페이지 이미지
PDF
ePub

Vous n'avez rien de mieux à faire.

LA COMTESSE.

Quoique de vos confeils, je faffe très-grand cas;

Voilà celui que je ne fuivrai

pas,

C'eft à quoi, fans retour, je fuis bien résoluë. DAM,ON.

Un refus fi bizarre eft pour moi tout nouveau ; Encore un coup, ma Sœur,ouvrez la vûë,

Voyez le Marquis dans fon beau,

Ou plûtôt dans fon vrai. Sans flatter le Tableau, Trouverez-vous jamais un époux qui l'aproche ? LA COMTESSE.

Pour lui trêve d'éloge, & pour moi de reproche : On voit que le Marquis vous a dit des douceurs, Vous l'en payez toujours par quelques traits flat

teurs;

Et vous avez l'ame reconnoiffante.
DAMON.

Vôtre feul intérêt m'oblige à le louer

Quand vous feriez fondée à me défavouer,

Qu'il n'auroit pas les vertus que je vante,

Vous êtes malgré vous forcée à l'épouser
Dans ce jour folemnel, dans cette heure preffante,
Où tout pour votre hymen vient de fe difpofer:
Vous ne pouvez le refuser,

Sans percer, d'un trait effroïable,

Mon Oncle, qui s'en fait un honheur des plus

grands;

Sans vous donner en même tems

Un ridicule épouvantable.

LA COMTESSE.

Je préfére, Monfieur, tout pesé mûrement,
Le ridicule d'un moment

Au malheur de toute la vie.

Mais pour trancher d'un mot un propos qui m'en

nuie,

Je ne ferai jamais la femme du Marquis,
Trop d'oppofition regne dans nos efprits:
Et fi votre Sœur vous eft chere

Elle vous fait une priere;
Voyez fans attendre plus tard,

>

Voyez mon Oncle de ma part, Dites-lui qu'un dégoût invincible me porte...

DAMON.

Non, non, je ne me charge point
D'un ambaffade de la forte.

LA COMTESSE.

[ocr errors]

Au plaifir que j'attens, l'amitié vous exhorte; Mon Frere, qui plus eft votre intérêt s'y joint, Vous en avez une raifon très-forte.

DAMON.

Non,je n'en ferai rien, vous vous mocquez de nous.

LA COMTESSE.

Ma bonté qui vous le confeille S'offre à vous rendre la pareille, Expliquez-vous pour moi, je parlerai pour vous. DAMON.

Comment! pour moi! quel eft donc ce langage?

LA COMTESSE.

Oui, je m'exprime affez bien.

Je m'ouvrirai pour vous fur votre mariage
Vous vous expliquerez, vous, pour moi fur le mien.
DAMON.

Mon mariage, à moi! mais je n'y conçois rien;
Le vôtre apparemment vous a brouillé la tête.
LA COMTESSE.

Un nuage plûtôt vous offufque l'efprit;

Si vous n'en êtes pas inftruit,

Sçachez, avec le mien, que votre himen s'aprête, Mon Oncle à fon retour, lui-même me l'a dit. DAMON.

De quoi s'avife-t-il ! mais qu'elle eft donc la fem

me

Dont il veut m'honorer ?

LA COMTESSE.

C'est une belle Dame,

Fort riche, & dont les qualités

Ne doivent pas en vous trouver un cœur revêche,

Vous

Vous l'allez voir brillante arriver en calêche,
Et vos premiers regards en feront enchantés.

C'eft la Baronne.

DAMON.

Ah! Ciel mais je la croyois morte.

LA COMTESSE.

C

Songez qu'elle est charmante.

DAMON.

Eh fi,

Que le char qui l'amene, au plûtôt la remporte,
Et mon Oncle avec elle, & toute fon elcorte :
Il faut abfolument qu'il radote aujourd'hui.
Ah! qu'il garde plûtôt pour lui
Sa Cléopatre furannée;

Il a toûjours pour moi parfaitement choisi ;
Il vouloit me donner un monftre l'autre année
Il m'offre un fiecle celle-ci.

[blocks in formation]

Ciel comment me tirer de là? Mon fort eft dans ce jour d'une bifarrerie....

F

LA COMTESSE

J'en vois un moyen fur; mon frere, épousez-là.

DAMON.

Le plaifant confeil que voilà!

J'aimerois mieux refter fille toute ma vie.
LA COMTESSE.

Mais mon Oncle a promis pour vous, il le faudra;
Et vous l'affligeriez d'une étrange maniere.

DAMON.

Qu'il s'afflige tant qu'il voudra,
Je ne m'en embarrasse quere.

LA COMTESSE.

Ouvrez les yeux. Voyez la Baronne en son beau; Voyez fon opulence, & fes vertus fans nombre.

DAMON.

Le nombre de fes ans eft fon plus grand fardeau, Et fon éloge me rend fombre;

Hors de faifon vous badinez toûjours.

LA COMTESSE.

Je vous imite, & vous rend vos difcours.

DAMON.

Comme vous le pourrez, ma fœur, fortez d'intri

gue;

Pour moi que cet habit fatigue, Dans ma chambre au plûtôt je vais m'en dépouil

Jer,

« 이전계속 »