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Que du deftin pour moi balançant la rigueur,
L'hymen de Glaphira.

PHILON.

Que dites-vous, Seigneur! Ignorez-vous encor quel péril vous menace? ALEXANDRE.

J'ignore mes forfaits, & non point ma disgrace.
Malgré tousies apprêts d'un hymen, je le voi,
De nouveaux mouvemens s'élevent contre moi.
Sans doute vous fçavez quel orage s'apprête.
Vous p

:

s pouvez m'éclaircir, Philon ; qui vous arrête?
Parlez Antipater, appuyé dans ces lieux,
Vers la Princefle encor leveroit-il les yeux?
Croit-il me traverfer; & que Rome équitable ..
PHILON.

Vous avez un rival, Seigneur, plus redoutable.
Inftruit de fon amour, j'en ai pâli d'effroi.

ALEXANDRE.
Et quel autre rival ai-je à craindre ?

Mon pere?

PHILON.

Le Roi.

ALEXANDRE.

PHILON.

Qui, lui-même.

ALEXANDRE.

Ah! grand Dieu, le dirai-je ?

J'en rougis; les efforts d'une main facrilege,
Dont mon ame à jamais garde le fouvenir,
Ces attentats, l'effroi des fiécles à venir,
N'ont point encor jetté tant de trouble en mon ame
Ni porté jufques-là le courroux qui m'enflame!
Mille tranfports divers m'agitent à la fois,
Et d'un refpect facré balancent tous les droits.
Mais peut-être trop tôt je céde à mes allarmes,
Dans les embraffemens j'ai vu couler fes larmes:

Que dis-je ? cet amour par vos foins pénétré,
Eft de toute la Cour un fecret ignore:
Tout Solime pour moi benit l'amour d'un pere.
Quel temps a dévoilé ce funefte mystére?
Lui-même s'ofe-t'il avouer mon rival?
Parlez, Philon.

PHILON.

Honteux de fon trouble fatal, Il hâtoit votre hymen, combattoit fa tendresse. Mais Salome, Seigneur, a fenti fa foibleffe. Que n'a-t'elle point fait alors pour l'enflamer; Moins pour flatter fes feux que pour vous opprimer, Trop inftruite combien en lui l'amour entraine De troubles, de fureurs, de caprices, de haine, Et qu'au moindre foupçon dont fon cœur eft atteint, Implacable rival, il perd tout ce qu'il craint?

La cruelle!

ALEXANDRE.

PHILON.

Elle-même à fa fureur en proye,

Laifle voir quelques traits de fa perfide joye.
Votre hymen differé, fes apprêts fufpendus,
De fecrets mouvemens. . . .

ALEXANDRE.

Ah! je n'en doute plus, Ma honte eft déclarée, & mon malheur extrême....

Mais parlez

Glaphira....
PHILO N."

Seigneur, elle vous aime.
Mais en elle l'orgueil peut balancer l'amour ;
Et dans la pompe enfin, dans l'éclat de fa Cour,
Un grand Roi lui foumet fa gloire & fa tendreffe.
Vous connoiffez le cœur d'une jeune Princeffe.
ALEXANDRE..

Cher Philon, j'ai besoin de vos fages confeils.
Souvent tant de rigueurs ont laffé mes pareils.

Empêchez que ma gloire ici n'en foit ternie.
Vers le crime pour moi la route eft applanie;
Mon pere l'a tracée ; & les plus grands forfaits
Du fang qui m'a formé font de communs effets
De mon cœur embrafé l'espérance féduitė. ......
PHILON.

Dans ce péril, pour vous je ne vois que la fuite:
Contre tant d'ennemis, contre tant d'attentats,
Seigneur, la Capadoce eft ouverte à vos pas:
Archelaus fçaura venger votre infortune;
Pere de Glaphira la querelle eft commune:
C'eft vous, dans cet hymen que regardoit fon choix,
Qui du fang de Juda repréfentez les Rois:
C'eft l'appui du Senat qu'en vous il envisage:
Il fuffit qu'à Varus vous demandiez paffage:
Qu'une lettre remife en de fidelles mains,
Par lui de votre fuite informe les Romains;
Varus vous ouvrira fans doute la Syrie :
Près d'Augufte avec lui votre enfance nourrie,
A vû former des noeuds de mille foins fuivis.

ALEXANDRE.

Oui, Philon, c'en eft fait, j'embraffe vos avis.
Et que craindre? il s'agit de fervir ma tendreffe..
Je vais fuir, ou plûtôt enlever la Princeffe:
Ma gloire n'y confent que pour la conserver,
C'eft braver mon rival, & non pas me sauver.

PHILON.

Du départ à mes foins remettez la conduite.
Laiffez-moi partager le péril & la fuite.
Quel qu'en foit le fuccès heureux, ou malheureux.
ALEXANDRE.

'Allez ; je m'abandonne à vos foins genereux.
Magloire, mon amour, ma vertu, tout me preffe.
Je cours y difpofer Thirron, & la Princeffe:
Mais on ouvre, Philon ; c'eft elle que je voi.

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J'ai vu tomber ma gloire, & mon efpoir s'éteindre: Mais des rigueurs du fort je n'ai point à me plaindre, Si pour moi jufqu'au bout votre cœur généreux Daigne encor dans mes maux confentir à mes vœux. GLAPHIRA.

A mon amour, Seigneur, épargnez cet outrage. Doutez-vous que vos vœux n'entraînent mon fuffrage?

ALEXANDRE.
Hé bien, fans differer, allons, fuivez mes pas.
Venez, Archelaus nous ouvre fes Etats.

Je ne vois dans le trouble, où moname est réduite,
Pour fauver ma vertu, que la mort, ou la fuite.

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Et dans quel temps, Seigneur, éclatent vos regrets!
Ces gages d'un hymen, tous ces pompeux apprets,
Que d'Herode lui-même ordonne la tendrelle;
Ces offrandes, ces voeux que tout un peuple adreffe,
L'Univers attentif, le Sénat prévenu....

ALEXANDRE.

Ah Madame ! le Roi vous est-il bien connu?

GLAPHIR A.

J'en attefte du Ciel la fplendeur qui m'éclaire;
Je l'ai vu le livrant à tout l'amour d'un pere,
En laiffer éclater les plus vifs fentimens,
Tantôt parmi des pleurs mêlez d'embraffemens,

1

Dans l'efpoir qui me flatte encor plus raffurée
Quelle tendre amitié ne m'a-t'il point jurée?
Je vous l'avourai même avec quelque pudeur,
Il me fembloit fortir de fa fiere grandeur.

Vingt fois m'envisageant d'un regard moins farouche,
Le nom de Mariamne eft forti de fa bouche.

Non, jamais dans fes bras, par des tranfports plus,

doux,

Lui-même Archelaus....

ALEXANDRE.

Ah! que me dites-vous? Je ne m'étonne point que l'éclat de vos charmes Porte dans les efprits le trouble & les alarmes: Que d'un cœur agité fufpendant les erreurs, Par vous l'amour triomphe où regnoient les fureurs: Mais que prêt à jouir du bonheur que j'efpere, Je ne trouve à mes vœux d'obstacle que mon Qu'une ardeur....

GLAPHIRA.

pere;

Achevez, expliquez-vous, Seigneur,

Quels obftacles oppofe Herode.... quelle ardeur...^_ ALEXANDRE.

Hé quoi; vous l'ignorez lorfque tout la déclare! là qu'à mes yeux il s'eft rendu fi rare

C'est par

Que l'effet a trahi tous fes embrassemens;

Que ces lieux ont perdu ces triftes ornemens,
Par qui de fa douleur s'exprimoient les atteintes
Qu'on n'entend plus le Ciel retentir de ses plaintes;
Que de l'âge avec art réparant les débris,

Il déguife ce front chargé d'ans & d'ennuis.
Dans les divins appas dont vous êtes remplie

Il croit voir Mariamne...ou plûtôt il l'oublies A
Dans la clarté du jour, dans l'ombre de la nuit, 10
Une image plus douce & le frape & le fuit

GLAPHIRIA

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Ciel! j'ai pû me prêter aux transports de fon ame!

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