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Pour me mettre en état de chercher un azile.

LA COMTESSE.

Si vous prétendez fuir, ce foin eft inutile;
Mon Oncle qui veut vous parler

Dans votre appartement vous attend de pied ferme.

DAMON.

Cet homme eft pour le coup né pour me défoler:
Non il n'eft point d'expreffion, de terme
Qui puiffe rendre bien mon embarras nouveau,
Ni mon jufte dépit qui va jusqu'à la rage.

Je n'ai jamais fenti mieux l'avantage

Ni l'utilité d'un chapeau;

De cet habit gênant, connu mieux l'efclavage Qu'à présent que par lui je fuis pris au paffage; Sans vos caprices fous qui me l'ont fait garder, Je ne me verrois pas, morbleu, dans ces entra

ves,

Si capables d'intimider,

Et d'arrêter en tout l'audace des plus braves.

LA COMTESS E.

Si vous voulez m'aider, je pourrai.

DA MON.

...

Difcours vain!

Dans le malheur qui m'accompagne,

Mon unique telfource eft de charger Crispin

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De me trouver bien vîte un habit de campagne.
Dans le pavillón du jardin,

Adieu, je vais l'attendre, & cacher ma figure
Jufqu'au moment où je puiffe quitter
Cette impertinente parure,

Que j'ai trop lieu de détefter §

Monter vite à cheval, voler à tirer d'aîles,
Loin d'un lieu que j'abhorre, & chercher à Paris
Où me mettre à couvert des nœuds mal assortis,
Des fœurs
le bon fens trouve toujours rebelles,
Des' parens, des Oncles maudits,

que

Et des Baronnes éternelles.

Il fort.

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JE

SCENE II.

LA COMTESSE feule.

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E lui pardonne, & je ris qui plus est,

Du comique tranfport de fa vive icolere:

Son Hymen aujourd'hui n'a pas l'air de le faire,
Et fa fuite, du mien, peur déranger l'aprêt.

Le Marquis.... Mais je vois fon Hussard qui pa-
croît.

Ah! fuyons un objet dont je haïs la présence,

Tout ce qui tient à lui me choque & me déplaît, Et peut-être qu'ici ce valet le devance.

Elle fort.

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JE

E t'ai forcée enfin à rompre le filence; Fripone c'eft donc toi.... Mais fous de tels habit:. Dites-moi quel motif vous porte

A vous mettre, Madame, aux gages d'un Marquis.
FINETTE.

Une raifon auffi jufte que forte.
Ne raille pas à ce sujet.

CRISPIN.

Je n'ai garde. Un Marquis galant, jeune, & bien

fait,

Pour fon valet de chambre a pris dans fon voyage Une brune charmante, à peu près de fon âge. Belle matiere à rire ! il a fort bien choifi:

Par des filles toûjours un Maître est mieux servi; Je le vois qui paroît. Je lui cede la plaçe,

Et dans l'anti-chambre je paffe.

Dès qu'il fera parti,je reviens en ces lieux
Vous prier de vouloir me conter votre hiftoire;
Je crois que les détails en font très-curieux,
Et qu'ils font tous à votre gloire.

Il fort.

SCENE IV.

LAURE, FINETTE.

FINETTE.

CRifpin, Mademoiselle......

LAURE.

Et quoi toûjours ta peur.

FINETTE.

Eh, non non, ce n'eft plus une fauffe terreur ;
C'est une vérité. Crifpin m'a démafquée,
Et pour nier la chofe elle étoit trop marquée.

LAURE.

Tant pis, c'eft vraiment un malheur.

FINETT E.

Nous n'avons pas

de temps à perdre, fuyons vîte. Vous devez partager la frayeur qui m'agite.

LAURE.

Crispin est-il instruit de mon secret, dis ?

FINETT E.

Non.

Je mourrois mille fois plûtôt que de le dire ;
Rien n'a pû triompher de ma difcretion.

LAURE.

La chofe étant ainfi, Finette, je refpire.

Il m'attend.

FINETT E.

LAURE.

Vingt louis que tu vas lui donner,
Ralentiront fon ardeur curieufe:

Moi, je ne veux qu'une heure au plus pour termi

ner

Ici mon entreprise heureuse.

Du progrès que j'ai fait, j'ai lieu de m'étonner:
J'ai déja conduit la Comteffe

Au point où mon défir brûloit de la mener;
Et j'ai presque arraché l'aveu de fa tendreffe:
Non, je n'aurois jamais pû croire, pû penser
Qu'on fentît un attrait, fi vif dans fon efpece,
A toucher un objet que l'on veut offenser
Que la vengeance au fonds fût fi délicieuse,

Et que le goût qu'on trouve à l'exercer Eut prefque le piquant d'une flâme amoureuse.

FINETTE.

Quel goût peut-on avoir à converfer,

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