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Tout l'Orient eft prêt d'embraffer fa querelle.
Ah! fi feul & profcrit on vit fes attentats
Gendre d'Archélaus que ne fera-t-il pas ?
HERODE.

Ah ! l'ingrat... mais quoi manquant à ma promeffe, Pourrois-je de ces lieux renvoyer la Princeffe? Rompre tous les traitez qui me peuvent lier....

SALOME.

Vous-même à votre lit daignez l'affocier.

HERODE.

Moi! l'époufer, ô Ciel! que d'autres feux éprife,
Mon ame encor...

SALOME.

D'où peut naître cette furprife?

D'une illuftre alliance, Archélaüs jaloux,

Dans votre fils, Seigneur, n'envisageoit que vous.
Et quel est donc ce choix que votre cœur condamne ?
Vos yeux dans Glaphira retrouvent Mariamne;
De vos fombres chagrins, Seigneur, de vos terreurs,
Sa préfence a fouvent diffipé les horreurs ;

Vous éprouvez près d'elle un deftin moins funefte.
Le Ciel a commencé, Seigneur, faites le refte.
Que ces mêmes apprêts que l'on vient d'ordonner....
HERODE.

Ah! quel confeil, Madame, ofez-vous me donner?
Dans l'état où je fuis, eft-ce à moi qu'il s'adresse?
Cruelle, où voulez-vous amener ma tendresse ?
D'un coeur que fes malheurs n'ont que trop abbattus
Voulez-vous jufqu'au bout attaquer la vertu?
Détournez de mes yeux l'éclat de tant de charmes
Et laiffez-moi plûtôt m'abreuver de mes larmes
Jouir de ma douleur. Rome arbitre des Rois,
Vous ne l'ignorez point, a confirmé ce choix.
Elle attend leur hymen, la fortune ennemie,
Aux ordres du Sénat en efclave nous lie.
Dois-je le foulever, & manquant à ma foy

K

Prêter à Silleüs des raifons contre moi?
Non, c'eft trop écouter votre amitié cruelle;
Si j'en crois vos difcours, mon fils n'est qu'un rebelle..
Solime me trahit; vos foupçons dangereux

S'ils affurent mes jours, les rendent malheureux.
Qu'en fes reffentimens mon fils perfifte encore;
Qu'il trame des complots; que le peuple l'adore ;
Dût-il vanger fur moi le fang que j'ai versé
Je vais finir pour lui ce que j'ai commencé.

SCENE VII.

SALOME feule.

VA, je te connois mal, ou malgré l'apparence,

Ma haine doit fur toi fonder plus d'efperance. Ce foupçon dans ton cœur heureusement jetté, Fera tout le progrès dont le mien s'est flaté. De mes premiers efforts déja l'effet le touche; Mes yeux en lui parlant le trouvoient plus farouche; Le trouble s'élevoit dans fon cœur étonné, Alexandre eft profcrit, puifqu'il eft foupçonné. Ce n'eft pas tout encor; cette tendreffe extrême, Ou plûtôt cet amour qu'il fe cache à lui-même, Dont j'ai dû voir ici des fignes trop certains, Affure ma vengeance, & fert tous mes deffeins. Il faut par un foupçon facile à le furprendre, Auffi bien que le Roi tourmenter Alexandre, Que Philon qui me fert, par un fecond-avis Contre le pere encore aille animer le fils. Je fçai de quels foupçons fon amour eft capable, Et je ne doute point que ce coup ne l'accable, Et qu'au devant des traits que je vais lui porter, Lui-même en fes transports ne fe vienne jetter: Lui-même il va fervir le courroux qui l'opprime......

SCENE VIII.

SALOME, PHED IM E.

PHED IME.

N bruit court que Thirron a paru dans Solime,
Madame, & fon retour...

SALOM E.

!

Thirron que me dis-tu? Lui qui vit le Sénat protéger fa vertu, Et qui même depuis la mort de Mariamne Regarde ce Palais comme un féjour profane? L'avis eft important. Miniftre de vos Rois, Du fang Afmonéen feul il maintint les droits. Long-temps en déplora les fameufes difgraces. D'Alexandre fans doute il cherche ici les tracess Dans le zéle indifcret commun à fes pareils, Il va l'empoifonner de fes hardis confeils. Ah! prévenons l'effet de leur intelligence. Suis-moi, viens ; achevons ma gloire & ma vangeance.

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ACTE III

SCENE I.

THIRRON feul.

Rrête ici, Thirron. Alexandre en ces lieux,

An entrant chez le Roi, va s'offrir à tes yeux.
L'instant eft favorable au zéle qui me guide.
Palais, où de Juda la majesté réfide;
Séjour jadis fi faint, demeure de nos Rois,
Après quinze ans d'absence enfin je vous revois!
Je vous ay vir fouillez du meurtre d'une Reine,
Qu'immolérent ensemble & l'amour & la haine :
Maintenant vous m'offrez, après tant de regrets,
De l'hymen de fon fils les fuperbes apprêts!
Puiffe le Ciel pour lui prodiguant les miracles,
De l'espoir qui le flatte écarter les obftacles.
Rendre vains des foupçons dans mon ame tracez,
Que mon zéle peut-être a trop tôt embrassez.
Cher Prince, fi Thirron t'alla chercher dans Rome,
Lorfque dans le Sénat la haine de Salome,
Par de fecrets refforts continuant toûjours,
Par les mains de ton pere attentoit fur tes jours,
Juge avec quel transport une ardeur légitime
Dans ta gloire aujourd'hui te verroit dans Solime,
Heureux & triomphant !... mais qu'est-ce que je

voi ?

Salome ici s'avance, & fort de chez le Roi.

SCENE I I.

SALOME, THIRRON, PHEDIME.

SALOME.

Uoy! vous ici, Thirron! quelle caufe imprevûë Vous ramene en des lieux qui bleffoient votre vûë?

THIRRO N.

Je l'avouerai, Madame ; & ces auguftes lieux
N'ont pas toûjours parû les mêmes à mes yeux.
Je les ai vûs baignez & de fang & de larmes;
Mais un calme plus doux fuccede à tant d'alarmes
De l'innocence enfin Herode entend la voix;
Et fur lui la nature a repris tous fes droits.
Il va faire monter au rang de fes ancêtres
Le Fils de Mariamne, & le fang de fes maîtres.
D'un peuple qui l'adore il diffipe l'effroi,
Et moi-même à ce prix je reconnois mon Roi.
SALOM E.

Ainfi depuis long-temps à fon fort enchaînée,
Votre foi fe conduit felon fa deftinée?
Et le cœur de Thirronjufqu'ici combattu,
Fait des évenemens dépendre fa vertu?
De retour dans Solime, il laiffe voir encore
Quels maîtres il révére, & quel fang il adore?
Sa gloire ne permet aucun deffein couvert;
Et c'eft être perfide au moins à cœur ouvert.

THIRRO N.

Un tel nom, je l'avoue, excite ma furprife;
Et fur tout en ces lieux connu par ma franchise,
Jadis d'Hérode en moi le glorieux accueil,
Honora des vertus dont la Cour eft l'écueil.
Ennemi de tout temps de cette perfidie,
Au crime dans ces lieux par le crime enhardie,}

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