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dition qu'ils foient. D'ailleurs un Homme de Cour n'eft pas en bon François un fort honnête-homme: & ceux qui fçavent notre langue ne prétendent pas faire un éloge, quand ils difent de quelqu'un: C'est un homme de Cour. » Un » homme deCour eft un hom» me adroit, fouple; mais faux & artificieux; un hom» me qui contraint son hu» meur, qui dément ses paf

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fions, qui agit & parle con» tre fes fentimens : ainfi le définiffent S, Evremont, le P. Bouhours, la Bruyere, &c. Or Gracien bien éloigné de fervir le vice, n'a pour but que de porter à la vertu ; mais à la vertu éclairée & pru

dente, qui ne foit point la duppe de l'impofture, ni de la furprise. Mais quand par un abus de termes depuis long-tems établis, on confondroit l'homme de Cour avec un homme de la Cour, on ne le trouveroit pas dans le titre de Gracien, plutôt que l'homme de Guerre en particulier, ou l'homme de Robbe, ou l'homme d'Affaires, ou l'homme d'Eglife, &c. Car la Prudence n'eft-elle pas également neceffaire dans ces divers Etats?

Je fuis d'accord avec M. Amelot pour ne pas intituler cet Ouvrage : Oracle Manuel & Art de prudence.Sans compter que ce titre n'est point

conforme à notre maniere d'annoncer un livre, il eft de la façon de Laftanosa, comme le font ceux des Maximes mêmes: & c'eft Gracien & non fon Editeur que nous devons fuivre, d'autant plus que celui-ci fubtilise souvent dans fes Titres, lefquels alors répondent mal aux fujets que traite l'Auteur. Il eft vrai que le travail de l'Editeur est loué par un Ecrivain Espagnol, qui le nomme: IngenioJo Aliño de Don Vincencio Juan de Laftanofa. Mais cet éloge ne change point la nature de la chofe; & nous nous en tenons à l'efprit même de Gracien. Ce font ici fes Maximes en général, ainsi que nous

appellons les Réflexions de la Rochefoucault, les Penfées de Pafcal, les Caracteres de la Bruyere, &c.

Mais pourquoi donner une nouvelle traduction de cet Ouvrage, vû que l'on r'imprime fans ceffe l'Homme de Cour; que la plûpart font accoutumez à s'en contenter, & qu'enfin la traduction d'Amelot n'eft pas assez ancienne pour devoir être furannée ? Je ne diffimule pas, comme on voit, les motifs qui pouvoient m'ôter jufqu'à la penfée de retraduire les Maximes. Cependant depuis plus de quinze ans que j'ai commencé d'étudier Gracien, j'ai lû tant de fois

Homme de Cour, fans jamais le bien entendre; je l'ai tant de fois comparé avec l'Original, qu'il ne m'a pas paru impoffible de le rendre plus clair que n'a fait M. Amelot. Outre les obfcurités affreufes de mon prédeceffeur, j'ai trouvé dans lui des contrefens étranges & des omiffions confiderables. En un mot, plus j'ai compris le caractere de mon Auteur par les lectures frequentes & meditées que j'en ai faites, & par les traductions que j'en ai données pour m'essayer fur celleci, moins je l'ai reconnu dans Homme de Cour. M. Amelot entreprenoit trop d'Ouvrages à la fois, & les travailloit

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