viens de voir cette Comteffe

Dont la beauté fait du bruit à Paris,
Mérite t'elle cette gloire ?

Et complaifance à part, là, qu'en penfes tu, dis

Est-elle digne, à tọn avis,

D'obtenir fur moi la victoire?

Sans vouloir trop m'en faire accroire,
Ni trop rabaiffer fes appas
Entre nous, ne la vaux-je pas ?

Lui fais-je aucun tort?

FINETTE.

Quelle idée !

Far la comparaison vous êtes dégradée.
Sentez mieux tout le prix de ce que vous valez,
Charmante Laure, en vous vous raf

femblez,

Ce qui ne fe réunit guere,

Les graces, l'agrément & l'exacte beauté.
Vous joignez la douceur à la vivacité,
Et fans l'étudier, vous fçavez l'art de plaire.

LAURE.

Tu me flattes au fonds, mais tu me fais plaisir ; FINETT E.

On a beau vous flatter, on ne fçauroit mentir. A l'égard de votre rivale,

En ridicule il n'eft rien qui l'égale;

Elle fe met d'un goût, oh! qui n'eft pas commun.
Comme elle fe préfente! & quel falut grotesque !
Son air eft emprunté, fa taille gigantefque,
Son visage en un mot comme on n en voit aucun.
LAURE.

Il n'eft pas tout-à-fait fi dépourvû de grace.

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