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SCENE III.

ANTIPATER feul.

Clel! que m'a-t-elle dit ? & que viens-je d'en

tendre ?

Quel eft l'affreux fecret que l'on vient de m'apprendre?
Moi-même en quels foupçons je commence d'entrer?
Le Roi l'aime ! & Salome auroit pû l'ignorer?
Non, elle te trompoit, quelqu'effort que tu fiffes.
Ah! ne connois-tu pas fes cruels artifices?

Qu'as-tu fait malheureux! par quels traits inhumains
Dans le fang de ton frere as-tu trempé les mains?
Le fuccès, il eft vrai, dans l'ardeur qui t'anime,
Pouvoit à l'Univers juftifier ton crime.

Quelquefois d'un forfait naiffent les plus faints droits,
Et le crime fe perd dans la gloire des Rois.
Mais quel fruit reçois-tu de ton intelligence?
Du moins en me perdant affurons ma vengeance;
Mais avant qu'éclater je veux être éclairci.
Diffimulons encor, on entre : la voici.

SCENE IV.

ANTIPATER, SALOM E.

ANTIPATER.

Adame, à vos efforts la fortune affervie,

au gré de votre envie.

Difparu dans Solime, auffi-tôt qu'arrivé,

Thirron n'eft plus à craindre, & vient d'être enlevé: Dans les murs refferrez d'une prison obfcure, Laiffons-lui de fon zéle exhaler le murmure.

Arbitre de fes jours.

...

SALOME.

Il eft entre nos mains;
Prince, & peut être encore utile à nos deffeins.
Du Palais cependant il faut garder les portes :
Prenez foin qu'Euriclés redouble fes cohortes,
Et que dans la fureur un vil peuple écarté
Ne trouble point ici ce que j'ai projetté.
En tumulte affemblé par un ordre fuprême

Le Confeil... Mais on vient. C'eft Hérode lui-même,
Prince, allez....

ANTIPATER.

Je conçois vos deffeins: il fuffit.

'Adieu, Madame.

SCENE V.

HERODE, SALOME.

HERODE.

HE bien, ma feeur, on me trahit!

Reconnoiffez les traits & la main d'un perfide;
Vous-même examinez la fureur qui le guide.
Cet écrit par Philon vient de m'être remis;

Lifez.

SALOME..

Je reconnois les traits de votre fils.
ALEXANDRE A VARUS.

Je pars. Une raifon fecrette
Auprès d'Archélaüs va conduire mes pas.
Vous pouvez jufqu'en fes Etats

M'ouvrir par la Syrie une fure retraite.
Rome quoi qu'il puiffe avenir

Ne peut laiffer pour moi fafaveur imparfaite :
Prenez foin de la prévenir.

Le peuple, en quelque état où mon deftin me jette,
Du fang de fes vrais Rois garde le fouvenir.

De fes vrais Rois! ô Ciel ! quelle eft donc fa pensée ?
Fils d'Hérode, quelle eft fa fureur insensée ?
Vous l'entendez, Seigneur, vous voyez quel parti...
HERODE.

Par mes exploits Juda vient d'être annéanti.
Dans le cours éclatant d'une guerre funefte
De fes maîtres Solime a vû périr le refte.
Ciel! arbitre des Rois, quel injufte pouvoir
Sous l'appas des grandeurs cherche à nous décevoir ?
Ettenant feul le nœud de tant d'intelligences,
Nous remet l'ordre affreux d'exercer les vengeances?
Forme à fon gré les droits qu'en nous il réunit,
Et malgré nous nous pouffe aux crimes qu'il punit?
J'ai fervi tes deffeins: ta juftice qui brille

Reprend pour m'en punir des traits dans ma famille ;
Et tournant contre moi tous les coups de ma main,
Contre un barbare époux arme un fils inhumain.
SALOM E.

Quoi! vous croyez, Seigneur, qu'une douleur fincere
Pourfuive dans ces lieux le trépas de fa mere?
Cette feinte douleur n'eft qu'un prétexte vain,
Qui lui met contre vous les armes à la main.
La nature bizarre en fa propre querelle
L'armeroit contre vous, en l'animant pour elle?
De l'intérêt du fang il pourroit s'occuper?
Non, non l'éclat du Trône a pû feul le fraper;
L'ambition l'irrite, & non point la tendreffe:
Mais vous ne fçavez pas le péril qui vous preffe.
HERODE.

Quoi donc ? & quel péril?

SALOME.

Son courroux enflâmé Laiffoit dans fa retraite un parti tout formé. J'ignore le fecret d'une telle entreprise:

Mais d'un trop jufte effroi vous me voyez éprise;
Des Princes de Juda miniftre impérieux,

Thirron, Seigneur, Thirron a paru dans ces lieux.
Vous fçavez pour ce fils le zéle qui l'anime.
HERODE.

Ciel! que me dites-vous ? Thirron eft dans Solime!
Lui qui d'un long exil s'eft impofé la loi?
Quoi, toujours la vertu s'armera contre moi?
SALOME.

De quel nom nommez-vous cette perfévérance,
A prendre contre vous une injufte défense?
De qui cherche à nourrir une fatale erreur,
La conftance eft revolte, & le zéle eft fureur.
Dans les flots englouti, le jeune Ariftobule
Par lui vit foulever un peuple trop crédule,
Qui fans l'appui d'Antoine alloit vous renverfer
D'un Trône où mille exploits venoient de vous placer.
Bientôt pour protéger le fang de Mariamne,
Suivi dans ce Palais d'une foule profane....
HERODE.

Hé bien, Madame, allons; ménageons les momens,
Vous-même de Thirron fuivez les mouvemens.
D'un fils qui me trahit la perte eftatoute prête:
Le Confeil affemblé me répond de la tête;
C'en eft fait, pour l'ingrat il n'eft plus de retour:
J'ai fenti dans mon cœur expirer mon amour.
Et toi, qui dans ton fein élevas fon enfance,
Rome, en vain tu voudrois embraffer fa défense:
Je vais te prévenir. En de tels intérêts

Il faut exécuter; on délibere après.

Roi, pere, maître enfin, n'en ai-je qu'un vain titre?
Rome de fes deftins ne fut que trop l'arbitre.
Ah! que fur Silléus tombe à fon gré fon choix,
Ton falut te devient le premier de tes droits.
Et qui fçait pour ce fils fi la faveur ouverte
Ne va point préparer fa puiffance & ma perte ?

Tout

Tout vers fon châtiment me porte avec ardeur,
Et j'ai d'Archélaüs mandé l'ambaffadeur.
Loin d'accomplir ici cette union qu'il preffe,,
Je vais entre fes mains remettre la Princeffe ::
Mais prêt à l'éloigner de ce fatal féjour,

Je puis me foulager, & révéler au jour

Un feu qui me confume, & que mon cœur condamne..
Oui, je fens que je l'aime. Entr'elle & Mariamne
Partagé tour à tour, ou plûtôt déchiré,

Brûlé de nouveaux feux, de douleur pénétré,,
Agité de remords, de defirs & de crainte,
Je fouffre fans efpoir, & j'aime avec contrainte..
N'irritons point du Ciel l'implacable rigueur ;
Si je vois Glaphira, je crains tout de mon cœur..
Sans doute l'on diroit qu'une main vengereffe.
Affaffine le fils pour ravir la maîtreffe.
Peut-être l'univers l'attend avec effroi,
Et le crime du moins en eft digne de moi..
Déja j'ai foulevé les nations entieres..........

SCENE

VL

HERODE, SALOME; ACHAS..

A CHA'S.

Seigneur, je viens fçavoir vos volontez dernieres

Le Confeil les attend, tout prêt à prononcer..
HERODE.

Et croit-il que mon coeur puiffe encor balancer?
que déliberant où le crime décide,

Et

Ma pitié dangereuse épargne un parricide?

Non, non, fes attentats ne font que trop certains-
Le Confeil a reçu mes ordres fouverains;
Contre ce fils ingrat c'eft à lui de les fuivre :
Afes arrêts fanglans ma juftice le livre;

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