COMEDIE: 63 Et que j'entende ici de votre bouche même Ces mots charmans, oui, Marquis, je vous aime. DAMON. Non, je vous prie à ce fujet, Qui peut vous obliger?.... DAMON. Une raifon très-fage. Je fens que vous allez m'arracher mon fecret; Achevez. LAURE. Vous m'enchantez par ce langage; DAMON. 1 Je vais donc.... Mais on vient, c'eff Hortenfe. LAURE à part. Pour le coup de bon cœur je maudis fa présence, SCENE V. LAURE, DAMON, LA COMTESSE. LA COMTESSEà Laure. quis; Non, reftez, Monfieur le Mar . Dans les termes où vous en êtes, L'attitude n'a rien qui ne foit très- permis ; Mais peut-être vos cœurs ont des chofes fecrettes Dont ils veulent s'entretenir, Je me retire. DAMON. Non, vous me ferez plaifir De demeurer, Mademoiselle, Monfieur eft avec moi refpectueux, poli, Mais trop paffionné. LA COMTESSE. Pour refpectueux, oui. Sa posture en étoit une preuve fidelle. S'il demandoit, c'étoit en fuppliant. LAURE. Près de l'objet aimé, doit-on être autrement? LA COMTESSE, LA COMTESSE. L'objet aimé déja! voilà ce qu'on appelle N'ait pas le fort des ardeurs violentes; Que l'on ne voit jamais durables ni conftantes. LAURE. Elle en fera l'exception, J'efpere un jour d'en convaincre Madame. EH Elle fort. SCENE VI. DAMON, LA COMTESSE. DAMON. H bien, de tout ceci, que penfez-vous dans l'ame? N'êtes vous pas fatisfaite à préfent? N'a pas de ses transports caché la violence; LA COMTESSE. Il eft forti bien brufquement. E DAMON. Oh! vous êtes piquée. Au moins en confidence Que foit mérite en lui, foit foibleffe chez moi, Je me défendois mal, & malgré ma vertu, Mon fecret m'échapoit, quand vous avez paru. Ce Marquis, felon vous, eft donc bien redoutable? DAMON. L'effet de ma beauté n'eft pas moins formidable : J'étois bien convaincu que j'étois très-aimable, Finiffez la plaifanterie. DAMON. Il faut avouer entre nous, Que la condition d'une femme jolie i Eft un amusement, eft un métier bien doux. D'un Cavalier bien fait, l'hommage nous réveille Et fon langage féducteur En même tems flatte l'oreille, Charme l'efprit, intéreffe le cœur. LA COMTESSE. Mon frere, ce jargon ne plaît qu'à des Coquettes Eft au-deffus d'une attaque femblable, Je vous plains en ce cas, votre état est terrible. De résister, pour peu qu'on ait le cœur sensible, Aux fleurettes d'un homme aimable, vif, preffant! Le combat d'un feul jour me paroît étonnant, Et la victoire à la longue impoffible. Tout badinage à part, le Marquis eft charmant Par les qualités de fon ame, Plus que par fa beauté, que par fon agrément : Il eft rempli d'honneur, d'efprit, de fentiment, Il a tout ce qui peut rendre heureuse une femme, |