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Et le fang en a dû rejaillir jusqu'à toi.
HERODE.

Perfide! crois-tu donc éviter ma vengeance?
SALOME.

Et toi, crois-tu mes jours encore en ta puissance?
Déja j'ai fait couler le poifon dans mon fein.
J'ai fçu qu'Antipater trahiffoit mon deffein :
Que parmi tant de maux, de troubles domestiques
Thirron t'a révélé mes complots, mes pratiques:
Par-là j'ai vû tomber mon efpoir, ton erreur;
Et fur mes attentats j'ai prévû ta fureur.

Tout un peuple d'ailleurs me poursuit à main forte
J'ai voulu me fouftraire à l'ardeur qui l'emporte.
Que te dirai-je enfin ? j'abusai de ta foi.

J'ai tout fait pour regner ; je n'ai rien fait pour toi.
J'ai joint le fang des tiens à mille autres victimes.
Par tes maux deformais ofe compter mes crimes.
Adieu. De tant d'horreurs fi j'ai rempli ton fort,
Je te laiffe du moins l'exemple de ma mort.

DERNIER E.

SCENE

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HEROD E.

ACHAS.

E

Lle expire... Mon fils va rejoindre fa mere! Moi feulje vis encore ! ô comble de misere ! O vengeance, où lançant d'inévitables coups, Le Ciel à fon pouvoir mefure fon courroux. Mais que vois-je ? le jour de tenebres fe couvre! Le ciel s'arme d'éclairs; & la terre s'entr'ouvre ! Quels funeftes objets ! fous quels affreux lambeaux; Quelle foule de morts fortent de leurs tombeaux? Quelle main vengereffe en ranime la cendre? Ariftobule, Hircan, Mariamne, Alexandre, Illuftres malheureux que ma rage a profcrits! Qu'entens-je! le Ciel gronde, & fe mêle à leurs cris

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HERODE TRAGEDIE.

Fuyons de tant d'objets l'épouvantable image!
Mais un fleuve de fang s'oppofe à mon paffage!
L'horreur regne partout, & dans ce vaste effroi,
La nature périt, ou s'arme contre moi.

Seigneur.....

NARBAL.

HERODE.

Narbal, c'eft toi! foit pitié, foit colére, Le Ciel permet encor que la raifon m'éclaire. Mais trop cruelle helas! que me fert fon effort, Qu'à jetter plus de jour dans l'horreur de mon fort? O toi, peuple infidelle à tes Rois légitimes, Et qui me couronnant, préparois tant de crimes, Complice des fureurs dont mon cœur fut épris, De tes funeftes dons je te garde le prix.

Viens, peuple ingrat, viens voir tes femmes défolées, Fuyant de toutes parts, pâles, échevelées.

Vois dans leurs bras fanglans tes fils à peine nez, Tous profcrits par mon ordre au glaive abandonnez.

Jufte Ciel!

ACHAS.

HERODE.

Tout à coup ma terreur fe redouble. Ce Palais difparu vient d'augmenter mon trouble. Où fommes-nous ? mais quoi! dans le fond de ces lieux ›

Mon fils fombre & penfif vient s'offrir à mes yeux !
Mariamne le fuit, & d'un fer homicide

Elle-même elle en vient d'armer la main perfide.
Non, non, cet appareil ne regarde que moi:
N'en doutons point: prends garde; ils viennent ; je
les voi.

Quels regards enflamez me lance leur colere?
'Arrête malheureux! c'eft le fang de ton pere:
Il eft facré pour toi ; n'en fouille point ton bras,
Et laiffe à ma fureur le foin de mon trépas.

Fin du cinquiéme

dernier Acte,

ANTIOCHUS,

OU

LES MACHABÉES,

TRAGEDIE.

A MONSIEUR

DE SACY,

DE

L'ACADEMIE FRANCOISE.

M

ONSIEUR;

Vous n'avez point ignoré les contefla tions qui fe font élevées fur quelques endroits de ma Tragedie. C'est à votre jugement que j'en appelle. J'ai crû devoir fubordonner à la Religion l'amour & la

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